Zouaves pontificaux du Canada
Les zouaves pontificaux constituaient une unité d’infanterie formée par des militaires volontaires français. Organisée en 1861 en Algérie et répondant au pape Pie-IX. (Les zouaves, c’étaient des unités d’infanterie appartenant à l’Armée d’Afrique de l’armée de terre française. Ces unités ont existé en France de 1830 à 1962).
Le pape a créé ce corps afin de résister aux Garibaldiens italiens qui combattaient pour l’unité de l’Italie. Les premiers zouaves pontificaux étaient issus du bataillon franco-belge qui avait pris part à la bataille de Castelfidardo en 1860. Par la suite, l’église a fait appel à des volontaires de tous pays. Ainsi des milliers de catholiques viennent se joindre au corps d’origine depuis la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et l’Italie.
Des centaines de Canadiens français se portent volontaires et s’enrôlent dans le régiment des zouaves pontificaux. Le 19 février 1868, 135 d’entre eux s’embarquent pour l’Italie, où ils combattent jusqu’en 1871. Au total, environ 430 Canadiens s’enrôlent dans l’unité. Pourtant seulement la moitié d’entre eux servent en Italie, les autres étant en réserve. Notons en passant que 20 mille spectateurs enthousiastes applaudirent leur départ. Soit un cinquième de la population totale de Montréal.
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La mission des zouaves consistait à protéger et à défendre les États pontificaux. Soit les territoires administrés par l’autorité papale et que l’Italie envisageait d’annexer. L’État pontifical le plus important était le royaume du Piémont. Les États pontificaux étaient aussi appelés États de l’Église. Ils se situaient pour la plupart dans la partie centrale de l’Italie et auraient été cédés au pape Sylvestre Ier par l’empereur de l’empire romain Constantin Ier, d’après le document de la Donation de Constantin. (La véracité de ce document a toujours été sujette à controverses. Certains sont d’avis que c’est la chancellerie pontificale qui l’aurait rédigé au VIIIe siècle).
Au départ des zouaves canadiens pour l’Italie, Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, prononce une messe en leur honneur et remet à chacun une médaille de saint Zénon.
Il semble qu’aucun zouave canadien n’ait été tué pendant les combats. Même si certains moururent de maladie et que d’autres reçurent des blessures. Après leur retour au Québec, ils reçurent un accueil triomphal, malgré la défaite cuisante des troupes papales. La foule qui accueillit les soldats rassemblait plus de 50 mille personnes.
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À partir de 1872, plusieurs zouaves s’établissent dans la municipalité de Piopolis, en Estrie, nommée ainsi en l’honneur du pape Pie-IX. Ces terres furent offertes par le gouvernement du Québec dans le cadre de la campagne de colonisation de cette région.
Une Association des zouaves du Québec, de structure militaire, a été fondée en 1899 par M. Charles-Edmond Rouleau. Cette association fut très populaire au milieu du XXe siècle et les zouaves canadiens étaient présents dans toutes les manifestations religieuses, au dévoilement de monuments, dans les processions, défilés et parades. Après 1960 et le début de la Révolution tranquille, l’Association des zouaves du Québec connait un certain déclin. Il semblerait que la dernière apparition des zouaves du Québec remonte à 1984, lors de la visite du pape Jean-Paul II.
Dans la ville de Salaberry – Valleyfield, un monument aux Zouaves pontificaux se dresse sur la rue Victoria, à côté de la cathédrale Sainte-Cécile. L’inscription sur le piédestal dit: Hommage à la papauté et aux zouaves pontificaux. Ce monument de bronze fut érigé en 1961 pour commémorer le 25e anniversaire de la compagnie 27 de l’Association des zouaves pontificaux du Québec de Salaberry-de-Valleyfield.
Remarquons qu’en 1860, l’écrivain canadien-français Arthur Buies se porte volontaire dans les troupes de Giuseppe Garibaldi, fait extraordinaire dans le contexte des croyances des Canadiens français de l’époque.
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L’air est pur, la route est large,
Le clairon sonne la charge
Les zouaves vont chantant
Et là-haut sur la colline
Dans la forêt qui domine
Le Prussien les attend.
Paul Déroulède (publié dans Le Clairon en 1875). Photo : © Histoire du Québec.ca