Voyages d’exploration de l’époque de la Renaissance
En raison de leur influence sur le monde, les voyages d’exploration de la Renaissance constituent un des plus grands phénomènes historiques. Au fait, de 1420 à 1520, pendant près de deux siècles, le souci de découvrir de nouvelles terres hors d’Europe provoque un enrichissement hors précédent des connaissances. Ces découvertes conduisent à l’installation de comptoirs, accroissent la puissance, engendrent la colonisation et précipitent la chute d’un certain nombre de puissances européennes. Mais au même temps, de nouvelles nations voient le jour.
Les voyages d’exploration créent de nouvelles sources de richesses, ouvrent de nouvelles routes commerciales, amènent sur le marché des produits inconnus et modifient le mode de pensée.
Deux remarques préalables s’imposent pourtant : strictement parlant, le terme de « découverte » est impropre, car la « découverte » implique la trouvaille de quelque chose de neuf, d’inconnu antérieurement. Les peuples d’Asie et d’Amérique connaissaient pourtant leurs propres terres. Bien des contrées découvertes lors de ces voyages étaient habitées par des populations assez avancées parfois pour posséder des cartes géographiques, des livres, des récits écrits contenant des descriptions utiles aux voyageurs européens. Ainsi, les explorateurs et « découvreurs » de nouvelles terres se servent de ce terme d’une manière tout subjective…
En second lieu, il faut bien comprendre que la notion de voyage d’exploration n’était pas neuve pour les Européens. Les exploits de Vasco de Gama, de Christophe Colomb, de Ferdinand Magellan et de divers autres navigateurs qui ont marqué cet Âge des Découvertes se basent sur les expéditions de Giovanni Piano Carpini, dit Plan Carpin, de Guillaume Rujsbrock, de Marco Polo qui avaient pénétré au cœur de l’Asie et, dès le Moyen Âge, des marins scandinaves avaient atteint l’Amérique du Nord…
Entre 1420 et 1620, les gouvernements et les associations de marchands systématisèrent les voyages outre-mer. Mais pourquoi les grandes découvertes furent-elles l’œuvre de la Renaissance et non celle du XII ou de XIII siècles? Pourquoi encore, l’Europe occidentale fuit-elle l’instigatrice de ces découvertes ? Il existait à l’époque d’autres civilisations avancées en Asie (la Chine, l’Inde, le Japon). Il y avait l’Islam dont la civilisation couvrait le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et une partie de l’Europe. Sur le continent américain, il y avait des Aztèques, des Mayas, des Incas. Ces nations et civilisations dominaient de vastes territoires et possédaient des moyens, sur certains points égaux sinon supérieurs à celles des Européens.
Cependant, l’exploration fut pratiquement l’apanage du Portugal, de l’Espagne, de la France, de l’Angleterre, des Pays-Bas.
Ce sont les besoins des Européens qui firent remplacer les efforts sporadiques de voyageurs isolés par l’organisation d’expéditions aux buts nettement définis. La conquête di globe fut déterminée parce que l’Europe de la Renaissance manquait de métaux précieux et d’épices. La recherche de l’or, de la soie, du poivre, des clous de girofle commence au Moyen-Âge, mais avec la Renaissance les efforts isolés des marchands se substituent par les efforts de gouvernements qui s’intéressent à ces marchandises précieuses.
De nos jours, les épices sont un adjuvant que relève le goût d’un plat, mais au Moyen-Âge, il en allait différemment. Les transports étaient difficiles et longs, la réfrigération était inconnue ; on mangeait alors des viandes trop salées ou avariées que seules les épices rendaient consommables.
À l’appât de gain s’ajoutait un autre mobile : L’Europe manquait de métaux pour la frappe de ses monnaies. Seul un accroissement de la circulation monétaire pouvait permettre celui des transactions financières et commerciales. À l’époque, les gisements d’or d’Irlande s’épuisaient, les mines d’argent des pays germaniques ne suffisaient plus à la demande. Les lingots d’or constituaient donc moins une richesse intrinsèque qu’un moyen d’enrichissement.
Signes prometteuses…
Un bout d’écorce, une plante, une petite branche, c’était souvent la mer qui apportait les premiers signes aguichants de la proximité de la terre. Enfin, s’élevait du gaillard d’avant d’un navire le cri qui annonçait au reste de la flotte l’apparition d’une nouvelle terre.
De fausses promesses de ce genre trompèrent sans cesse Christophe Colomb lors de son premier voyage en Amérique. Dans son journal du bord il note l’apparition de sternes et de phaétons qui, précise-t-il fermement et à tort ne « s’éloignent jamais à plus de 25 lieues de terre ». Même la vue d’une baleine l’emplit d’espoir, il croyait que ces animaux mammifères marins ne s’écartaient pas de la côte. Les algues qui dérivent dans la mer des Sargasse, bien à l’est des Bahamas, viennent de quelque île voisine, soutient Colomb.
Le grand navigateur acquit même la conviction de la diminution de la salinité de la mer. Chaque matelot s’efforçait d’être le premier à apercevoir les Indes et à remporter ainsi la prime, une pension annuelle qui correspondrait grosso modo à un salaire mensuel d’un ouvrier moyen à nos temps. Notons que le matelot Pedro Yzquierdo émit des prétentions à cette récompense que Christophe Colomb réclama et se fit attribuer. Furieux, Pedro Yzquierdo gagna par la suite l’Afrique et se fit musulman.
Quatre phaétons apportent l’annonce de la proximité de la Terre : un tel rassemblement d’oiseaux du même genre prouvait qu’il ne s’agissait ni d’égarés, ni de vagabondes » (Journal de Christophe Colomb, cité par Barthélémy de las Casas, 1492). Image : © Megan Jorgensen (ElenaB.)
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