Via Rail enterre le Transcontinental
C’est le 14 janvier 1990 que le programme de réduction de service ainsi que les licenciements annoncés par le gouvernement fédéral prennent effet chez Via Rail. Ce jour-là a lieu le dernier départ de Montréal pour le «Canadien». Avec le dernier départ du train transcontinental, une page d’histoire a été tournée au Canada.
Une poignée de manifestants, portant un cercueil recouvert d’un drap noir sur lequel on pouvait lire VIA, sont montés au bord du train pour enterrer le «Canadien». Ils ont imputé au ministre des Transports, Benoît Bouchard, et au premier ministre Brian Mulroney, la responsabilité de la mort du train. À la gare centrale de Montréal, des employés de Via Rail portaient un cercueil sur lequel avaient été posées les photos du premier ministre canadien et du ministre des Transports.
Un autre train relie Toronto et Vancouver, via Winnipeg et Edmonton, mais trois fois par semaine seulement.
Au moment du départ, le leader du Nouveau Parti démocratique, Mme Audrey McLaughlin, a dénoncé à la Gare centrale de Montréal l’abandon du service transcontinental et les réductions de service et de personnel chez Via Rail.
«Non seulement les Canadiens perdent un service auquel ils ont droit, mais nous perdons en plus une partie de notre patrimoine, puisque le train reliait la côte est à la côte ouest depuis 1886», a déclaré M. Phil Edmundston, candidat du NPD à Chambly lors des prochaines élections.
D’ailleurs, Mme McLaughlin a été très claire : le gouvernement Mulroney faisait fausse route en coupant 18 des 38 liaisons déficitaires de Via Rail : Le système de transport ferroviaire devrait non seulement être modernisé, mais aussi considéré comme l’un des plus sûrs pour protéger l’environnement, mais ce gouvernement s’acharne à détruire le transport en commun au pays. Les conservateurs vont s’apercevoir tôt ou tard qu’il est beaucoup plus onéreux de tenter de rétablir un moyen de transport plutôt que de l’améliorer afin de le rendre plus attrayant pour les usagers et, par conséquent, plus rentable, a indiqué Mme McLaughlin.
Malheureusement, le dernier train de Via Rail qui effectuait la liaison Montréal-Vancouver est passé dans l’histoire de façon tragique: deux personnes ont en effet été tuées par le train à un passage à niveau à Petawawa, une municipalité située à quelque 180 kilomètres au nord-ouest d’Ottawa. Leur camionnette a été heurtée par le «Canadien».
Après l’accident, le train, qui avait quitté la Gare centrale de Montréal le 14 janvier 1990 à 9 h 55 pour Vancouver, a pu poursuivre sa route vers Chalk River, en Ontario, avec quelques heures de retard.
Assez de romantisme, dit le patron de Via Rail
Les Canadiens auraient intérêt à regarder le système de transport au Canada de façon « plus réfléchie » et à mettre de côté le « sentiment de romantisme » qui les envahit dès qu’il est question du train.
Tel est en gros le message que le président de Via Rail M. Ron E. Lawless, a adressé aux Canadiens hier, le 15 janvier 1990, jour de l’entrée en vigueur officielle des compressions de service chez Via, occasionnant la perte de 2700 emplois. M. Lawless a fait appel à plus de « réalisme » de la part des farouches partisans du train.
« Je suis persuadé que si nous devons maintenir des services de trains de passagers au Canada… ce doit être non pas au nom d’un idéalisme romantique, mais en celui d’un réalisme économique à long terme », a déclaré le président directeur-général.
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