À Notre-Dame-des-Victoires, M. Vézina agit comme sacristain depuis 50 ans
Cinquante ans de services comme sacristain dans la même église est un crédit assez exceptionnel. C’est pourtant là la mérite de sacristain de Notre-Dame des Victoires, M. Joseph Vézina, qui pendant de nombreuses années prêta en même temps son dévouement à la cathédrale. Toujours solide et alerte à 73 ans, M. Vézina semble devoir continuer ses fonctions encore longtemps avec la même efficacité. Cet événement sera souligné comme il convient dimanche prochain. Une messe solennelle sera célébrée à 9 heures 30 en l’honneur du jubilaire. Le pasteur de la paroisse, M. l’abbé Stanislas Paradis, officiera à la messe et prononcera aussi le sermon de circonstance.
Un salut solennel sera célébré en l’église paroissiale à 5 heures 15. Puis la célébration sera couronnée par un diner, le soir, à 6 heures 30. à l’hôtel Cambrai.
M Vézina rappelle que lorsqu’il débuta, il y a un demi-siècle, les conditions de travail et de salaires étaient sensiblement différentes. On sonnait l’Angelus à cinq heures le matin à cette époque. C’est dire qu’il fallait quitter le lit vers 4 heures. Et la journée de travail se prolongeait jusqu’à 9 heures le soir. Quant au salaire, il était de trente dollars par mois pour le sacristain compétent, soit sept dollars et demi par semaine…
Mais les exigences de la vie n’étaient pas celles d’aujourd’hui, s’empresse d’ajouter M. Vézina. La Providence m’a donné douze enfants, dont sept sont encore vivants; j’ai toujours pu les pourvoir convenablement. Mais, remarque-t-il, vous conviendrez qu’il fallait évidemment renoncer au luxe … Pour ce qui est des heures de travail, je n’ai jamais songé à m’en plaindre. J’aimais ma besogne et les journées ne me paraissaienl pas tellement longues.
Fidèle au passé
M. Vézina est sacristain de la plus vieille église d’Amérique Le temple de Notre-Dame des Victoires date en effet de 1688 S’il a du subir certaines restaurations, dont une rénovation du toit, les vieux murs ont défié les intempéries depuis deux siècles et trois quarts. Un autre fait digne d’intérêt, s’est que M. Vézina est né dans une maison qui compte aujourd’hui 250 ans. Son frère, M. Omer Vézina, père de 21 enfants, habite encore la maison ancestrale à St-Pierre de l’IIe d’Orléans. Le sacristain de Notre-Dame des Victoires loge depuis 46 ans au numéro 4 de la rue St-Pierre. Deux de ses filles jumelles habitent avec lui.
Quand M. Vézina débuta comme sacristain à Notre-Dame des Victoires, en 1910, M. l’abbé Larue était le desservant du sanctuaire. Notre-Dame des Victoires relevait alors de la paroisse Notre-Dame de Québec. Aussi, M. Vézina était-il attaché à la cathédrale en même temps qu’à Notre-Dame des Victoires. La journée était consacrée également à l’entretien et au service des deux temples.
Estimé des évêques
M. Vézina fut remarqué par son assiduité au travail et l’efficacité de ses services par les archevêques de Québec autant que par les pasteurs de la cathédrale Notons que le Primat du Canada, S. Exc. Mgr Maurice Roy, archevêque de Québec, lui témoigne une particulière estime. Fils de la paroisse Notre-Dame. S. Exc. Mgr Roy l’a connu dès ses toutes jeunes années. Servant de messe à la cathédrale, séminariste et jeune prêtre, S. Exc. Mgr Roy eut l’occasion d’apprécier le zèle de ce sacristain exemplaire.
M. Vézina se maria en 1910, quelques mois après son arrivée à Notre-Dame des Victoires. De son union sont nés douze enfants dont trois couples de jumeaux. En 1950. il avait la douleur de perdre son épouse Dans son épreuve, il eut la consolation de garder avec lui ses deux filles jumelles Quatre années plus tard, il contractait une nouvelle union.
Vie très active
Quand Notre-Dame des Victoires fut érigée en paroisse, M. Vézina cessa ses activités à la cathédrale. La besogne ne manquait pas dans la nouvelle paroisse et les journées étaient bien remplies. On dut même bientôt donner un assistant au sacristain.
Notons qu’il y a aujourd’hui dix messes le dimanche à Notre-Dame des Victoires. L’affluence est grande aussi sur semaine. Pendant une bonne partie de l’année, on accueille dans ce sanctuaire historique de nombreux groupes de pèlerins.
Plusieurs grandes cérémonies. comme notamment la bénédiction et la distribution des petits pains de Ste-Geneviève, attirent les foules. Durant les mois d’été, les touristes sont particulièrement.
Grande popularité
M. Joseph Vézina s’identifie depuis longtemps avec le sanctuaire de Notre-Dame des Victoires. Il est toujours fidèle à son poste. Les visiteurs le retrouvent chaque année, qu’il s’agisse de l’une ou l’autre des grandes cérémonies annuelles. M. Vézina compte aussi de nombreux amis parmi les touristes qui s’adressent à lui pour obtenir les fameux petits pains de Ste-Geneviève. Quant à la population de Notre-Dame des Victoires, elle s’est habituée à le voir comme un homme dont le concours est indispensable.
Une recette efficace
Si vous interrogez M. Vézina sur la recette de bonne santé qui lui a toujours permis cette scrupuleuse ponctualité, il vous répondra: « des habitudes de vie régulières ». Je me couche tôt le soir, dit-il, selon une habitude à laquelle j’ai toujours été fidèle Aussi, le matin, je n’ai pas de mal à me lever tôt. Depuis 50 ans, en effet, il quitte son lit à 4 heures le matin. Mais le soir à 9 heures 30, il est à son repos pour la nuit.
M. Vezina est reconnu pour son Imperturbable belle humeur. Toujours affable, il accueille chacun avec le sourire et prend le temps de lui fournir les renseignements désirés, même si pour cela, il doit retarder son travail un moment. Les touristes surtout le harcèlent de questions sur l’historique du temple qu’il connaît évidemment comme son « pater ». Ceux-ci sont, toujours heureux de le retrouver à Notre-Dame des Victoires.