Usages du monde… d’autrefois
Du temps de Louis XIV, il était du dernier chic de se moucher du doigt, mais d’un seul doigt. C’est ainsi qu’à un grand dîner, où figurait la fleur de la société française, en agit le marquis d’Hauterive, « et cela fit autant de bruit qu’un coup de pistolet”. Se penchant vers son voisin, Turenne, qui ne devait périr qu’à Sulzbach, et d’un projectile plus meurtrier, le marquis de Ruvigny lui demanda: “Monsieur, n’êtes-vous point blessé?” Et, ajoute Tallemant des Réaux, “ce fut un éclat de rire, le plus grand du monde!”
J’ai connu, il a a quarante ans la mode, désuète aujourd’hui, de faire passer, à la fin d’un dîner d’apparat, un bol et une soucoupe à chaque convive. Le bol était rempli d’eau tiède aromatisée à la mente et chacun se rinçait la bouche, en expectorant dans la soucoupe le résidu de l’opération. Un jour qu’à un grand dîner, feu Baernaert recevait des parlementaires, un nouveau représentant de province devant lequel on plaçait le bol en question, voyant les autres convives le porter à la bouche, crut qu’il s’agissait d’un rite du bel air es qu’il fallait avaler le breuvage. Il le fit à grandes lampées. La potion lui “tourna sur le cœur” et il dut s’en aller en hâte, dans un coin discret, renoncer aux bonnes truffes et au homard à l’américaine. Ce parlementaire fit son chemin. Il parvint à son tour au poste de président du Conseil, mais quand il le devint, on ne “bolait” plus de même et, à juste titre, la mode avait changé. On trempait dans le bol les doigts et non plus le museau ou le nez, mode si chère à Talleyrand.
Que d’autres “usages du monde” s’en sont allés dans le grand vide!
Erasme, en 1520 (“De civilitate morum”) conseille bien aux gens de la bonne société l’usage du mouchoir, mais déclare qu’il n’est pas interdit de se moucher avec deux doigts, mais à la condition expresse de poser je pled sur ce qui sera tombé: “Si quid in solutn de jectum est, eimuncto duobus digitis naso, mox pede proterendum est.” Ce qui était puéril et honnête alors, n’est plus que répugnant et désuet. Ainsi va la vie et tourne la boule de notre
monde.
Baudoin 1er
En 1204, un fils de Baudoin ou Beaudoin, comte de Hainaut, fut fait empereur de Constantinople, sous le nom de Baudoin Ier, par les croisés qu’il dirigeait.
Il était, depuis 1195, comte de Flandre et de Hainaut. Après avoir fait une courte guerre à Philippe Auguste, il prit la croix, en l’an 1200, dans l’église Saint-Donatien de Bruges, et partit pour Venise avec sa femme, son neveu Thierry, son frère Henri. Il laissait la régence de ses États à son frère Philippe, à son oncle Guillaume et au sage Bouchard d’Avesnes
À Venise, il s’embarqua avec Dandolo sur la flotte vénitienne et, sur les instances d’Alexis III l’Ange, empereur de Constantinople déchu, se porta contre Alexis V Murzuphle, qui venait de s’emparer du trône byzantin par un double meurtre.
Les croisés détrônèrent Murzuphle et élevérent Baudoin empereur à sa place; il fut couronné à Sainte-Sophie, le 16 mai 1204, puis leurs chefs se partagérent l’empire. Ainsi furent: le marquis de Montferrat, roi de Thessalonique; le Bourguignon La Roche, seigneur d’Athènes, etc. et les Vénitiens, maltres de l’Archipel. Devant ce partage, les Grecs prirent fait pour Murzuphle et s’allièrent avec les Bulgares; Murzuphle fut pris, amené devant Baudoin Ier, qui le fit précipiter du haut de la colonne de Théodose.
Mais les Grecs, méprisés par les nouveaux occupants, préparèrent un vaste mouvement de révolte. Joannice, roi des Bulgares, répondit à leur appel: il livra À Baudoin, le 14 avril 1205, une sanglante bataille près d’Andrinople et Je fit prisonnier. On manque de certitudes au sujet de sa fin qui eut lieu vraisemblablement, en 1206.
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Beaucoup de choses ont changé, c’est vrai.