Union des travailleurs en chaussure s’explique

L’Union des travailleurs en chaussure explique son attitude

Dans un communiqué, l’Union Protectrice des Travailleurs en chaussure explique l’attitude qu’elle a prise dans le conflit de travail survenu dans cette industrie.

L’Union protectrice des Travailleurs en chaussure de Québec nous transmet le communiqué suivant :

La compagnie John Ritchie a fait publier dans les éditions de samedi des journaux de Québec sa version de la grève qui se poursuit à sa manufacture de chaussures. On permettra sans doute aujourd’hui à l’Union Protectrice des travailleurs en chaussure de Québec de donner sa version, d’autant plus que l’union représente maintenant la grande majorité des ouvriers et ouvrières de la maison Ritchie.

L’on sait que le 28 juillet dernier, après de laborieuses négociations entre les représentants autovisés des associations patronales et des syndicats ouvriers, le Conseil Régional du Travail en temps de guerre a sanctionné une entente conjointe prévoyant le paiement d’une indemnité de vie chère de 7,2 points dans l’industrie de a chaussure de la province de Québec. Cette indemnité de vie chère représente la hausse du coût de la vie entre janvier 1941 et octobre 1941.

La maison Ritchie, sans soumettre son cas au Conseil Régional du Travail, comme le veut la loi, a déclaré à ses ouvriers qu’elle ne parlait pas le boni de chic chère décrète par le Conseil Régional, mais qu’elle le réduirait dans une proportion équivalente à cinq (5%) pour cent des salaires, vu qu’une augmentation de cinq (5%) pour cent avait été versée à ses employés au mois d’août dernier.

L’attitude de la maison Ritchie est absolument condamnable, suivant l’Union, et c’est cette attitude illégale qui est cause de la grève actuelle. La maison Ritchie est soumise aux lois, comme tout le monde. Cette maison n’a pas le droit de se faire justice elle-même. Si elle n’est pas satisfaite de la décision générale du Conseil Régional, elle n’a qu’à soumettre son cas particulier au même conseil, qui a seul le pouvoir de reconsidérer ses propres décisions. On dit que la maison Ritchie se prétend financièrement incapable de supporter les dépenses qui lui seront occasionnées. Si cela est, le Conseil Régional ne refusera pas de reconsidérer le cas, mais avant de rendre une décision, nous espérons que le Conseil Régional exigera preuve de cette prétendue incapacité de payer.

De plus, il est bon de renseigner le public sur le cinq pour cent d’augmentation des salaires versés en août dernier par la maison Ritchie à ses employés. Lorsque cette augmentation a été versée, les autres manufacturiers de Québec, pour la plupart, payaient une augmentation de dix pour cent (10%) à leurs employés depuis le mois de février précédent. Et à ce moment, la plupart des employés de la maison Ritchie ne recevaient rien du tout. Il y a même des manufacturiers de Québec qui ont payé dix pour cent (10%) sur les salaires gagnés, sans y être obligés, puisque cette augmentation était prévue dans le décret de la chaussure pour s’appliquer sur les salaires de base du dit décret. Et ces manufacturiers ont accepté de bon gré la décision du Conseil Régional du Travail. Il n’y a que la maison Ritchie qui refuse de se soumettre à la loi, et les ouvriers se sont mis en grève pour obtenir justice.

Dans son communiqué, la maison Ritchie dit ce qui suit au sujet du cinq pour cent : « Afin d’aider nos employés à rencontrer l’augmentation du coût de la vie et avec l’approbation de l’Association des employés, nous avons décidé d’ajouter 5% pour cent à notre paye hebdomadaire jusqu’au prochain avis.

Il est bon de souligner ici que la maison Ritchie a décidé cette augmentation à la suite de représentations d’un groupe d’employés dont les taux de salaire étaient inférieurs pour la fabrication d’une certaine classe de chaussures. Ajoutons aussi, pour l’édification du public, que l’Association des employés dont le président avait été nommé par la compagnie, n’a pas siégé en assemblée plénière depuis environ cinq ans. Il y a donc assez longtemps qu’elle n’a pas pris de décision, et qu’elle n’a donné son approbation à quoi que ce soit.

Il serait intéressant de citer divers articles de la constitution de cette association des employés de la maison Ritchie, mais cela prendrait trop d’espace. Citons simplement l’un des buts de l’association : « Article 2 : pour assurer notre tranquillité industrielle et notre prospérité en désapprouvant les grèves, le sabotage, dissension, désertion du travail, interruption de productions. »

Voilà un modèle de syndicat de boutique, ou d’union de compagnie. Tout est en faveur de l’employeur : rien pour l’employé, sauf l’esclavage.

Les représentants des ouvriers ont eu une conférence hier après-midi au Ministère du Travail. Le rapport sera présenté aux ouvriers et ouvrières cet après-midi, à quatre heures, à l’occasion d’une assemblée qui aura lieu aux salles des Syndicats Catholiques, 17, rue Caron.

L’Union Protectrice des Travailleurs en chaussure de Québec, Inc. Par Alphonse Roberge, Président.

(C’est arrivé le 11 août 1942).

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usine des chaussures
Usine des chaussures, carte postale de l’époque. Image libre des droits.

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