Timbre de Noël : C’est la fête et les tuberculeux attendent
Québec, 24 décembre 1941, Mme J.-A. Jarry, présidente des dames patronnesses de l’Institut Bruchési, prononçait une causerie à la radio, ces jours derniers, en marge de la campagne du Timbre de Noël. En voici le texte :
L’aube de Noël illumine déjà les cœurs, en anticipation de la joie que les cadeaux vont apporter aux enfants, aux amis et du bonheur goûté dans les réunions familiales.
Avez-vous pensé qu’il y aura des mères attristées, par que, allongées sur leur lit de cure, au sanatorium, elles seront loin de leur époux, de leurs enfants ?
Pour sauver leur vie menacée par la tuberculose, elles ont accepté de se séparer d’eau et de s’aider de leur mieux, à guérir, malgré les soucis, les inquiétudes.
Et ces familles disloquées, éparpillées, un enfant par ci, un autre par là, le père découragé par la séparation, avez-vous pensé qu’elles seront dans la tristesse à Noël ?
Cette tristesse n’est pas d’un jour ; elle doit durer des mois et des mois : pendant ce temps, l’affection et l’éducation maternelles leur manquent, leur alimentation ne correspond plus au contact de parents tuberculeux.
* Timbre de Noël
Ce concours n’est cependant pas suffisant, il nous faut le vôtre, mesdames et messieurs. Votre générosité à répondre à l’appel de la Campagne du Timbre de Noël, nous permettra de procurer des vêtements chauds pour la saison d’hiver et préparer des trousseaux pour ceux qui doivent bénéficier d’un séjour dans les montagnes.
La Campagne du Timbre de Noël a subi un ralentissement momentané, probablement dû au soucis de la préparation des fêtes.
À présent, une activité nouvelle règne aux quartiers généraux, les contributions reviennent plus nombreuses ; mais nous n’avons pas encore atteint notre objectif.
Il faut que la population du Québec fasse généreusement sa part. Aujourd’hui, dans l’organisation provinciale du Timbre de Noël, elle a des émules qui veulent obtenir la première place et qui prennent les moyens pour y arriver. Le Québec ne s’est jamais laissé dépasser en générosité ; mais il est temps de faire l’effort qui nous mettra au premier rang.
C’est d’ailleurs à notre avantage. On doit protéger notre santé. Et c’est à nous de le faire sans nous en rapporter, pour cela, aux autres qui n’ont pas le même intérêt.
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Pour ne pas contribuer, certaines personnes disent : nous n’avons pas de tuberculose dans notre famille. Aider les autres malheureux serait déjà une belle charité.
Mais peuvent-elles affirmer que jamais elles ne trouveront la contagion tuberculeuse sur leur chemin ?
Dangereuse illusion ! Que de tuberculeux n’ont jamais cru qu’ils deviendraient malades. Que leur diagnostic surprend de malades mêmes. La réalité se montre un jour, pour démolir l »échafaudage de nos prétextes. Mieux vaut se défendre contre des probabilités, plutôt que d’être obligé d’abdiquer un jour devant les faits.
La tuberculose est une maladie du pauvre, c’est que l’éclosion de la maladie est favorisée par la misère, par les habitations insalubres, par une alimentation insuffisante, un surmenage physique ou moral.
La contamination n’épargne personne, ni pauvre, ni riche. Les relations sociales entre toutes les classes de la société, disséminent partout les germes de la tuberculose et mettent tout le monde en danger.
N’a-t-on pas raison de demander à tout le monde de se protéger ? Avec quelle douleur, n’est-ce pas, l’une ou l’autre de nos auditrices, apprendrait de son médecin de famille, que sa fille ou son fils est devenu tuberculeux ? Je ne veux pas assombrir le ciel joyeux de vos fêtes, mais pensez à celles qui ont subi cette si cruelle épreuve, et qui vivent éloignées de leur famille.
* Timbre de Noël
Désastre social que ces familles disloquées ! Bienheureuses êtes-vous, mesdames, d’un être préservées. Leurs enfants ne connaissent pas la joie d’un vrai foyer gai et chaud. Bienheureux sont les vôtres qui goûteront auprès de vous, la gaieté, le plaisir, l’affection et le bonheur.
Donnez pour ces malheureux, afin que votre part dans la vie ne soit égoïste. Donnez pour que votre bonheur ne soit pas brisé un jour.
Le Timbre de Noël attend que vous retourniez votre contributtion.
Un simple geste, pourra dire toute l’importance que vous attachez à votre santé et à celle de nos enfants. À l’intégrité, à la stabilité, au bonheur de votre famille.
Donnez donc généreusement, en adressant votre obole. Soit à l’Institut Bruchési. Soit aux quartiers généraux de la Campagne du Timbre de Noël, ch. 5, hôtel Windsor.
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