Territoire non organisé de Rivière-Mouchalagane, ses cantons, lacs et autres éléments
TNO de Rivière-Mouchalagane.
Canton de Conan
Dans le bassin hydrographique septentrional du réservoir Manicouagan, ce canton se situe immédiatement à l’est de l’ex ville minière de Gagnon. Le lac Jeannine et sont grand terril qui le prolonge au centre sud du canton se reliaient à la ville par une route secondaire.
Au nord-ouest, se trouvait l’aéroport de Gagnon, près du lac Janis. Les monts y atteignent 735 mètres. On attribuyale nom de ce canton en l’honneur du Breton Jean-Marie Conan (1867-1908). Il fut eudiste, missionnaire sur la côte du Labrador et premier curé de Clarke City en 1907. Le 17 janvier 1908, revenant de Sept-Îles, il disparaît sous la glace de la baie des Sept-Îles. On n’a jamais retrouvé son corps.
Canton De Lino
Le nom de Mathieu-François Martin de Lino (1657-1731) identifie depuis 1956 un canton inhabité situé à une quarantaine de kilomètres au nord du réservoir Manicouagan. Il se relie au bassin hydrographique de la rivière Seigneulay, par les lacs au Griffon et La Bouille. Ces plans d’eau se localisent près de nombreux eskers, témoins de l’époque glaciaire. Le relief, à cet endroit, atteint 670 mètres.
À 20 ans, Martin de Lino parlait déjà couramment l’anglais et le hollandais que son père lui avait fait apprendre en Angleterre et en Hollande.
Arrivé en Nouvelle-France en 1681, il fit sa marque comme interprète de la langue anglaise au service du gouvernement et de l’intendant, chaque fois que l’occasion se présentait. Comme marchand et traiteur, il était membre de la Compagnie de la Colonie et de la Compagnie du Nord. Il a acquis la seigneurie de Blanc-Sablon avec d’autres marchands (1689) et une seigneurie sur la côte acadienne, vis-à-vis de l’île Saint-Jean. Nommé membre du Conseil supérieur en 1702. Promu garde du sceau du roi en 1727, quatre ans avant son décès.
Canton de Dugas
Le canton de Dugas se trouve à plus de 230 km au nord de Sept-Îles. La rivière Félix l’irrigue. Après avoir déversé ses eaux venant du sud dans le lac de ce nom, elle se dirige ensuite vers l’ouest. Pour rejoindre le courant principal de la rivière Moisie. Son terrain inégal, baigné de plusieurs lacs et marqué de moraines ou d’eskers, atteint 731 m au sud.
C’est en mémoire de l’abbé Georges Dugas (1833-1928) que l’on nomma cet espace géographique inhabité en 1917.Originaire de Saint-Jacques-de-l’Achigan. Ordonné prêtre à Varennes en 1862. Puis il exerce d’abord son ministère à l’hospice de cet endroit (1862-1866).
Il passe les 22 années suivantes à Saint-Boniface (Manitoba) où il occupe les charges de directeur du Séminaire (1866-1869), de curé à la paroisse épiscopale (1869-1878) et d’aumônier du pensionnat (1878-1888). En 1888, il se retire à Sainte-Anne-des-Plaines, chez son frère curé, c’est là qu’il écrit l’histoire de cette paroisse ainsi que plusieurs ouvrages sur l’Ouest canadien qui lui ont valu une assez grande notoriété à l’époque.
Canton Desportes
Ce canton très arrosé se trouve à moins de 10 km de la ligne de partage des eaux et à la hauteur de la baie James. Il est traversé par quelques affluents de la rivière Moisie qui coule au sud-ouest. Le point le plus élevé atteint 746 m, à peu près au centre de cet espace géographique nommé en l’honneur de Pierre Desportes, colon français arrivé à Québec entre 1614 et 1619, avec son beau-frère Abraham Martin, et qui en repartit en 1629.
Ces deux hommes se marièrent aux deux sœurs Langlois. Françoise était l’épouse de Pierre et Marguerite, celle d’Abraham. Nous connaissons peu de chose sur Pierre Desportes, sauf qu’il n’était pas analphabète puisqu’il fut l’un des signataires d’une pétition adressée au roi en 1621 concernant l’état critique de la colonie. Il était le père d’Hélène, le premier enfant blanc semble-t-il, né sur les rives du Saint-Laurent, vers 1620. Celle-ci, mariée en première noces (1634) avec Guillaume Hébert, fils du premier colon canadien, et (1616-1680), décédera en 1675. Le nom de ce canton, approuvé en 1962, paraît sur la carte du Québec en 1963.
Canton de Dion
À 35 km seulement au nord-ouest du réservoir Manicouagan, le canton de Dion n’appartient cependant pas au réseau hydrographique de la rivière Mouchalagane, premier grand cours d’eau qui alimente le réservoir, mais à un cours d’eau beaucoup plus modeste nommé Rivière Matonipi. À 50 km plus bas, la Matonipi déverse dans la rivière aux Outardes les eaux de sa triple source constituée des lacs Matonipi, Matonipis et Larocque, qui communiquent entre eux par des filets d’eau au nord du canton.
En nommant cette division géographique inhabitée en 1962, on a voulu honorer la mémoire du journaliste ultramontain Joseph-Octave Dion (1838-1916), rédacteur au journal Le Nouveau Monde, en 1884. Nommé premier curateur du fort Chambly en 1888, il occupera cette fonction jusqu’à son décès. N’eût été de l’action énergique et soutenue de ce personnage, véritable apôtre des traditions et du culte du passé, cet ouvrage militaire aurait probablement été démoli au début du XXe siècle.
Il adhérait à cette philosophie de la restauration qui consiste à préserver et à consolider un monument architectural, plutôt qu’à lui ajouter une touche personnelle ou à le ramener à un état antérieur trop différent par rapport à celui du moment où il devient objet de restauration.
Canton de Faber
Le canton de Faber s’étend tout juste à l’ouest du cours supérieur de la Petite rivière Manicouagan. C’est à une centaine de kilomètres au nord-est du réservoir qui porte aussi ce dernier nom. Ces étendues d’eau les plus importantes, tels les lacs Tuttle, Brown et Lamêlée, sont distribuées autour d’un important relief qui atteint 857 m. La dénivellation entre son point le plus bas au sud-ouest et ce sommet atteint 309 m. François Lefebvre Duplessis Faber ou Fabert (1689-1762), en l’honneur duquel on nommacette division géographique, en 1956. Il était officier dans les troupes de la Marine.
On le voit d’abord commandant des forts Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.) de 1739 à 1741, de Niagara (1745-1747) et de Michillimakinac (1749-1756). Cela avant d’occuper la charge de major de Montréal en 1756. En 1758, Pierre de Rigaud de Vaudreuil l’envoie avec 1500 miliciens au fort Frontenac. Il le fait dans le but d’assister l’armée anglaise commandée par John Bradstreet. Toutefois, la nouvelle de la perte du fort arriva peu après le départ de la troupe de Montréal.
Canton de Fagundez
Ce canton est baigné au nord-ouest par le Petit lac Manicouagan. La rivière Hart Jaune l’arrose. Elle déverse ce lac dans le réservoir Manicouagan à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Alors que, dans le tiers sud, le plus haut sommet atteint 1070 m. Dans le reste du quadrilatère cantonal, mouillé par quelques marécages, le terrain s’abaisse jusqu’à 502 m.
Le train du chemin de fer Cartier dont le point de départ est Port-Cartier, sur la Côte-Nord, s’arrête à la station Love. C’est au nord-ouest du lac Uishaukaukaniss. Avant de se rendre à Mont-Wright, au-delà des limites de cette division géographique. Son nom, adopté en 1958, est celui de Joao Alvares Fagundes, gentilhomme originaire de Viana, au Portugal. Pêcheur et explorateur, il connaissait déjà les bancs de Terre-Neuve. Lorsque vers 1520 il explora la côte méridionale de cette île. Aussi vraisemblablement le littoral atlantique, à l’occasion de sa tentative de colonisation à l’île du Cap-Breton sur le site d’Ingonish. Le toponyme officiel retient la forme espagnole (avez « z ») d’un nom portugais (avec « s »).
Lac Gaillarbois
Le lac Gaillarbois baigne le territoire de la MRC de Caniapiscau à quelque 90 km au sud de Fermont, soit à environ 200 km au nord de Sept-Îles. D’une longueur de 15 km, ce plan d’eau ayant une superficie de près de 26 km carrés, décharge ses eaux par son extrémité nord dans la Petite rivière Manicouagan. C’est un dénommé Jean Houdon, dit Gaillarbois, qui a motivé, en 1945, le choix de cette appellation. Les Iroquois l’ont tué à Cap-de-la-Madeleine par les Iroquois le 25 novembre 1652. Les Montagnais désignent ce lac sous le nom de Kaupuameut, « lac à la cuisse d’un animal ».
Canton de Guillimin
Situé à environ 20 km à l’ouest de la frontière Québec – Terre-Neuve, le canton de Guillimin est arrosé par la rivière aux Pékans, tributaire de la rivière Moisie qui coule entre des montagnes de plus de 600 m d’altitude. C’est le nom de Guillaume Guillimin (1713-1771), né à Québec, qui identifie ce territoire géographique.
Fils de Charles, important marchand de la Nouvelle-France, il a occupé les postes de conseiller au Conseil supérieur (1744-1752), de lieutenant général de l’Amirauté de Québec (1752-1759) et de lieutenant de la Prévôté de Québec (1757-1759) avant d’obtenir, en 1766, la commission qui en faisait le premier Canadien français de la province de Québec appelé au barreau. Il a été le beau-père de James McGill, fondateur de l’université du même nom, à Montréal. Le ministère des Terres et Forêts accepta ce toponyme vers la fin des années 1940.
Canton de Hauteville
À 30 km au sud-ouest de Fermont, dans une zone de lacs et d’étangs, se retrouve ce canton de vaste territoire non organisé de Rivière-Mouchalagane. Le toponyme évoque deux fonctionnaires surnommés Hauteville, entre lesquels ne semblent pas exister de liens de parenté et qui ne se trouvèrent pas en même temps en Nouvelle-France.
Le premier, Nicolas Le Vieux de Hauteville, possédait également les titres seigneuriaux de La Mothe et d’Esgry et fut lieutenant général civil et criminel de la Sénéchaussée de Québec de 1651 à 1656. Le second, Barthélemy-François Bourgonnière de Hauteville, fut procureur et commis-greffier à Montréal en 1687. Par la suite, il remplira la fonction de secrétaire du gouverneur Frontenac puis de son successeur, de Callière, dont il sera d’ailleurs l’exécuteur testamentaire en 1703.
Lac La Justone
D’une superficie de 15 km carrés, le lac La Justone se trouve à environ 150 km au nord du réservoir Manicouagan. Tout en longueur, il se présente avec sa plus grande largeur au sud alors que son centre est occupé par une grande baie. Un petit cours d’eau y draine les eaux du lac Hanctin ; à son tour, le lac La Justone se déverse vers le lac Hasté au nord, pour alimenter la rivière Caniapiscau.
La dénomination de ce plan d’eau évoque un officier du régiment de Languedoc, François-Emmanuel de Cléricy, sieur de la Justone. Blessé très grièvement à la bataille de Sainte-Foy, en 1760, on dut lui amputer une jambe. Il reçut, en 1761, une pension du roi, sur recommandation du chevalier de Lévis, qui signalait ses mérites. Le toponyme paraît en 1946 sur la carte officielle du Québec.
Canton de Laussedat
Totalement inhabité et couvert de lacs et de forêts, ce canton de la MRC de Caniapiscau se trouve à une quarantaine de kilomètres au nord du réservoir Manicouagan et à 300 km au nord de Baie-Comeau. La rivière Blough l’arrose. L’un des nombreux lacs Rond au Québec le baigne notamment. Son nom souligne, depuis 1956, l’œuvre scientifique importante de l’officier français Aimé Laussedat (1819-1907). Professeur à à l’École polytechnique de Paris puis au Conservatoire des arts et métiers, il inventa un télémètre et divers instruments d’astronomie. Pionnier de la phototypographie. Élu membre de l’Académie des sciences en 1894. On ignore pourquoi on lui dédia un canton québécois.
Canton de Paquin
Près de la frontière du Labrador terre-neuvien, au voisinage du lac Opocopa qui se décharge dans le cours supérieur de la rivière Moisie, se trouve ce canton totalement inhabité désigné en 1962. Le toponyme évoque Jacques Paquin (1791-1847), originaire de Deschambault.
Missionnaire à Odanal pendant ses études théologiques, le jeune Paquin y apprend la langue abénaquise et deviendra curé de Saint-François-du-Lac dès 1815. Nommé à la cure de Saint-Eustache en 1821, il y demeurera jusqu’à la fin de ses jours. Vivement opposé au mouvement nationaliste et au libéralisme de l’époque, il se retire dans sa ferme pendant l’Insurrection de 1837. L’année suivante, dans le but évident d’obtenir l’aide du gouvernement pour reconstruire son église, il publie un Journal historique des événements arrivés à Saint-Eustache, pendant la rébellion du comté du lac des Deux Montagnes.
Après cette date, le curé Paquin, si l’on en croit l’avertissement sévère de monseigneur Bourget, néglige quelque peu son ministère et la prédication pour se livrer à l’étude et à l’exploitation de quelques terres qu’il possède et qui lui procurent un confortable revenu. L’histoire de l’Église du Canada, à laquelle il travaillait depuis plusieurs années, ne fut jamais publiée.
Canton de Raimbault
La partie orientale du canton de Raimbault est traversée par la rivière aux Pékans. C’est un important tributaire de la Moisie. Le relief de ce territoire sis à quelque 25 km à l’ouest de Fermont, près du tracé de la frontière entre le Québec et le Labrador terre-neuvien. Il est quelque peu accidenté et comprend plusieurs lacs.
Le marchand-ébéniste Pierre Raimbault (1671-1740), né à Montréal, a occupé les fonctions de notaire royal (1699). Procureur par intérim (1700) puis en titre (1706). Subdélégué de l’intendant à Montréal. Lieutenant général civil et criminel (1727-1740). Homme de lettres, de finance et de droit, il possédait l’une des plus importantes bibliothèques privées de l’époque. Il a acquis à Montréal plusieurs propriétés ainsi que des seigneuries. Notamment celles de Lussaudière et de la Mounaudière du côté du lac Champlain.
Canton de Racicot
À quelques kilomètres de la voie de chemin de fer Québec – Cartier, se trouve le canton de Racicot. Il est situé à 55 km au nord-est de l’ancienne ville de Gagnon dans l’arrière-pays de la Côte-Nord. Son relief est modérément ondulé dans sa partie nord. Il est plutôt plat dans l’autre moitié.
François-Théophile-Zotique Racicot (1845-1915) est originaire du Sault-au-Récollet. Ordonné prêtre en 1870. Vicaire à Napierville et à Saint-Vincent-de-Paul puis aumônier des Sœurs du Bon-Pasteur à Montréal (1877-1880). Il sera par la suite procureur de l’archevêché de Montréal. Nommé vicaire général et protonotaire apostolique (1899). Deviendra évêque auxiliaire de l’archevêque de Montréal. Fonction qu’il exercera de 1905 jusqu’en 1912, année de sa retraite.