Les suffragettes et leur rôle dans l’histoire
Nous avons tous vu un jour ou l’autre des photos de femmes – sandwichs arborant des messages criant au monde le droit inaliénable des femmes de voter tout comme les hommes.
C’est en 1890 que les mouvements féministes forment aux États-Unis l’Association nationale américaine pour le suffrage des femmes. En Europe, la Britannique Emmeline Pankhurst et deux de ses filles sont les premières à diriger le combat.
Les Pankhurst
Emmeline Pankhurst est née à Manchester en 1858. Dès l’âge de 14 ans, elle assiste à des réunions en faveur du suffrage des femmes. À 21 ans, elle épouse un avocat progressiste, Richard Pankhurst. En 1903, elle fonde l’Union sociale et politique des Femmes. WSPU. Après une vie pleine de luttes, de manifestations, d’arrestations et de séjours en prison, elle meurt en 1928.
Au long des années, elle peut compter sur la présence à ses côtés de sa fille Christabel, laquelle doit fuir à Paris en 1912, car elle est poursuivie pour association de malfaiteurs! C’est à ce moment qu’elle édite le quotidien The Suffragette.
L’opposition au droit de vote des femmes, en ce début du XXe siècle, est généralisée. La presse, le Parlement, les milieux professionnels, l’Église et même beaucoup de femmes s’y opposent. Pourquoi? Parce qu’on perçoit ce mouvement comme une menace pour les valeurs traditionnelles de la société. La femme est considérée comme fragile, émotive, illogique et terre à terre. Sa place est à la maison. D’ailleurs, la politique est l’affaire des hommes : si les femmes s’y adonnaient, elles tueraient l’esprit chevaleresque masculin et seraient corrompues. Les politiciens redoutent le droit de vote pour les autres motifs aussi. Ils ont peut qu’il n’ouvre la porte au contrôle des naissances, ce qui priverait le pays de futurs soldats et affaiblirait la frappe militaire. Pour n’importe quel parti politique, à l’époque, soutenir ce droit est extrêmement risqué face aux électeurs.
L’opinion change
La Première guerre mondiale (1914-1918) éclate. Le rôle de la femme est d’élever ses fils pour en faire de bons soldats. Mais plus guerre s’étire, plus il manque d’hommes dans l’industrie et dans la fonction publique. Les femmes prennent donc leur place. Et bientôt, en Angleterre, plus d’un million de femmes travaillent à l’extérieur de leur maison. Les stéréotypes changent. La femme voit augmenter ses droits et ses pouvoirs.
Au mois de février 1918, le droit de vote est accordé aux femmes en Angleterre. Elles doivent cependant avoir au moins 30 ans, alors que les hommes peuvent voter à 21 ans. Et elles doivent appartenir à un milieu social privilégié. Les femmes de la classe ouvrière sont donc exclues. Il faudra attendre encore 10 ans (1928) pour que les femmes puissent voter à partir de 21 ans.
Aux États-Unis, déjà avant 1896, dans quatre États (Colorado, Idaho, Utah et Wyoming), les femmes votent. C’est en 1920 que ce droit leur sera reconnu dans tout le pays. En Europe, les deux premiers pays à permettre aux femmes de voter sont la Finlande, en 1916, et le Norvège, en 1907. L’Allemagne les imite en 1918, l’Espagne en 1932, la France en 1944, l’Italie et le Japon en 1945. Au Canada, le gouvernement Borden, en 1917, donne le droit de vote aux femmes dont un parent est parti défendre le pays à la guerre. Ce droit est étendu à toutes les femmes en 1918. On sait qu’au Québec, ce n’est qu’à l’issue de batailles épiques que les femmes pourront voter, en 1940.
Des noms à retenir : Suzan B. Anthony, Millicent Fawcett, les Pankhurst, Emily Davison qui se jeta sous les sabots des chevaux du roi, au Derby d’Epson, pour attirer l’attention sur les revendication des femmes. Au Québec, Marie-Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain et Idola Saint-Jean mènent elles aussi le combat de la démocratie.
Plusieurs d’entre elles furent traquées, jetées en prison et menacées de mort parce qu’elles se battaient pour un droit reconnu aujourd’hui comme allant de soi, grâce à ces héroïnes.
(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).
Voir aussi :
