Le sport international et la guerre
Le Sport et la guerre : Les dirigeants de grandes fédérations internationales sportives, qui s’emploient à maintenir dans le sein de leurs groupements une certaine activité, avaient été les premiers à s’inquiéter de l’état de tension qui régnait en Europe en juillet 1939.
Ces inquiétudes se traduisirent dans les premières semaines d’août 1939 par un ralentissement dans l’organisation des grandes épreuves mondiales. À la fin du même mois, à Milan, sur les six championnats annuels mondiaux de cyclisme qui devaient se disputer, un seul put s’achever. Les concurrents des cinq autres épreuves avaient été rappelés dans leurs pays respectifs.
Vinrent les hostilités. Pendant un mois toute activité sportive fut suspendue, mais au début d’octobre, trois fédérations internationales s’appliquèrent à réveiller l’activité de leurs groupements respectifs qui étaient ceux de l’aéronautique, du cyclisme et du football.
Après avoir reprise contact avec leurs affiliés, les bureaux de ces fédérations furent convoqués, afin que ne fût pas interrompue la suite des rencontres internationales.
Les groupements nationaux avaient préalablement travaillé. En France, depuis le début d’octobre, le nombre de réunions sportives était en progression et se développait chaque semaine, grâce au concours d’éléments jeunes non appelés sous les drapeaux, adultes de 16 à 21 ans, pour qui cette culture du corps constituait le meilleur entraînement physique avant l’incorporation.
De nouvelles règles sportives virent même le jour; des classifications disparurent, abattant les barrières qui, dans les compétitions, séparaient certaines catégories de sportifs.
On simplifia les qualifications: les termes d’amateur et de professionnel disparurent. Ainsi se prépare un assouplissement heureux, qui aura son influence après la victoire.
Dans d’autres sports, où les rencontres étaient interdites entre amateurs et professionnels, on vit disputer des matches publics entre les professeurs et leurs élèves: hérésie sportive autrefois. L’émulation n’en fut pas moins grande, au contraire.
Mises en présence de cette situation, les fédérations internationales sportives agirent en conséquence.
Le comité directeur de la Fédération aéronautique internationale, réuni à Berne en novembre 1939, décida que, jusqu’à nouvel ordre, il ne serait pas convoqué de conférence internationale, l’activité du groupement restant entière, notamment pour le contrôle et l’homologation des records, tandis qu’étaient suspendues – on le comprend – les attributions de médailles pour les plus beaux exploits accomplis en avion.
À Gênes, le 16 décembre 1939, fut tenue une réunion de la Fédération internationales de football association. Il résulta des échanges de vues que l’étude de l’organisation d’une prochaine coupe du monde de football, serait envisagée plus tard, tandis que l’organisation de matches internationaux allait se poursuivre normalement dans l’avenir.
Le même jour, le bureau de l’Union cycliste internationale était assemblé à Bruxelles, par son président, M. Alban Collignon, de la Royale ligue vélocipédique belge.
Il fut décidé que le congrès annuel d’hiver serait tenu le 10 février, à Milan.
Parmi les propositions figurera la suppression des championnats du monde de 1940.
Ajoutons que de nombreux organismes internationaux avaient été consultés au cours du mois de septembre 1939 par le comité internationale olympique, afin de savoir si les adhérents de ces fédérations sportives étaient disposés à participer aux Jeux d’Helsinki, en juillet 1940. On ignore les réponses recueillies. La question, du reste, ne semble plus devoir se poser maintenant. Toutefois, notons que le comité international olympique n’a pas encore annoncé l’annulation de ses jeux quadriennaux de 1940.
Paul Rousseau, texte paru dans la presse le 1er avril 1940.
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