Société féodale et son art

Société féodale en bref et son art : Ve – Xe siècles : Les arts et la Renaissance caroligienne

Société féodale : Peu spectaculaire en ces temps par le souci de la survie, l’art se limite principalement à l’orfèvrerie, stimulée plus particulièrement à l’époque de Charlemagne.

La production artistique est bien faible depuis la décadence romaine, et limitée à ce que l’on a pu appeler la « Renaissance caroligienne ».

Elle se manifeste principalement dans la construction ou l’embellissement d’églises, souvent sans grande originalité, parfois avec certaines innovations qui les rapprochent de l’art romain.

L’orfèvrerie semble être le lieu privilégié de l’expression artistique : couronnes, bijoux, crucifix, reliquaires, autels, châsses, miroirs, armes décoratives ciboires… sont finement ciselés et richement parés d’or, de pierreries de beau émaux ou de perles rares.

L’enluminure connaît également un certain développement mais ne décore que les manuscrits destinés au roi ou à quelques grands personnages.

Mis à part un cercle très étroit, la production artistique ne peut connaître un essor important, quand la préoccupation principale des hommes est la guerre… ou la survie.

On comprend aisément que les découvertes « scientifiques » ou les innovations techniques soient inexistantes en ces siècles meurtriers.

Évangéliaire de Saint-Gauzlin, IXe siècle. Sous le règne de Charlemagne, les arts connaissent une « renaissance » marquée en particulier par un essor remarquable de l’orfèvrerie et de la joaillerie (Cathédrale de Nancy).
Évangéliaire de Saint-Gauzlin, IXe siècle. Sous le règne de Charlemagne, les arts connaissent une « renaissance » marquée en particulier par un essor remarquable de l’orfèvrerie et de la joaillerie (Cathédrale de Nancy).
Départ pour la chasse au faucon au château d’Étampes. La société féodale est marquée par le sevrage permettant à la classe seigneuriale de ‘adonner aux plaisirs de la chasse, de la table, des tournois. Le mois d’Août (Enluminure pour Les Très Riches Heures du Duc de Berry, par Paul Herman et Jean de Limbourg, début Xve siècle, Musée Condé Chantilly).
Départ pour la chasse au faucon au château d’Étampes. La société féodale est marquée par le sevrage permettant à la classe seigneuriale de ‘adonner aux plaisirs de la chasse, de la table, des tournois. Le mois d’Août (Enluminure pour Les Très Riches Heures du Duc de Berry, par Paul Herman et Jean de Limbourg, début XVe siècle, Musée Condé Chantilly).

La société féodale en bref

Après l’installation et la pacification définitives des Normands au début du Xe siècle, et les incursions hongroises du milieu du siècle, un paysage nouveau va se composer en Europe occidentale avec le retour d’une paix intérieure relative et la fin du danger extérieur.

L’essor féodal (Xe-XIIIe siècle)

Le monde féodal va en effet être caractérisé par environ trois cents ans d’essor économique, démographique, culturel et artistique, trop souvent oubliés au profit de l’idée simplificatrice d’un « moyen âge » où se confondent les pillages antérieurs et les combats de la « guerre de cent ans ».

Pourtant, dans nos régions, le quotidien de la presque totalité de la population française n’est plus celui de l’insécurité permanente et de l’oppression affamante et infamante.

Si des conflits locaux mettant au prises des seigneurs voisins, ou des affrontements d’une plus grande importance (opposant par exemple le roi de France au duc de Normandie ou à l’Empereur d’Allemagne) ne manquent pas de se produire, ils tendront à l’espacer dans le temps et à perdre de leur intensité, jusqu’au début du XIVe siècle.

Mis à part les guerres entre Philippe Auguste (1180-1223) et les rois d’Angleterre, on pourrait presque parler de « paix féodale » pour définir, les trois siècles et demi qui séparent l’avènement de Hugues Capet (987) du début de la guerre de Cent ans (1340).

Cela peut paraître surprenant quand on ne retient de cette période que l’image du seigneur féodal, homme de guerre brutal et peu cultivé, vivant du travail de ses serfs faméliques.

En faut, les occasions d’en découdre physiquement tendront à se déplacer à l’extérieur de l’Europe du nord-ouest : les croisades joueront de ce point de vue un rôle essentiel, en canalisant les pulsions agressives de la classe seigneuriale au-delà des frontières du monde chrétien.

De fait, les occasions de mort violente, les destructions de récoltes et les ravages de cités seront peu de chose si on les compare aux effets dévastateurs des invasions et des luttes pour le contrôle du sol des siècles précédents, aux méfaits de la guerre de Cent Ans ou de la grande peste, à ceux des guerres, entre États aux XVIe ou XVIIe siècles, ou des deux guerres mondiales de notre XXe siècle.

Ce n’est pas cultiver le paradoxe que d’insister sur les aspects pacifiques et progressistes de cette société, bien qu’elle reste, par certains côtés, brutale et intolérante, et une société où les forces de la nature sont toujours mal maîtrisées (mais le seront-elles davantage avant le XIX siècle?)

Une société consensuelle

Parallèlement à la disparition des périls extérieurs, un fait majeur va marquer cette période : il s’agit du grand consensus social concernant l’appropriation de l’espace à tous les échelons de la société. Une fois les problèmes liés au partage de l’Empire de Charlemagne définitivement réglés, et les paysans installés, il ne sera plus question de conquête territoriale, si ce n’est qu’exceptionnellement. Le morcellement géographique acquis et les droits fixés, il ne s’agira plus que de les défendre; cela n’exclura pas, cependant, des conflits liés à l’héritage de certains fiefs, au non respect du droit féodal, aux exigences seigneuriales, ou aux revendications paysannes ou citadines.

Mais, d’une façon générale, chaque seigneur tendra à jouer le jeu, à respecter la parole donnée et la place que l’histoire lui a attribué dans la hiérarchie féodale, conscient à la fois des moyens limités dont il dispose, et du fait qu’il ne peut remettre en cause le système sans se remettre en cause lui-même.

Cette stabilité du rapport féodo-vassalique constituera l’une des explications de l’essor féodal, qui repose également sur l’évolution du servage vers un rapport social moins contraignant, laissant plus de place à la propriété et à la liberté individuelles.

 La crise des XIVe et XVe siècles

En fait, tout ira à peu près bien tant que la production se développera suffisamment pour atténuer les conflits, pour assurer aux principales catégories sociales, l’essentiel de ce qu’elles pouvaient attendre. Mais l’équilibre précaire sera remis en cause au XIVe siècle, et la société féodale connaîtra des difficultés économiques, sociales, politiques dont elle ne se remettra pas : disettes au début du siècle, problèmes de succession, début de la guerre de Cent Ans, épidémies de peste, soulèvements populaires et guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons…

L’affermissement du pouvoir royal

Cette crise du monde féodal, aux XIVe et XVe siècles, verra en effet s’effondrer le prestige militaire de la noblesse, s’affirmer le rôle politique de la bourgeoisie, se révéler les contradictions économiques du féodalisme, et s’organiser définitivement le pouvoir royal. A la fin de la guerre de Cent Ans en effet, Charles VII n’est plus le premier des seigneurs féodaux mais le souverain direct de tous les habitants du royaume. Il court-circuite ainsi les anciennes prérogatives seigneuriales et exige à ce titre le paiement de l’impôt au roi, s’ajoutant aux vieilles redevances féodales. Son règne constitue un moment décisif de l’unification du pays et de l’instauration d’une monarchie centralisatrice.

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Société féodale et ses représentants. Photographie de Megan Jorgensen.

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