Siège des places fortifiées par les Amérindiens
Le siège des places, où ils trouvent de la résistance, est encore une preuve qu’ils ont des règles d’un art militaire, où la ruse et l’industrie vont de pair avec la force et la voleur la plus intrépide. Si les assiégeants font des efforts incroyables pour surprendre la vigilance des assiégés, et pour vaincre tous les obstacles qu’on leur oppose, ceux-ci n’omettent rien de ce qui peut servir à une belle défense.
Les feintes, les fausses attaques, les sorties vigoureuses et imprévues, les embûches, les surprises, tout est mis en usage de part et d’autre tour à tour. Mais il n’est guère de siège qui dure. Les palissades n’étant que de bois, et les cabanes n’étant que d’écorce, les assiégés ont beau garnir leur remparts de pierres, de poutres, d’eau. Ils ont beau être attentifs à repousser les assaillants par une grêle de traits; ceux-ci portent chez eux la désolation par des flèches enflammées, dont un petit nombre suffit, si le vent les favorise, pour réduire tout le village en cendres.
Ils font leurs approches sans crainte avec des mantelets faits de planches qu’ils portent devant eux, et à la faveur desquelles ils vont jusqu’au pied de la palissade, qu’ils sapent avec la hache ou avec le feu. Ou bien ils font une contre palissade, laquelle, leur servant de bouclier et d’échelles, leur donne le moyen de franchir les retranchements ennemis, et de s’en rendre les maîtres. C’est ainsi que j’ai vu, dans une de nos Relations, que sept cents Iroquois avaient forcé un village de la nation appelée du Chat, où il y avait près de deux mille hommes pour la défendre, nonobstant, une grêle continuelle de coups de fusil, qui pleuvaient sur eux de tous les côtés.
(Tiré du Mœurs des Sauvages Américains, comparés aux mœurs des premiers temps, par Joseph-François Lafitau)
Lire aussi :