Le siècle des Lumières en France au XVIIIe siècle
Siècle des Lumières : La vie littéraire du XVIIIe siècle est bien sûr étroitement liée aux tensions politiques et sociales qui marquent la fin de la société féodo-marchande française.
Beaucoup de grands esprits de ce siècle sont issus de la bourgeoisie ou de l’artisanat (tels Voltaire, fils de notaire, Diderot, fils de coutelier, Rousseau et Beaumarchais, fils d’horloger…), mais d’autres appartiennent à la noblesse (tels que Montesquieu, Condorcet, Buffon ou Fontenelle…).
Les salons
Les uns et les autres bénéficient du soutien de grandes dames de haute noblesse, ouvrant leurs « salons » aux philosophes, poètes et écrivains : c’est le cas de la duchesse du Maine (recevant dans son château de Sceaux, Fontenelle et La Motte, les poètes Chaulieu et La Fare), de la marquise de Lambert (accueillant rue de Richelieu Fénelon, Montesquieu, Fontenelle, La Motte, Marivaux, d’Argenson), de Madame de Tencin (tenant rue Saint-Honoré un « bureau d’esprit », où se rencontrent les philosophes Helvétius, Duclos, Marmontel, de Madame du Deffand (favorable aux Encyclopédistes, et hôtesse de Montesquieu, Marivaux, Fontenelle…), de Mademoiselle de Lespinasse, demoiselle de compagnie de Madame Deffand (recevant Condillac, d’Alembert, Condorcert, Turgot, Marmontel), ou encore d’une riche bourgeoise, Madame Geoffrin, dont le salon de la rue Saint Honoré est fréquenté par des personnalités très variées, comme Marivaux, d’Alembert, d’Holbach, Helvétius, Grimm, ou le prince Stanislas Poniatowski…).
La pensée rationaliste
Sur le plan des idées, ce XVIIIe siècle est marqué par un développement de la pensée rationaliste, l’esprit scientifique prenant le pas sur la réflexion métaphysique : il s’agit de découvrir les lois de fonctionnement de la matière ou des sociétés humaines, par l’observation dégagée d’apriori dogmatiques.
Cette nouvelle philosophie affirme sa foi dans la raison et dans le progrès de l’humanité; elle débouche sur le mouvement de l’Encyclopédie, animé par Diderot et d’Alembert, et à laquelle collaborent Voltaire, Rousseau, d’Holbach, Quesnay, Condorcet, Buffon, Turgot, Helvétius, Montesquieu…
Cette œuvre collective symbolise bien ce siècle dit « des Lumières », en raison de cette ouverture nouvelle de l’esprit voulant s’affranchir du poids de la religion et de l’académisme de pensée, comme de la censure du pouvoir politique conservateur. Elle illustre également la montée des nouvelle classes sociales dégagées économiquement et idéologiquement de l’aristocratie traditionnelle et de la monarchie.
Les limites de la critique
Ces penseurs ne sont cependant ni les annonciateurs de la société du XIXe siècle, ni des « prérévolutionnaires » : Voltaire passe sa vie à tenter de se faire accepter par la haute noblesse, ne rêve que de « despotisme éclairé, et fait preuve d’un antisémitisme et d’un racisme inquiétants; Diderot et surtout Rousseau, par leur hymne à l’homme « naturel », non corrompu par la société moderne, s’inscrivent autant dans la sensibilité préromantique, exprimant le triomphe des forces instinctives, que dans le courant scientifique moderniste; les physiocrates (comme Quesnay ou Turgot) sont surtout préoccupés par le développement de l’agriculture et du commerce, et n’accordent aucun intérêt aux nouvelles techniques productives, alors que la révolution industrielle couve en Grande-Bretagne; nulle part (sauf chez Rousseau) n’apparaît non plus la réflexion sérieuse sur les inégalités sociales ou le souci du sort des plus pauvres. Seul Condorcet propose des réformes « progressistes » qui seront ultérieurement appliquées.
En définitive, ces auteurs expriment les limites du développement d’une pensée issue des milieux influencés par l’essor économique du siècle, mais aussi par les bouleversements sociaux qu’il entraîne. Mais pour l’heure, ce « XVIIIe siècle des Lumières » n’est que l’aboutissement des transformations propres à la société féodo-marchande, c’est pourtant de ce bouillonnement d’idées et de ces réflexions sur les imperfections sociales qu’émergeront les modes de pensée qui domineront la période révolutionnaire.
Le théâtre au XVIIIe siècle
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763) introduit l’intrigue amoureuse légère et délicate dans l’expression théâtrale et la comédie de mœurs. Ses pièces principales, jouées à la Comédie Française et au Théâtre Italien sont : La Surprise de l’amour (1722), « La Double inconsistance » (1723), « Le Prince travesti » (1724), « Le Jeu de l’amour et du hasard » (1730), « Le Triomphe de l’amour » (1732), « Les Fausses Confidences (1737), etc.
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) est une personnalité débordante d’activité et quelque peu fantasque. Surtout connu par ses comédies « Le Barbier de Séville » (1775) et « Le Mariage de Figaro » (1784), interdites par le roi, Beaumarchais mène une vie tourmentée et libertine. Fils d’horloger, il est tour à tour professeur de musique des filles de Louis XV, « contrôleur de la bouche » du roi, juge des délits de braconnage sur ses terres, (et anobli par l’achat de cette charge), commerçant et financier. Il a aussi à faire avec la justice, attaque la magistrature dans ses « Mémoires », qui sont condamnées à être brûlées, fait publier les œuvres de Voltaire et fournit des armes aux Américains pendant la guerre d’indépendance. Libre penseur pamphlétaire, il fait cependant partie des « suspects » pendant la Révolution et s’exile jusqu’en 1796.
Les frites
Louis XVI, pour honorer Parmentier qui venait de donner à l’humanité un nouveau légume, arbora à sa boutonnière une fleur de pomme de terre. Les Parisiens qui fêtaient un jour le bicentenaire de Parmentier à Neuilly, l’honorèrent plus prosaïquement. Devant sa statue de bronze, 22 000 livres de pomme de terre furent distribués à des indigents, tandis qu’un vin d’honneur était offert avec des montagnes de frites. C’est pourquoi un gamin de Paris, un verre de vin et un cornet de frites dans chaque main fit cette amusante apologie: – Vive l’inventeur des pommes de terre frites !
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