La semaine artistique
Déclaration parue dans l’édition du 4 avril 1903 du journal hebdomadaire Le Canada.
Une réaction qui s’impose – la vérité et le patriotisme dans l’art – le coin des intellectuels – concours, plébiscites, conférences auditions en perspective – Le mouvement artistique à l’étranger – Utilité d’un bureau de renseignements.
Semaine artistique – Il importe que celle-ci soit une chronique programme.
Ce genre est toujours ennuyeux, mais nous allons être bref afin d’ennuyer moins longtemps. Nous dirons du reste des choses importantes qui intéresseront tous nos lecteurs.
Les journaux ont, jusqu’ici, traité d’une façon trop secondaire les questions d’art, de littérature et autres, susceptibles de rehausser les esthétismes populaires. On a par trop fait fi des spécialistes, et le souci d’instruire a toujours été de moindre importance.
Une réaction s’impose : nous allons la tenter.
Le franc parler sera notre ligne de conduite et nous ne dévierons pas de cette voie.
En agissant ainsi, nous sommes certains de plaire à tous nos lecteurs.
Les artistes seront satisfaits; ils ne retrouveront plus la banalité et la fadeur des compliments clichés et, le public saura une fois pour toutes à quoi s’en tenir sur les mérites réels d telle ou telle tentative, de telle ou telle manifestation, de tel ou tel talent.
On ne verra plus se répéter, – comme la chose est arrivée il y a quelques jours à peine, – de sottes excuses publiées par certain « rédacteur en chef, » excuses à un charlatan de la musique en train de mépriser tous ses compatriotes, les maîtres reconnus de la musique contemporaine, ainsi que tous nos artistes et compositeurs à nous, Canadiens; excuses au sujet de quelques lignes dénonciatrices et consciencieuses, publiées précédemment par le même journal.
Nous viserons avant toute chose au patriotisme dans l’art, et nous ne décernerons jamais nos louanges à des compositions « charlatanesques et étrangères » qui, si elles étaient signées d’un nom canadien, mériteraient le blâme de tous les amateurs et connaisseurs.
Nous ne nous en laisserons pas imposer par le betayousisme d’où qu’il vienne, et nous saurons mettre le public en garde.
Nous voulons être justes, rendre service aux nôtres et renseigner tout le monde dans la mesure du possible.
Pour atteindre ce triple résultat, nous ne négligerons aucun moyen.
Nous donnerons une chronique hebdomadaire, indépendante des réclames et autres communiqués que nous consignerons comme échos, sous une rubrique spéciale, – où nous passerons en revue, en les appréciant et en faisant la distribution qui sépare les amateurs des professionnels, les événements les plus récents qui toucheront de près à la musique, au théâtre, à la littérature, à la peinture, à la sculpture, à l’architecture, etc.
Nous avons aussi l’intention d’inaugurer, dans un avenir pas très éloigné, toute une série de concours, de plébiscites, de conférences illustrées, d’auditions, etc.
Nous tiendrons aussi nos lecteurs au courant du mouvemnet artistique à l’étranger, et nous nous proposons de les intéresser par tous les moyens possibles.
Nous voulons en un mot, créer un coin où tous ceux qui s’occupent un peu des choses de l’intelligence, se puissent retrouver et se complaire.
Et, nous ne doutons pas du succès de notre entreprise, si nos amis et le public en général nous prêtent leur concours.
Nous croyons également qu’il est opportun de créer ici un bureau de renseignements.
Il arrive parfois qu’on se trouve embarrassé sur des questions littéraires ou artistiques, alors que l’on n’a sous la main aucune source d’information.
Un département de «questions et réponses » paraissant une fois la semaine, dans nos colonnes, serait donc bien vu de nos lecteurs qui n’auraient qu’à s’adresser aux soussignés, à nos bureaux, soit verbalement, soit par correspondance.
De ces questions ainsi posées et venant d’un peu partout, peuvent naître des suggestions très heureuses dont nous, les premiers, et le public en général tirerions bénéfice.
Gustave Comte, Fred Pelletier.
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