Les sciences en France au cours des XVIIIe et XIXe siècles (fin XVIIIe – début XIXe siècle)
Sciences en France : Cette période est celle de l’émergence d’une pensée scientifique nouvelle, en liaison étroite avec les phénomènes révolutionnaires.
Dès la paix civile revenue, un grand effort de mobilisation de l’élite scientifique et de propagation des connaissance est entrepris.
C’est ainsi que la période de la « Convention thermidorienne » bien que fort courte, est riche sur le plan de l’instruction publique, et témoigne d’un intérêt nouveau et considérable pour les disciplines scientifiques : entre l’automne 1794 et la fin de 1795 sont créés l’École Centrale des Travaux Publics (future École Polytechnique), le Muséum d’Histoire Naturelle (au Jardin des Plantes), puis le Conservatoire des Arts et Métiers, l’École des Langues Orientales, l’École des Beaux-Arts, le Conservatoire national de musique, l’institut national des Sciences et des Arts; la Bibliothèque nationale, le Musée du Louvre, les Archives nationales sont aussi réorganisées.
Par ailleurs, le 25 octobre 1795 est voté, sur la proposition de Lakanal, un décret prévoyant la création d’une école d’enseignement primaire par canton (mais ni gratuite, ni obligatoire), et une « École Centrale » d’enseignement secondaire par département; cependant, faute de ressources, de professeurs ou d’élèves, les résultats sont très variables suivant les régions.
C’est dans ce contexte que se développe la pensée rationaliste et scientifique, reposant largement sur l’expérience et l’observation. Napoléon encourage ce mouvement, recevant des savants, visitant les instituts et récompensant par des pensions et des anoblissements les esprits les plus brillants. Toutes les sciences connaissent alors un essor remarquable, comme si ces événements précipitent l’éclosion d’une nouvelle attitude « positive » face à la nature, à ses lois et aux méthodes de réflexion.
La médecine
Elle accomplit des progrès considérables : Jean Corvisart (1755-1821), premier médecin de Napoléon, développe l’observation clinique; Dominique Larrey (1766-1842), dit « la Providence du soldat » et chirurgien en chef des armées de Napoléon, perfectionne les techniques chirurgicales.
Xavier Bichat (1771-1802) effectue des découvertes en anatomie et physiologie; il est l’élève de Pierre Desault (1738-1795), qui fonde la première clinique chirurgicale française; François Broussis (1772-1838), volontaire dans l’armée républicaine, étudie les maladies inflammatoires; René Laennec (1781-1826) améliore les techniques d’auscultation, invente le stéthoscope et fonde la médecine anatomo-pathologique; Philippe Pinel (1745-1826) étudie les maladies mentales à partir de 1793 (à Bicètre et à la Salpétrière) et humanise le traitement des aliénés.
La physique et la chimie
Charles de Coulomb (1736-1806) étudie le magnétisme, l’électrisation et la polarisation de la fin des années 1770; il laisse son nom à l’unité de charge électrique.
La physique des gaz bénéficie des travaux d’un précurseur comme Philippe Lebon (1767-1804) et de ceux de Louis Gay-Lussac (1778-1850), professeur à Polytechnique en 1809.
La chimie moderne est née peu avant la révolution avec Antoine de Lavoisier (1743-1794) qui a contribué à définir la nomenclature chimique avec Antoine de Foureroy (1755-1809) et Claude Bertholet (1748-1822). Ce dernier, qui découvre les lois de décomposition des éléments, et qui a suivi Bonaparte en Égypte, fonde, avec Laplace, la « Société d’Arcueil » qui réunit de nombreux savants.
Jean-Antoine Chaptal (1756-1832) contribue à l’essor de l’industrie chimique (teinture du coton, production d’alun et d’acide sulfurique); Ministre sous le Consulat, il créé l’école des Arts et Métiers.
Nicolas Vauquelin (1763-1829) étudie avec Fourecroy la composition du cerveau, de la moelle épinière, des nerfs, des cheveux. Il découvre le chrome, le lithium, le glucine.
Jean-Baptiste Biot (1774-1862) détermine l’origine des météorites en 1803, la vitesse du son dans les solides en 1809, et établit, avec Félix Savart (1791-1841) la formule du champ magnétique provoqué par le courant électrique (1820).
Les mathématiques
Gaspar Monge (1746-1818) fonde la géométrie descriptive moderne; le comte Louis de Lagrange (1736-1813), déjà célèbre sous l’Ancien Régime, réforme après la Révolution le système des poids et mesures et développe l’étude des fonctions et dérivées dans sa « Théorie des fonctions analytiques » (1797).
Lazare Carnot (1753-1823), Organisateur de la victoire en 1793, et membre du Directoire en 1795, est aussi l’un des pères de la nouvelle géométrie analytique et de la réflexion théorique sur le travail des machines; son fils Sadi Carnot (1796-1832) développe également l’étude sur la transformation de la chaleur en travail (principe dit « de Carnot »).
Le marquis Pierre Simon de Laplace (1749-1827), qui interroge Napoléon lors de son entrée dans l’armée, écrit un « Traité de mécanique céleste » (1799), une théorie analytique des probabilités (1812) et fait une synthèse des travaux sur la gravitation universelle (Newton, Halley, d’Alembert).
Adrien Marie Legendre (1752-1833 contribue aux opérations géodésiques liées à la constitution du système métrique et s’efforce de démontrer le postulat d’Euclide. Il mène, parallèlement à l’Allemand Friedrich Gauss, l’étude de la résolution des équations binômes.
Jean Victor Poncelet (1788-1867), général d’Empire, conçoit en prison la géométrie projective (il est fait prisonnier à la suite de la campagne de Russie).
L’astronomie
Joseph de Lalande (1732-1807) améliore les tables de Halley et publie en 1801 une « Histoire céleste française ». Son neveu Michel de Lalande (1766-1830) collabore à cet ouvrage et travaille avec Jean-Baptiste Delambre (1749-1822). Ce dernier étudie les satellites de Jupiter et de Saturne, mesure avec Pierre Méchain (1744-1804) l’arc du méridien compris entre Dunkerque et Barcelone, et publie une « Histoire de l’Astronomie ».
L’Italien Jacques Dominique Cassini (1748-1845) termine en 1815 la carte topographique de la France commencée par son père, premier directeur de l’Observatoire de Paris en 1791.
Les sciences naturelles
Elles font un bond en avant avec Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) évoquant avant Darwin l’influence du milieu sur l’évolution des espèces : toutefois, il ne connaît pas l’audience de Georges Cuvier (1769-1832), qui analyse et classe les espèces animales, mais défend l’idée de leur fixité, critiquée par Étienne Geoffrey St-Hilaire (1772-1844) qui travaille sur l’homologie des organes.
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