Municipalité de Village de Sainte-Jeanne-d’Arc
Le village de Sainte-Jeanne-d’Arc se trouve dans la région administrative du Saguenay-Lac-Saint-Jean, occupant 271 kilomètres carrés au nord de la ville de Roberval, sur les bords de la rivière Petite-Péribonka et de la rivière Noire. Le village appartient à la municipalité régionale de comté de Maria-Chapdelaine et il regroupe environ 1100 Jeannedarcoises et Jeannedarcois. Notons qu’une autre municipalité du même nom existe au Québec dans la région du Bas-Saint-Laurent, dans la MRC de Mitis.
Sainte-Jeanne-d’Arc a été fondée vers la fin du XIXe siècle, quand les premiers colons s’établissent sur les rives de la Petite-Péribonka. M. William Tremblay y fait ériger le premier moulin à farine en 1902, après quoi des colons venus de Jonquière, de Roberval, de Péribonka, d’Ottawa et même de France s’y installent.
La paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc est donc constituée en 1922 avec la célébration de la première messe dans sa nouvelle église de Sainte-Jeanne-d’Arc, érigée sur un promontoire. Le nom de la municipalité fut choisi suite à la canonisation de Jeanne-d’Arc en 1920. En 1924, la municipalité de la paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc obtient ses lettres patentes et en 1949, est constitué civilement le village de Sainte-Jeanne-d’Arc, détaché de la paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc. Pourtant, en 1970, les deux unités administratives fusionnent.
En 1934, un violent incendie détruit l’église, l’école du village et le presbytère.
Sainte-Jeanne-d’Arc est une municipalité rurale et agricole.
À Sainte-Jeanne-d’Arc, on peut visiter l’attrait principal du village, le Vieux moulin hydraulique, un moulin typique de l’ère de la colonisation (on comptait plus de deux cents moulins construits vers cette période au Québec). Il fut à la base du développement de la municipalité en raison de sa génératrice qui a permit de fournir de l’électricité aux résidents. Un autre exemple du patrimoine historique est le pont couvert de Sainte-Jeanne-d’Arc, construit en 1936 sur la rivière Noire et restauré en 1995.
Depuis 2003, un tronçon de la Véloroute des Bleuets, implantée autour du Lac Saint-Jean, passe par Ste-Jeanne-d’Arc, la reliant à Dolbeau-Mistassini qui se trouve à environ 11 kilomètres du village.
Historique de la municipalité de village de Sainte-Jeanne-d’Arc
Bien que l’érection canonique de la paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc, qui a donné son nom à cette municipalité du Lac-Saint-Jean, remonte à 1922, l’endroit était desservi comme mission à compter de 1920. C’est pour ce motif d’ailleurs que les lieux ont reçu le nom de Sainte-Jeanne-d’Arc, cette sainte ayant été canonisée la même année. Cette localité agricole prend place à 13 km à l’est de Mistassini, à une distance équivalente de Péribonka, plus au sud, au confluent de la rivière Noire et de la Petite rivière Péribonka. Le réseau hydrographique jeannedarcois comporte le ruisseau Labrecque et la rivière Villeneuve.
Sur le plan municipal, on assiste à l’érection de la municipalité de la paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc en 1924, laquelle fusionnera, en 1970, à la municipalité du village du même nom créée en 1949, pour former l’actuelle entité municipale. Cependant, dès 1908, un contingent de pionniers originaires de Jonquière, de Roberval, de Péribonka et même d’Ottawa et de France s’installeront dans le territoire qui allait devenir Sainte-Jeanne-d’Arc, dans le canton de Dolbeau.
Une scène qui témoigne de la vie des paysans au début du XXe siècle, description par Louis Hémon dans le roman « Maria Chapdelaine »
Cette fois, quand la messe fut terminée, au lieu de visiter des maisons amies ils allèrent au presbytère. Celui-ci était déjà rempli de paroissiens venus de fermes éloignées, car le prêtre canadien n’est pas seulement le directeur de conscience de ses ouailles, mais aussi leur conseiller en toutes matières, l’arbitre de leurs querelles, et en vérité la seule personne différente d’eux-mêmes à laquelle ils puissent avoir recours dans le doute.
— On va dîner d’abord, eh ? fit-il, bonhomme. Vous avez dû prendre de l’appétit sur le chemin, et moi, de dire la messe, ça me donne faim sans bon sens.
Le curé surprit un regard du père Chapdelaine et sembla se rappeler quelque chose ; il se leva en faisant signe à Maria.
— Viens un peu icitte, toué, fit-il.
Et il la précéda dans la pièce voisine, qui lui servait à la fois de salle de réception et de bureau.
Il y avait un petit harmonium contre le mur ; de l’autre côté une table qui portait des revues agricoles, un Code, quelques livres reliés en cuir noir ; aux murs le portrait du Pape Pie x ; une gravure représentant la Sainte-Famille, une planche en couleurs où voisinaient les traîneaux et les moulins à battre d’un fabricant de Québec, et plusieurs affiches officielles contenant des recommandations sur les incendies de forêts ou les épidémies du bétail.
— Alors il paraît que tu te tourmentes sans bon sens, de même ? dit-il assez doucement en se retournant vers Maria.
Elle le regarda avec humilité, peu éloignée de croire qu’en son pouvoir surnaturel de prêtre il avait deviné son chagrin sans que nul ne l’en eût averti. Lui courbait un peu sa taille démesurée et penchait vers elle sa figure maigre de paysan ; car sous sa soutane il avait tout d’un homme de la terre : le masque jaune et décharné, les yeux méfiants, les larges épaules osseuses. Même ses mains dispensatrices de pardons miraculeux étaient des mains de laboureur, aux veines gonflées sous la peau brune. Mais Maria ne voyait en lui que le prêtre, le curé de sa paroisse, clairement envoyé par Dieu pour lui expliquer la vie et lui montrer le chemin.
— Assis-toué là, fit-il en montrant une chaise.
Elle s’assit, un peu comme une écolière qu’on réprimande, un peu comme une femme qui consulte le magicien dans son antre, et attend avec un mélange de confiance et d’effroi que les charmes surnaturels opèrent.