Révolution tranquille au Québec
Maurice Duplessis, 16e premier ministre du Québec et l’une des figures les plus controversées de l’histoire du Québec, meurt en 1959. C’est le Parti libéral de Jean Lesage qui remporte les élections suivantes.
On reconnait désormais le 22 juin 1960 comme un tournant dans l’histoire du Québec. Ce jour-là les Québécois élisent un nouveau gouvernement. Un gouvernement qui s’engageait à réformer et à moderniser la société québécoise.
C’est le début de la «Révolution tranquille». On met en œuvre d’importantes réformes sociales. Aussi le syndicalisme prend de l’ampleur. Le gouvernement annonce la nationalisation de la production et de la distribution de l’électricité. Parallèlement, on note un net recul de l’Église, omniprésente jusqu’en 1960.
Le principal instrument de la révolution allait être un appareil gouvernemental rénové, l’État du Québec. Et son moteur allait être l’énergie et l’ambition du peuple québécois, déjà en fièvre après une domination conservatrice presque continue depuis la fondation de la colonie, plus de trois siècles auparavant.
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La notion de l’État responsable devient le concept clé pour la compréhension du sens de la révolution. On considère alors en effet que les véritables leviers de développement économique doivent être confiés à des institutions étatiques, ce qui favorise le plein épanouissement de la société québécoise. La décennie 1960-1969 est traversée par le sentiment grandissant de la conscience nationale qui laisse son empreinte dans tous les secteurs d’activité, et d’abord dans le domaine de la culture.
Par hasard, peut-être, comme il arrive parfois en politique, en raison de ses qualités personnelles, il devait échoir à Jean Lesage de diriger ce processus. Le premier ministre était qualifié pour la tâche à plus d’un titre: intelligent, bel homme, d’une envergure exceptionnelle, ambitieux, doué d’une voix résonnante qui donnait du poids à ses paroles.
Le biographe de Jean Lesage Dale Thompson écrit dans son ouvrage Jean Lesage et la Révolution tranquille (Trécarré) que Jean Lesage fut, sans aucun doute, le principal architecte de la Révolution. Cependant, selon Thompson, le terme Révolution tranquille n’est pas de Jean Lesage et sa provenance est obscure.
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Un journaliste du Globe an Mail de Toronto l’utilisa après avoir observé les premières semaines de l’administration Lesage. Ces semaines furent lourdes de décisions. Le terme voulait dire que ce qui se passait au Québec était davantage qu’un simple changement du gouvernement. Bref, les choses ne seraient jamais plus ce qu’elles avaient été.
Jean Lesage aima l’expression, mais il se garda toujours de l’employer lui-même, en partie parce qu’il ne jugea pas que son gouvernement et lui-même fussent révolutionnaires, en partie parce qu’il ne voulait pas alarmer le public.
Le projet de la révolution était pourtant sur la planche depuis plusieurs années. Dans le mouvement syndical, dans les chapelles d’universitaires, à Laval, à Montréal, dans une sorte de semi-clandestinité.
* Révolution tranquille
Le terme «dynamisme» devient à la mode au Québec. On considère plusieurs manifestations d’envergure comme des symboles de ce dynamisme:
À titre d’exemples, il suffit de mentionner l’Exposition de 1967 (l’Expo–67), ou encore les Jeux olympiques de Montréal en 1976.
C’est lors de l’Expo-67 que le général de Gaulle s’écrie «Vive le Québec libre!», exclamation qui est diversement appréciée à travers le pays.
Cependant, certains nationalistes québécois critiquent la Révolution tranquille menée par le gouvernement Lesage, la considérant comme trop timide.
À partir de 1963, le Front de libération du Québec se livre à des activités terroristes dirigées contre les symboles du Canada. Ces actions se concluent, en octobre 1970, avec l’enlèvement de l’attaché commercial britannique, M. James Richard Cross, et du ministre du Travail et de l’Immigration, M. Pierre Laporte. Ce dernier est tué par ses ravisseurs, ce qui conduit à la «crise d’Octobre».
En 1975, sous le titre Une certaine Révolution tranquille, le journal La Presse publiait un volume de 350 pages dans lequel 19 de ses journalistes, sous la coordination de Réal Pelletier, furent le premier bilan pour le Québec de ce qu’ils décrivaient comme le « changement le plus important de son histoire ».
Désormais, on ne se dit plus Canadien français mais Québécois. Le changement radical des valeurs religieuses, familiales et sociales permet au Québec d’entrer de plain-pied dans la modernité.