L’utilité des agents secrets

L’utilité des agents secrets

La proclamation aux Canadiens, rédigée par M. Genêt, ministre plénipotentiaire de la République française auprès du gouvernement américain, doit être portée au Bas-Canada. M. Henri Mézières en reçoit la mission. Il porte avec lui des journaux, des chansons et des exemplaires du livre de Thomas Paine sur la révolution française, Les Droits de l’homme.

La guerre entre l’Angleterre et la France fait redoubler la surveillance des frontières et de tous les étrangers. Le 9 septembre 1793, le lieutenant J.H. Schoedde, commandant du fort d’Ontario, informe le capitaine Le Maistre, son supérieur:

« Je reçois l’avis de New York qu’un M. Mézières, lequel a été secrétaire de Genêt, se rend au Bas- Canada avec le dessein de fomenter la division parmi les Canadiens. Il voyage sous un nom supposé que je ne connais pas. Les autorités prennent des mesures. On diffuse le signalement de Mézières: « C’est un émissaire d’une grande adresse, c’est un jeune homme toute à fait propre à répandre les doctrines démocratiques dont il est un partisan enthousiaste et fanatique ».

Mézières se rend jusqu’à la frontière du Bas-Canada et remet la proclamation à Jacques Rous, un citoyen établi à la frontière de l’État de New York. Mézières lui remet également plusieurs imprimés que ce dernier doit porter à Montréal. La lettre de Genêt n’a pas été diffusée parmi la population canadienne, bien que, selon le procureur général James Monk, elle fut lue sur le perron d’une église au sortir de la grand-messe.

Mais Jacques Rous était en fait un agent secret du gouvernement anglais, qui transmit immédiatement tous les renseignements aux autorités britanniques. La première tentative de la France révolutionnaire pour soulever les Canadiens échoue donc lamentablement.

Agents secrets
Batterie de l’artillerie à Québec. James Patterson Cockburn, gravure de l’époque (pour le billet Agents secrets).

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