La Renaissance artistique : Les Renaissances française et italienne : deux origines distinctes
Renaissance artistique : En Italie, la Renaissance fut le produit d’un essor économique de plusieurs siècles des grandes cités marchandes et de Florence en particulier. C’est dans cette ville qu’aux XIVe et XVe siècles les grandes familles bourgeoises enrichies (les Médicis, les Strozzi, les Pitti…) se mirent à rivaliser dans les domaines des constructions somptuaires et du mécénat, suscitant un mouvement plus général.
En France, revanche, la Renaissance fut essentiellement importée et provoquée par le désir des rois de vivre dans un luxe comparable à celui des grands d’Italie. Sans François Ier, protecteur des arts et des lettres, aurait-elle eu lieu? De plus, elle se produit fin XVe – début XVIe siècle, à un moment où la crise économique est déjà latente sinon ouverte. Cette renaissance, est donc quelque peu plaquée sur une réalité sociale beaucoup moins réjouissante, et ne peut donc s’interpréter comme le signe de la prospérité économique. On peut même plutôt penser qu’elle accentue, ou même titre que les guerres extérieures, les difficultés naissantes et rend intolérables, pour les plus pauvres, les difficultés grandissantes de la vie quotidienne.
Importée d’Italie, la Renaissance française s’explique par le désir de luxe et le mécénat des rois et des grands financiers.
Ses origines et sa nature
Comme la Renaissance italienne du quattrocento, elle se manifeste par un renouveau de l’inspiration artistique dans le domaine de l’architecture, de la sculpture et de la peinture. À la suite des guerres d’Italie, menée par Charles VIII, Louis XI et François Ier, le style italien est imité; des artistes de renom sont attirés en France (les plus célèbres étant Léonard et Vinci et le Primatice), et l’Antiquité gréco-romaine revient au goût du jour. Ces « renaissances » proviennent de mécénat des puissants, qui consacrent une partie importante de leur richesse à embellir leur cadre de vie et à acquérir des signes de différenciation sociale : la somptuosité des demeures force le respect et la considération. On assiste aussi, en Italie comme en France, à une transformation radicale de la place de l’art et de l’artiste dans la société : les talents se mettent au service de consommateurs privés, qui les stimulent certes, mais se les réservent afin de satisfaire leurs plaisirs individuels. Cette « privatisation » s’oppose à la forme collective de la production et de la consommation artistique des temps féodaux qui s’étaient exprimées en outre dans la construction de cathédrales et dans la confection de vitraux, dont bénéficiait l’ensemble des populations. Maintenant, les riches palais florentins présentent des façades extérieures austères et se ferment au public, les sculptures et les peintures ne s’offrant qu’aux yeux du ceux qui fréquentent ces demeures.
Les grandes constructions
Chronologiquement, les premières manifestations en sont la construction ou la rénovation des résidences des rois et de quelques grands personnages : c’est le cas du palais de Jacques Cœur construit à Bourges durant les années 1440-1450 par le Grand Argentier de Charles VII. C’est ensuite d’abord l’édification du château d’Amboise, par Charles VIII, de 1492 à 1498, dont il veut faire sa résidence principale, et un haut lieu de rayonnement artistique. À la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, les comtes d’Amboise font reconstruite le château de Chaumont-sur-Loire. Dans les années 1515 – 1522, le Receveur général des Finances Thomas Bohier fait bâtir le château de Chenonceaux; l’influence italienne déjà présente, est accentuée par la suite, quand le château, acquis par le roi de France, sera donné à Diane de Poitiers qui y ajoutera le célèbre pont sur e Cher; par la suite, Catherine de Médicis y fera monter plusieurs étages, donnant au château sa configuration actuelle. De 1518 à 1529, c’est le château d’Azay-le-Rideau, au bord de l’Indre, qui est bâti par le grand financier Gilles Berthelot, dans un style tout à fait représentatif de la nouvelle architecture. De même les châteaux de Saumur, Ussé, Langeais, Loches… sont reconstruits ou modifiés. Mais la réalisation la plus prestigieuse de cette période est sans doute la construction par François Ier du château de Chambord, avec ses célèbres chapiteaux, flèches, cheminées et terrasses, qui débute en 1519, et dont la plus grosse partie est achevée en 1537. François Ier fait également poursuivre l’agrandissement du château de Blois (1515-1524), déjà entrepris par Louis XII en 1498, et surtout entreprend, à partir de 1527, l’édification du château de Fontainebleau, qui sera poursuivie par Henri IV, à la fin du siècle.
L’École de Fontainebleau
En rapport étroit avec la construction de ce dernier château se développe le nouveau genre artistique autour de l’École dite « de Fontainebleau ». Elle résulte de la présence de nombreux créateurs italiens appelés par François Ier (le Primatice, le Rosso, Pellegrini, Majorici, Nicolo Dell’Abate… eux-mêmes inspirés par les grands maîtres comme Michel-Ange et Raphaël) et qui influencent les architectes, peintres et sculpteurs français. Les plus célèbres sont : Jean Goujon (1510 – 1569), qui orne en particulier l’église Saint-Maclou de Rouen, celle de Saint-Germain l’Auxerrois, à Paris, puis devient l’architecte de Henri II, décore le Louvre, réalise une « Diane chasseresse et construit la fontaine des innocents à Paris; Antoine Caron (1521 – 1599), qui devient le peintre de Catherine de Médicis, dessine une « Histoire des rois de France », et réalise de nombreux tableaux, tels « le Triomphe du printemps » ou « Le Massacre des triumvirs »); Germain Pilon (1537 – 1590), qui orne le tombeau de François Ier, sculpte les « Trois Grâces » portant le cœur de Henri II, travaille avec le Primatice, devient sculpteur du roi en 1568, exécute un grand nombre d’œuvres inspirées par la religion, et est nommé contrôleur général des monnaies en 1572; Jean Cousin (1490 – 1561), dit le Père, qui peint sur le verre et réalise des tapisseries ainsi que son célèbre « Eva Prima Pandora », et son fils également prénommé Jean (1522 – 1594) qui subit les mêmes influences et produit en particulier un « Jugement dernier ».
Les Clouet
Dans un style différent, Jean Clouet (1475 – 1541) s’illustre par ses talents de portraitiste, qu’il peut exercer en tant que peintre de François Ier, on lui doit, outre plusieurs peintures célèbres du roi et de son entourage, des portraits de Guillaume Budé, d’Érasme, et de nombreuses miniatures, Son fils François (1520 – 1572) reprend sa fonction, et réalise, en particulier, les portraits d’Henri II, de Charles IX, de Marguerite de Valois.
Bernard Palissy (1510 – 1590)
Il est d’abord verrier, puis potier, et cherche à découvrir le procédé de fabrication des faïences émaillées. Emprisonné à Bordeaux pour ses opinions protestantes, il est libéré par Catherine de Médicis, puis doit s’enfuir au moment de la Saint-Barthélemy.
Les effets économiques de la Renaissance
Le mécénat des grands est économiquement improductif, car les sommes dépensées ne servent pas à accroître la production des biens de consommation courante et détourne les esprits de la recherche de nouvelles techniques de production. La Renaissance aggrave ainsi une crise économique qui en est aussi partiellement la cause: c’est bien, en partie, par manque de débouchés à la production que les riches marchands préfèrent la consommation somptueuse à l’investissement productif.
Deux grands musiciens
Josquin des Près (vers 1440 – 1521 ou 1524), inspiré par ses séjours en Italie et en Flandre compose plus de 30 messes, dont sa Pange Lingua et en célèbre Miserere, 70 motets, 90 chansons, Surnommé le Prince de la musique, il est le maître de la musique polyphonique de la Renaissance et servira de modèle durant les siècles à venir.
Clément Janequin (vers 1485 – 1558), compositeur personnel de Henri II, est l’auteur de messes, motets et psaumes, mais aussi de très nombreuses chansons profanes, narratives, galantes, poétiques ou l’imitation de la nature (La Bataille de Marignan, Les Cris de Paris, le Chant des oiseaux).
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