Règne de Charles X

Le règne de Charles X – Un souverain d’Ancien Régime

Très proche des milieux catholiques intransigeants, Charles X (1824-1830) conserve Villèle à la tête du gouvernement et accentue la politique conservatrice de Louis XVIII.

À la mort de Louis XVIII, le 16 septembre 1824, son frère le comte d’Artois, hostile à toute réforme au temps de Louis XVI, lui succède sous le nom de Charles X.

Sacré à Reims en mai 1825, il peut s’appuyer sur une très forte majorité à la Chambre des Députés élue en février 1824 (la Chambre retrouvée). Elle a déjà, avant la mort de Louis XVIII, adopté la Loi de septennalité (juin 1824), qui substitue au système des renouvellements partiels celui d’élections générales tous les sept ans.

Une politique conservatrice

En 1825, le Chambre retrouvée vote des lois religieuses favorisant les communautés religieuses et prévoyant la peine de mort en cas de sacrilège, ainsi que la loi d’indemnisation des anciens émigrés dont les terres ont été confisquées pendant la Révolution (le « milliard des émigrés »). Mais cette mesure est mal accueillie aussi bien par ceux qui refusent toute indemnité que par ceux qui la jugent trop timide.

Villèle, Martignac et Polignac

Puis, fin 1826, Villèle tente de réduire encore la liberté de la presse en augmentant le droit de timbre et les amendes et en obligeant le dépôt des livres au ministère de l’Intérieur avant publication. Mais l’opposition à ce projet est telle qu’il doit y renoncer.

Devant l’opposition conjuguée des Ultras et des Libéraux, Villèle obtient du roi la dissolution de la Chambre (novembre 1827). Mais les élections, bien préparées par l’opposition libérale, sont un échec pour le gouvernement et les Ultras, malgré des conditions de vote qui leur sont favorables : majoritaires en voix, les Libéraux ont 180 élus, les partisans du gouvernement moins de 200 et les Ultras 75.

Ne parvenant pas à constituer un gouvernement, Villèle démissionne le 3 janvier 1828. Martignac, ministre de l’Intérieur, lui succède et tente un rapprochement avec la bourgeoisie libérale. Mais sont projet de libéralisation de la presse n’aboutit pas, et il n’obtient que des ordonnances réduisant le contrôle de l’Église sur l’enseignement (juin 1828). En fait, Charles X désire appeler son ami le prince de Polignac auquel Villèle s’est opposé. Les difficultés de ce dernier, puis de Martignac, lui permettent alors de réaliser son projet bien que Polignac soit très impopulaire même parmi les royalistes, et jugé peu compétent.

Après la nomination de Polignac (août 1829), Charles X prononce un discours du Trône, lors de la réunion de la Chambre (2 mars 1830), par lequel il exprime nettement son désir de ne pas tenir compte de l’éventuelle opposition des députés. Ceux-ci répondent par le vote d’une Adresse anti-gouvernementale qui recueille 221 voix.

La montée de l’opposition

Charles X réplique en dissolvant la Chambre, mais les nouvelles élections de juillet 1830 dégagent une nette majorité de députés hostiles au gouvernement. Par ailleurs, l’opposition républicaine et celle de monarchistes constitutionnels favorables au Duc d’Orléans s’organisent dans le pays.

Surestimant sa popularité, Charles X décide de remettre en cause le régime constitutionnel par les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 : dissolution de l’Assemblée; révision de la loi électorale pour réserver le droit de vote aux grands propriétaires fonciers; suppression de la liberté de la presse; nouvelles élections le mois suivant.

Ces décisions provoquent l’insurrection parisienne des 27, 28 et 29 juillet 1830 (les « Trois glorieuses »).

Charles X, qui s’est enfui à Rambouillet, annule les ordonnances, renvoie Polignac et abdique en faveur de son petit-fils. Mis heure est passée : La Fayette a été nommé commandant de la Garde nationale et une commission municipale, siégeant à l’Hôtel de Ville, a nommé le Duc d’Orléans, Louis-Philippe, lieutenant général du royaume. Celui-ci présente l’avantage d’être un Bourbon, descendant d’un frère de Louis XIV, mais aussi d’avoir combattu du côté des Français à Valmy et à Jemmapes.

Sous l’influence de Thiers (qui souhaite une monarchie parlementaire où le roi « règne mais ne gouverne pas »), de Guizot et de De Broglie, les députés présents à l’Assemblée le 3 août élisent Louis-Philippe roi des Français et modifient dans un sens libéral la Charte de 1814 : la possibilité pour le roi de gouverner par ordonnance est supprimée (article 14), le cens électoral abaissé, le drapeau tricolore rétabli, le catholicisme cesse d’être une religion d’État.

Alors que Charles X se réfugie en Grande-Bretagne, Louis-Philippe prête serment de fidélité à la nouvelle Charte le 9 août 1830.

 Les « Trois Glorieuses »

Après les ordonnances du 25 juillet 1830, et les mesures contre la liberté de la presse, l’insurrection débute dans les imprimeries investies par la police et dégénère en combats de rue opposant ouvriers, étudiants et républicains aux troupes du général Marmont. Après trois jours d’affrontements qui ont fait environ mille victimes, les insurgés, d’abord retranchés derrière les barricades du quartier Saint-Antoine, contrôlent la capitale.

Voir aussi :

Charles X Un souverain d’Ancien Régime      Très proche des milieux catholiques intransigeants, Charles X (1824-1830) conserve Villèle à la tête du gouvernement et accentue la politique conservatrice de Louis XVIII.    À la mort de Louis XVIII, le 16 septembre 1824, son frère le comte d’Artois, hostile à toute réforme au temps de Louis XVI, lui succède sous le nom de Charles X.    Sacré à Reims en mai 1825, il peut s’appuyer sur une très forte majorité à la Chambre des Députés élue en février 1824 (la Chambre retrouvée). Elle a déjà, avant la mort de Louis XVIII, adopté la Loi de septennalité (juin 1824), qui substitue au système des renouvellements partiels celui d’élections générales tous les sept ans.    Une politique conservatrice   En 1825, le Chambre retrouvée vote des lois religieuses favorisant les communautés religieuses et prévoyant la peine de mort en cas de sacrilège, ainsi que la loi d’indemnisation des anciens émigrés dont les terres ont été confisquées pendant la Révolution (le « milliard des émigrés »). Mais cette mesure est mal accueillie aussi bien par ceux qui refusent toute indemnité que par ceux qui la jugent trop timide.    Villèle, Martignac et Polignac   Puis, fin 1826, Villèle tente de réduire encore la liberté de la presse en augmentant le droit de timbre et les amendes et en obligeant le dépôt des livres au ministère de l’Intérieur avant publication. Mais l’opposition à ce projet est telle qu’il doit y renoncer.    Devant l’opposition conjuguée des Ultras et des Libéraux, Villèle obtient du roi la dissolution de la Chambre (novembre 1827). Mais les élections, bien préparées par l’opposition libérale, sont un échec pour le gouvernement et les Ultras, malgré des conditions de vote qui leur sont favorables : majoritaires en voix, les Libéraux ont 180 élus, les partisans du gouvernement moins de 200 et les Ultras 75.          Ne parvenant pas à constituer un gouvernement, Villèle démissionne le 3 janvier 1828. Martignac, ministre de l’Intérieur, lui succède et tente un rapprochement avec la bourgeoisie libérale. Mais sont projet de libéralisation de la presse n’aboutit pas, et il ne obtient que des ordonnances réduisant le contrôle de l’Église sur l’enseignement (juin 1828). En fait, Charles X désire appeler son ami le prince de Polignac auquel Villèle s’est opposé. Les difficultés de ce dernier, puis de Martignac, lui permettent alors de réaliser son projet bien que Polignac soit très impopulaire même parmi les royalistes, et jugé peu compétent.    Après la nomination de Polignac (août 1829), Charles X prononce un discours du Trône, lors de la réunion de la Chambre (2 mars 1830), par lequel il exprime nettement son désir de ne pas tenir compte de l’éventuelle opposition des députés. Ceux-ci répondent par le vote d’une Adresse anti-gouvernementale qui recueille 221 voix.    La montée de l’opposition   Charles X réplique en dissolvant la Chambre, mais les nouvelles élections de juillet 1830 dégagent une nette majorité de députés hostiles au gouvernement. Par ailleurs, l’opposition républicaine et celle de monarchistes constitutionnels favorables au Duc d’Orléans s’organisent dans le pays.    Surestimant sa popularité, Charles X décide de remettre en cause le régime constitutionnel par les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 : dissolution de l’Assemblée; révision de la loi électorale pour réserver le droit de vote aux grands propriétaires fonciers; suppression de la liberté de la presse; nouvelles élections le mois suivant.    Ces décisions provoquent l’insurrection parisienne des 27, 28 et 29 juillet 1830 (les « Trois glorieuses »).    Charles X, qui s’est enfui à Rambouillet, annule les ordonnances, renvoie Polignac et abdique en faveur de son petit-fils. Mis heure est passée : La Fayette a été nommé commandant de la Garde nationale et une commission municipale, siégeant à l’Hôtel de Ville, a nommé le Duc d’Orléans, Louis-Philippe, lieutenant général du royaume. Celui-ci présente l’avantage d’être un Bourbon, descendant d’un frère de Louis XIV, mais aussi d’avoir combattu du côté des Français à Valmy et à Jemmapes.    Sous l’influence de Thiers (qui souhaite une monarchie parlementaire où le roi « règne mais ne gouverne pas »), de Guizot et de De Broglie, les députés présents à l’Assemblée le 3 août élisent Louis-Philippe roi des Français et modifient dans un sens libéral la Charte de 1814 : la possibilité pour le roi de gouverner par ordonnance est supprimée (article 14), le cens électoral abaissé, le drapeau tricolore rétabli, le catholicisme cesse d’être une religion d’État.    Alors que Charles X se réfugie en Grande-Bretagne, Louis-Philippe prête serment de fidélité à la nouvelle Charte le 9 août 1830.    Les « Trois Glorieuses »   Après les ordonnances du 25 juillet 1830, et les mesures contre la liberté de la presse, l’insurrection débute dans les imprimeries investies par la police et dégénère en combats de rue opposant ouvriers, étudiants et républicains aux troupes du général Marmont. Après trois jours d’affrontements qui ont fait environ mille victimes, les insurgés, d’abord retranchés derrière les barricades du quartier Saint-Antoine, contrôlent la capitale.    Illustration: Première locomotive tubulaire de Marc Seguin, 1827. La fin du règne de Charles X voit l’ouverture de la première ligne de chemin de fer: St-Étienne-Andrézieux (1828), servant à tansporter le charbon. La mise au point en 1827 d’une nouvelle locomotive à chaudière tubulaire permettra de généraliser l’usage de la vapeur. La France pourtant ne comptera que 52 kilomètres de voies ferrées en 1834. (Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris.)
Illustration : Première locomotive tubulaire de Marc Seguin, 1827. La fin du règne de Charles X voit l’ouverture de la première ligne de chemin de fer: St-Étienne-Andrézieux (1828), servant à transporter le charbon. La mise au point en 1827 d’une nouvelle locomotive à chaudière tubulaire permettra de généraliser l’usage de la vapeur. La France pourtant ne comptera que 52 kilomètres de voies ferrées en 1834. (Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris.) Image libre de droit.

1 réflexion au sujet de “Règne de Charles X”

  1. Vers 1980, j’ai visité la propriété de la famille Villèle à l’Ile de la Réunion. Elle était ouverte au public (pour des raisons financières ?). Mais l’ambiance était visiblement organisée pour faire comprendre que les gens ordinaires devaient comprendre qu’ils n’étaient là que grâce à la bonté des propriétaires portant encore le nom de leur illustre ancêtre, responsable direct d’un échec social, économique (le « milliard des émigrés« ) et politique. Le conservatisme, cela existe vraiment.

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