Le référendum de 1995 : L’argent et les votes ethniques

Référendum de 1995 : L’argent et des votes ethniques

Référendum de 1995 : Le 30 octobre 1995, M. Parizeau a accusé l’«argent et des votes ethniques » comme les deux facteurs principaux de l’échec du référendum. La partie « des votes ethniques » a fait couler beaucoup d’encre depuis, mais un mois avant la tenue du référendum, Jacques Parizeau a déjà expliqué aux Québécois comment il voyait se dessiner la campagne référendaire. Peu après le discours de Claude Garcia, ancien président de Standard Life et ténor du NON, exhortant les libéraux à écraser les souverainistes, M. Parizeau a abordé de front la question de l’argent :

Nos adversaires ont tout l’argent du Canada, nous avons tous les amis du Québec… Vous sentez que le vent tourne, que les femmes et les hommes que vous rencontrez sont plus ouverts qu’auparavant. Leur vision du Camp du Non a changé. Ils commencent à craindre les conséquences d’un Non. Pourquoi? Parce que, depuis deux semaines, nos adversaires se sont démasqués.

Il est devenu de plus en plus clair que le Non représente aujourd’hui des forces qui, à travers notre histoire récente, ont voulu garder le Québec en arrière, ont voulu garder le Québec petit. Le camp do Non s’est transformé sous nos yeux. Il est devenu le club des milliardaires, le club des privilégiés, arrogants et menaçants. Avant, c’était le Brinks et la Sun Life qui disaient aux Québécois de s’écraser. Aujourd’hui, c’est la Standard Life et Laurent Beaudoin. On a vu leur chef de file, cette semaine, sortir de l’ombre : M. Paul Desmarais, le président de Power Corporation.

Car il faut se rendre compte : il y a quelques années, sous Robert Bourassa, on avait au Québec, l’État Provigo. C’était pas mal, c’était sympathique, un coup de chapeau à l’entrepreneurship québécois, qui entrait dans l’arène politique.

Mais aujourd’hui, avec Jean Chrétien et Daniel Johnson, le Non, c’est l’État Desmarais. Desmarais, qui n’est pas investi un seul million au Québec depuis 10 ans. Desmarais, qui fait fortune ici, mais qui a utilisé ses profits réalisés au Québec pour investir massivement à l’étranger. Desmarais, que l’ancien employé, Daniel Johnson remerciait cette semaine – remerciait – pour sa décision courageuse d’avoir gardé son siège social au Québec ces dernières années. Desmarais, qui avait propulsé la carrière politique de Pierre Trudeau, puis celle de Jean Chrétien.

Aujourd’hui, cette entreprise est au cœurs du camp du Non. Le vice-président de Paul Desmarais et ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, John Rae, est un des principaux stratèges du camp du Non. Le seul emploi que Daniel Johnson ait jamais occupé dans sa vie fut d’être le conseiller de Paul Desmarais. Son ami Paul Martin est un ancien employé de Paul Desmarais. Et, bien sûr, aux réunions familiales des Desmarais, il y avait Jean Chrétien.

Pour Jean Chrétien et Daniel Johnson, ceux qu’il faut écouter et obéir, ce ne sont pas les Québécoises et les Québécois, ce ne sont pas les représentants dûment élus, c’est la famille Desmarais. Alors ne vous étonnez pas, samedi prochain : Jean Chrétien a invité à Montréal le premier ministre chinois Li Peng. Il lui a organisé un beau programme. Il lui a organisé une rencontre privée : pas avec le président de la Banque nationale, d’Hydro-Québec ou de Cascades, par avec le ministre québécois du Commerce extérieur ou le maire de Montréal, mais avec la famille Desmarais. »

On peut constater qu’un mois avant la tenue du scrutin, le chef du Parti québécois a clairement expliqué ce qu’il pensait du rôle de l’argent.

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Rue Notre-Dame à Québec. Illustration : Histoire-du-Québec.ca.

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