Rapport Allaire : Le rapport Allaire, c’est la destruction du Canada, dit Clyde Wells
En vacances à l’étranger lors de la publication du rapport Allaire, le premier ministre de Terre-Neuve Clyde Wells, s’est empressé, le 4 février 1991, de commenter la proposition constitutionnelle à l’étude chez les libéraux du Québec.
M. Wells a jugé sévèrement sur la réforme du fédéralisme canadien. Si ces propositions s’appliquent à toutes les provinces du Canada, on élimine la nation canadienne. On réduit le Canada à une alliance économique et militaire entre dix États relativement insignifiants sur la scène mondiale. Ainsi a déclaré M. Wells au cours d’une entrevue téléphonique avec le quotidien montréalais La Presse.
Le rapport Allaire, c’est la destruction de la nation canadienne. Je ne crois pas que cela soit acceptable au peuple canadien. Ça ne l’est pas pour moi, en tout cas. Je ne crois pas que cela le soit pour la population de Terre-Neuve, a ajouté M. Wells.
Si, par contre, les recommandations du comité Allaire ne visent que le Québec pendant que le reste du Canada demeure inchangé, ce n’est guère mieux.
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Cela place une province dans une situation tout à fait privilégié. Par conséquent, cela met un terme à l’égalité entre les citoyens. Le citoyen du Québec serait dans une position tout à fait différente de ceux des autres provinces, a soutenu le premier ministre de Terre-Neuve.
Selon lui, il est peu probable que les habitants des autres provinces du Canada acceptent une telle réforme. Surtout si on en juge par leur réaction à l’accord du lac Meech, une entente qui allait dans le même sens. C’est la destruction du Canada, lance-t-il d’une voix grave.
Si le Québec veut l’indépendance, c’est son droit. Mais j’aimerais convaincre les Québécois de demeurer au sein du Canada sur le même pied que les autres provinces. Tout en tenant compte de leur culture, de conclure M. Wells.
Pour parvenir à une telle entente, le gouvernement de Terre-Neuve est même prêt à renoncer au principe de l’unanimité des provinces en vue de modifier la formule d’amendement de la constitution. L’accord de sept provinces regroupant 50% de la population est bien suffisant, affirme-t-il.
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Cela étant dit, M. Wells ne veut plus être perçu comme l’empêcheur de tourner en rond. En dépit de ce qu’il pense des propositions du Parti libéral du Québec, il se dit prêt à reprendre les discussions avec ses collègues premiers ministres. Mais il faudra y mettre une fin un jour, laisse-t-il tomber d’une voix lasse.
D’ici ce temps-là, c’est business as usual avec le Québec. Vous savez, je ne suis pas un homme déraisonnable. À Ottawa de jouer maintenant, sans attendre les recommandations de la Commission Bélanger-Campeau, culmine Clyde Wells, l’homme qui a sonné le glas de l’accord du lac Meech.