Deux nouveaux raids nazis tiennent la population de Londres éveillée cette nuit (le 28 août 1940)
Raids nazis : Сe texte témoigne de la férocité des combats lors de la bataille de la Grande-Bretagne en août 1940, quand les nazis allemands forts de leur alliance avec l’Italie et l’URSS de Staline ont lancé une vaste offensive contre la Grande-Bretagne :
Les Britanniques poursuivent leur offensive aérienne contre l’Allemagne et l’Italie. – Trois avions allemands abattus, lundi. – Bombes anglaises sur Leipzig et Francfort
Londres, mercredi 28 août 1940. – Les avions de guerre de Hitler ont envoyé, deux fois cette nuit, les Londoniens qui cherchaient à prendre un peu de sommeil, après la nuit blanche qu’ils eurent de lundi à mardi, dans leurs abris anti-bombes. Deux alertes ont, en effet, été sonnées, cette nuit : l’une, tard hier soir; l’autre, de bonne heure ce matin. Les appareils ennemis ont jeté quelques bombes incendiaires mais ils n’ont pas réussi à pénétrer le système de défense de la capitale de l’empire. Les raiders ont aussi survolé d’autres régions très vastes de l’Angleterre et du pays de Galles, à la fin d’une journée où ils avaient été très peu actifs et durant laquelle ils s se firent descendre trois avions. Les Britanniques n’en perdirent aucun.
En autant que l’on peut parler du centre de Londres, il n’a pas été affecté cette nuit. Ses millions d’habitants n’ont pas pu dormir et ce fut tout. Ils ont d’ailleurs accueilli avec beaucoup de flegme les dangereux visiteurs. Les batteries de projecteurs et de canons contre-avions ont aussi été beaucoup moins actives cette nuit que la nuit dernière. Beaucoup de gens ont refusé de quitter leurs lits.
À un moment donné, on pu voir d’immenses lueurs, provoquées par des explosions de bombes, dans le lointain. On aperçut aussi la silhouette noire d’un avion nazi sur un fond rouge sang. Il semble qu’un incendie faisait rage quelque part.
Dans une région de la périphérie de Londres, l’ennemie a jeté des bombes incendiaires sans causer aucun dommage. Ailleurs, cependant, il y a eu des feux d’allumés. Ils furent tous rapidement maitrisés.
Le premier raid qui dura environ 2 heures 30 minutes prit fin juste avant minuit. Un peu après minuit, une seconde alerte était sonnée. Elle ne dura qu’une heures.
Les pilotes allemands opéraient isolément ou par petits groupes.
En même temps que Londres connaissait les horreurs de la blitzkrieg, des raids étaient aussi effectués par les nazis au-dessus de presque toute l’Angleterre et du pays de Galles.
Des bombes sont tombées au nord d’une ville de Midlands. Dans la même région, on a rapporté qu’il y avait des Allemands au-dessus de plusieurs localités. Dans une ville du nord-est, un appareil nazi, volant à une faible altitude mitrailla un train. Il n’y a pas eu de victimes.
Peu de temps après la fin de la seconde alerte à Londres, on entendait encore des bruits d’explosions dans la région de la capitale, ce qui indiquait que les nazis n’avaient pas encore abandonné la lutte.
Dans le sud-est de l’Angleterre, deux églises ont été touchées par des bombes incendiaires.
On a rapporté qu’un appareil ennemi a été descendu dans le sud-ouest de l’Angleterre. Un appareil nazi a jeté une bombe explosive sur une ville du nord-est de l’Écosse et plusieurs bombes incendiaires dans les jardins. Une ville de Midlands a eu l’alerte la plus longue de la guerre au cours de la nuit. On y a entendu des explosions et plus de cent bombes incendiaires tombèrent en rase campagne, à proximité de ses murs.
Des raids ont tenu le sud-est de l’Angleterre éveillé presque toute la nuit. Un gros incendie a été allumé, mais il a été maîtrisé en moins d’une heure. Ce matin, une ville du nord-ouest a été éveillée par des explosions de bombes et par le feu des canons contre-avions.
Nouvelle attaque contre Londres
Après une journée relativement paisible, au cours de laquelle le gouvernement anglais a annoncé qu’il avait décidé de lancer une puissante offensive aérienne contre la force militaire et l’industrie de l’axe Rome-Berlin, offensive qui a déjà reçu un commencement d’exécution, la bataille de Grande-Bretagne a repris, ce soir, dès de la nuit, avec sa folie habituelle.
Des bombardier nazis sont revenus au-dessus de Londres, à la même heure pratiquement qu’ils l’ont fait, lundi. Tout indique qu’ils n’ont pas changé la tactique et que, comme hier, ils vont se remplacer toute la nuit exécuter une ronde infernale_autour de la région métropolitane qu’ils ont survolée, six heures durant, ce matin.
Des lueurs que l’on voit dans le lointain indiquent que les agresseurs jettent des bombes.
Des obus lancés par les canons des batteries contre-avions, explosent tout autour de la Cité.
Londres reste calme et conserve sa bonne humeur.
L’offensive anglaise
Plusieurs communiqués que le ministre de l’Air a publiés, aujourd’hui, ont levé un coin de voile sur l’activité incessante de l’aviation anglaise qui s’attaque avec de plus en plus de vigueur au cœur même du système industriel de l’axe Rome-Berlin de même qu’à de nombreux objectifs purement militaires. Ainsi, depuis hier, 27 aéroports ennemis ont été pris comme cibles, en Allemagne, en Hollande et en Belgique.
Les communiqués de Londres ne parlent pas de Berlin qui a eu une alerte de 40 minutes, ce matin, mais ils disent que le gros des escadrilles d’attaque de la Grande-Bretagne a, au cours de la dernière nuit, dirigé ses coups contre le nord de l’Italie et des raffineries de pétrole, situées près de Leipzig et de Francfort. À Francfort encore, une avionnerie et une usine de munitions ont été bombardées avec succès.
Selon ce que rapportent les pilotes britanniques qui ont participé au raid en Italie, l’usine Fiat de Turin, laquelle fabrique des avions, des chars d’assaut et des moteurs d’automobiles, a été si bien mise en feu que l’immense lueur de l’incendies vagues d’avions anglais qui participent à l’attaque massive.
La fabrique de magnétos Marelli, située près de Milan, a aussi été gravement atteinte. Un pilote a dit à ce sujet : « La première volée de bombes alluma quatre incendies et provoqua deux explosions. La seconde provoqua des explosions dont les lueurs étaient d’un blanc et d’un bleu intenses. La troisième volée alluma quatorze feux. »
Les Londoniens qui ont passé six heures, la nuit dernière, dans leurs abris et qui n’en sont sortis qu’avec l’aurore ont appris, cet après-midi qui les raiders nazis ont bombardé un quartier de la banlieue du centre de Londres. D’autres bombes jetées par une cinquante d’avions ennemis qui venaient isoléement ou par petits groupes, sont aussi tombées dans les faubourgs. Les dommages sont insignifiants et le nombre des morts est très peu élevé.
Pendant l’attaque contre la capitale, il y avait d’autres assauts de livrés contre le nord-est et le sud-ouest de l’Angleterre. Dans une ville du sud-ouest au moins cinquante bombes ont explosé durant la nuit. Plusieurs personnes y ont été tuées.
Une ville du nord-est a reçu la visite d’environ quarante appareils ennemis. Ils y détruisirent deux magasins et y tuèrent deux personnes.
Les porte-parole britannique disent maintenant que la Grande-Bretagne et l’Allemagne doivent s’attacher à résoudre le problème suivant : trouver un avion de chasse qui sera capable d’intercepter les bombardiers ennemis, la nuit.
Ils disent encore que les raids nocturnes de l’aviation allemande au-dessus de la Grande-Bretagne ne donnent aucun résultat militaire et qu’ils ne font qu’ennuyer la population.
La défense de Londres
Londres, capitale de l’empire britannique qui ne se trouve plus qu’à 20 minutes de vol des bases aériennes que les nazis ont en France, disposent de cinq lignes de défense pour se protéger contre les attaques de l’aviation ennemie.
- Elle a d’abord ses escadrilles de bombardement qui attaquent les bases allemandes et d’autres objectifs militaires dans le Reich et ailleurs, ce qui réduit considérablement la puissance d’offensive de l’axe Rome-Berlin.
- Elle a ensuite les avions de chasse qui travaillent de concert avec des postes d’observation disséminés dans tout le pays et qui doivent faire rebrousser chemin aux raiders avant qu’ils n’atteignent la capitale.
- Elle a ses batteries de projecteurs et ses batteries de canons contre avions qui ne laissent pas un instant de répit aux agresseurs, une fois qu’ils sont dans le ciel et la région métropolitaine.
- Elle a son barrage de ballons qui montent dans la nuit de longs câbles d’acier sur lesquels viennent se briser les appareils ennemis qui tentent de voler à une faible altitude pour mieux choisir leurs cibles.
- Elle a enfin ses nombreuses escadrilles de Spitfire et de Hurricane qui ont démontré, jusqu’ici, qu’ils étaient capables de porter des coups mortels à l’aviation du maréchal Goering.
Les Britanniques, analysant sans cesse la situation à mesure que des faits nouveaux y apportent des changement intéressants, continuent d’avoir confiance que ce système de défense imposant qui, jusqu’ici n’a pas donné tout ce qu’il pouvait, pourra combattre efficacement les vagues d’avions ennemis qui viendront certainement, un jour ou l’autre, tenter de détruire de fond en comble cette capitale.
Il y a un autre facteur sur lequel les Londoniens comptent beaucoup pour se défendre contre les avions nazis: c’est le mauvais temps qu’approche et qui, dans quelques semaines, étendra sur leur grande ville le voile protecteur de ses brouillards, célèbres dans le monde entier.
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