Progrès de la Nouvelle-France entre 1662 et 1689
D. Qu’y eut-il de remarquable à la fin de l’année 1662 ?
R. La fin de cette année et une partie de la suivante furent remarquables par une suite de violents tremblements de terre et de plusieurs phénomènes, qui jetèrent l’épouvante dans la colonie et produisirent la conversion de plusieurs pécheurs endurcis.
D. Par qui M. d’Avaugour fut-il remplacé dans le gouvernement de la colonie ?
R. Par M. de Mésy, qui arriva à Québec au printemps de l’année 1663. Ce fut cette même année que le gouvernement royal fut établi dans le Canada. L’édit de création portait que le conseil serait composé du gouverneur général, de l’évêque, de l’intendant, de quatre conseillers, d’un procureur général et d’un greffier en chef.
D. Pourquoi M. de Mésy fut-il rappelé en France ?
R. Pour s’être brouillé avec l’évêque et les principaux employés de la colonie. Il eut pour successeur Daniel de Rémi, seigneur de Courcelles, officier de mérite et d’expérience.
D. En quelle année le marquis de Tracy fut-il nommé vice-roi en Amérique
R. Ce fut en l’année 1665; il arriva à Québec au mois de juin de la même année, avec quelques compagnies du régiment de Carignan.
Le reste du régiment arriva avec M. de Salières, qui en était colonel, sur une escadre qui portait aussi MM. de Courcelles et Talon, un grand nombre de familles, quantité d’artisans et d’engagés, les premiers chevaux qu’on ait vus en Canada, des bœufs, des moutons, etc., en un mot, une colonie plus considérable que celle qu’on venait renforcer.
D. Que fit le vice-roi pour garantir la colonie des incursions des Iroquois ?
R. Il fit construire trois forts: le premier à Sorel, le second à Chambly, et le troisième à Sainte-Thérèse. Ces ouvrages, qui furent exécutés avec une diligence extrême, intimidèrent d’abord les Iroquois, surtout les Agniers, et leur bouchèrent le passage principal et ordinaire pour entrer dans la colonie, mais ces barbares ne tardèrent pas à s’en ouvrir plusieurs autres.
D. Où le vice-roi porta-t-il la guerre ensuite ?
R. Il la porta chez les Agniers. Son armée était composée de 600 soldats du régiment de Carignan, un pareil nombre de Canadiens et environ 100 sauvages de différentes tribus. Les Agniers, effrayés de l’approche des Français, abandonnèrent leurs villages et allèrent se mettre à couvert dans des lieux où il ne fut pas possible de les atteindre. On s’en vengea sur leurs cabanes qu’on brûla. Après cette expédition, le marquis de Tracy s’embarqua pour la France.
D. Quel arrêt le Conseil Supérieur rendit-il en Septembre 1667 ?
R. Il rendit un arrêt portant que les dîmes ne seraient levées-qu’au vingt-sixième et qu’elles seraient payées en grains. Vers le même temps, les Pères Garnier, Bruyas, Millet et Carheil, jésuites, s’établissaient, comme missionnaires, dans les cantons iroquois, et les Pères Dablon, Marquette, Allouez et autres, allaient visiter des tribus sauvages jusqu’alors inconnues : les Poutéouatamis, les Mimis, les Outagamis, les Sakvt, les Illinois, etc., et se fixaient au saut Sainte-Marie et sur les bords des grands lacs Supérieur et Michigan.
D. En quelle année Québec fut-il érigé en évêché ?
R. Ce fut en l’année 1670. Le roi (Louis XTV) avait consenti, à la fin, que cet évêché dépendît immédiatement du Saint Siège, mais sans cesser d’être uni à l’église de France.
D. Qu’elle était la conduite des chrétiens de Montréal vers le même temps
R. Toute l’île de Montréal, dit le Père Charlevoix, ressemblait à une communauté religieuse, parce que l’on avait eu, dès le commencement, une attention particulière à n’y recevoir que des habitants d’une conduite exemplaire. Ils étaient, d’ailleurs, les plus exposés aux courses des Iroquois, et, ainsi que les Israélites au retour de la captivité de Babylone, ils s’étaient obligés, en bâtissant leurs maisons et en défrichant leurs terres, d’avoir presque toujours leurs outils d’une main, et leurs armes de l’autre, pour se défendre d’un ennemi qui ne faisait la guerre que par surprise. Quelle conduite M. de Courcelles tint-il à l’égard de trois soldats français qui avaient enivré un chef iroquois et l’avaient ensuite assassiné.
R. Il fit casser la tête aux assassins en présence des Iroquois qui étaient venus se plaindre au gouverneur. Pendant que M. de Courcelles maintenait, par sa fermeté, la bonne intelligence entre les Français et les Sauvages, et faisait régner la paix parmi ces derniers, la petite vérole ravageait le nord du Canada et achevait de dépeupler presque entièrement ces vastes contrées. Les Attikamègues disparurent ; Tadoussac, où l’on avait vu jusqu’à 1200 Sauvages réunis, commença à être entièrement abandonné.
D. Quel dessein conçut M. de Courcelles pour opposer une nouvelle barrière aux Iroquois ?
R. Ce fut de bâtir un nouveau fort à l’endroit nommé Cataracouy. Il n’en eut pas le temps; car, après en avoir1 tracé le plan et pris toutes les mesures pour le faire exécuter, il se rendit à Québec et y ou va le comte de Frontenac qui venait le remplacer. Le nouveau gouverneur fit construire je fort, l’année suivante (1673), et lui donna son nom.
D. Quelle fut la conduite de M. de Frontenac, dans son nouveau gouvernement ?
R. il ne tarda pis à se brouiller avec les missionnaires et les ecclésiastiques au sujet de la traite de l’eau-de-vie, qui causait des désordres Scandaleux parmi les Sauvages. Il fit emprisonner un prêtre du séminaire de Montréal, ainsi que le gouverneur de cette ville. Il se brouilla ensuite avec l’intendant de la colonie, exila de sa propre autorité le procureur-général et deux des conseillers ; enfin la cour le rappela, et la paix fut rétablie dans le pays.
D. Qu’arriva-l-il en l’année 1078 ?
R. Robert Cavelier de La Salle, accompagné du chevalier de Tonti et d’une trentaine d’hommes, arriva de France, dans le dessin d’achever les découvertes du Mississipi, commencées par le Sieur Joliette, et le Père Marquette, Jésuite. Il fit d’abord rebâtir en pierre le fort de Cataràcouy, et traça le plan de celui de la Ville-Marie. Par la suite, il porta la guerre chez les Iroquois, qui étaient mal intentionnés envers les Illinois, alliés des Français.
D. Quelle conduite perfide le gouverneur tint-il à l’égard des principaux chefs Iroquois ?
R. Il les attira sous divers prétextes à Cataracpuy les fit saisir, enchaîner et conduire à Québec et de là en France, où les galères les attendaient. Ce qu’il y eut de pire, c’est que le marquis de Denonvillo se servit pour cette affaire, du ministère de deux missionnaires, les Pères di Lamberville et Milet, sans faire attention que, non seulement il mettait ces religieux en danger de perdre la vie, mais qu’il discréditait peut-être sans retour, aux yeux des Sauvages, la religion qu’on leur prêchait.
D. Que fit le gouverneur, au commencement de 1687, ayant reçu les renforts qu’il attendait de France ?
R. Il se disposa à faire définitivement la guerre aux Iroquois. L’armée fut commandée par le marquis de Denonville en personne elle était composé de 810 soldats, d’environ 1000 Canadiens et de 30 Sauvages. Les Iroquois, au nombre de 800, se défendirent avec, vigueur ; mais à la fin ils furent repoussés, et prirent la fuite. Les Français les poursuivirent, et pénétrèrent dans le canton de Tsonnonthouan. Ils détruisirent toutes les cabanes, brûlèrent quatre cent mille minots de blé d’Inde, et tuèrent une immense quantité de pourceaux. Quelques jours après, les Iroquois firent au gouverneur des propositions de paix, qui furent acceptées.
D. Quelle était la population française du Canada en 1688 ?
R. Elle n’était que de 11,249 individus, ou d’un peu plus de 12,000, en y comprenant le gouvernement de l’Acadie. Vers cé même temps, on forma le projet de conquérir la Nouvelle York. M. de Callières, en ayant communiqué le projet au gouverneur général passa en France pour le proposer à la cour, comme le seul moyenne prévenir l’entière destruction de la colonie française du Canada. Le roi, ayant lu le plan, l’approuva ; mais ce ne fut pas le marquis de Denonville qui fut chargé de le mettre à exécution ; car il fut rappelé en France et remplacé par le comte de Frontenac, qui arriva à Québec le 12 octobre 1689.
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