Les Allemands projetaient de s’évader en groupe du Canada
Ils sont 8,000 internés ici en quelques semaines, et le fait que seulement deux se sont échappés et bien fait pour rassurer. – On les rattrapera. – La brigade blindée. – 152,842 hommes sous les armes.
Ottawa, 21 août 1940. (Par Adjutor Savard, correspondant parlementaire du Canada) — Il y a 8,000 internés au Canada, dont l’immense majorité vient d’outre-mer. Ces gens nous arrivèrent à l’improviste, dans l’espace de trois ou quatre mois. De ce nombre, deux ont choisi le même jour pour s’évader de deux camps différents. Ils n’iront pas loin, car l’un ne parle que l’allemand, et l’autre a un accent a coucher dehors. La police, d’ailleurs, et les soldats sont à leurs trousses et ne manqueront pas de les cerner, dans un territoire qui ne se prête guère à l’évasion.
L’honorable M. Ralston, dans un entretien cordial avec les journalistes, aujourd’hui, donne toutes ces précisions pour montrer qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, ni d’exagérer. Des mesures sont prises pour corser la surveillance. Le ministre suggère qu’outre les sentinelles, qui font les cent pas, il y a lieu d’utiliser la police qui se mêle aux prisonniers et surveille leurs agissements de plus près. Pour le reste, le contrôle deviendra plus rigide. Mais c’est là une question de discipline sur laquelle le ministre ne tient pas a insister. Il se contente de rassurer la population.
La vigilance sera redoublée. Comme ministre de la défense, M. Ralston, on peut le croire, ne désire pas moins vivement garder ses visiteurs dans les camps de concentration que le ministre de la justice, par exemple, ne l’est de garder ses pensionnaires dans les pénitenciers. S’il se produit une escapade dans l’un ou l’autre endroit, c’est une occasion de renforcer la garde, de sorte quo c’est une garantie pour l’avenir.
Pour l’instant, le général K. de B. Panet est sur les lieux et informe le ministre. D’une enquête préliminaire, il s’avère qu’il n’y a aucune raison de soupçonner le sabotage ou la complicité de In cinquième colonne de l’extérieur. La tentative d’évasion fut organisée à l’intérieur. Le plan comportait évidemment une évasion en masse. Le fait qu’un seul a réussi à s’échapper est déjà rassurant. Et l’on peut croire que l’issue est définitivement fermée pour les autres.
L’un des évadés est un officier de marine, âgé de 28 ans: le lieutenant Warner Hoche. L’autre est un civil.
M. Ralston annonce aussi la création d’une brigade de chars blindés sous le commandement du colonel Worthington, M.C., M.M., qui servit glorieusement dans l’autre guerre et devint officier après s’être enrôle comme soldat.
Forment parti de cette Brigade: le régiment de Trois-Rivières (tanks), le régiment d’Ontario (tanks), le 1er régiment canadien de cavalerie, recruté à Toronto, London, Winnipeg et Calgary, et le Fort Garry Horse, de Winnipeg. Ces diverses unités s’entraîneront au camp Borden. Le ministre annonce que quatre régiments de milice seront incorporés comme auxiliaires dans la même brigade: le régiment d’Essex, le régiment de Calgary, Argyle Light Infantry, do Belleville, en Ontario, et 1e régiment du Nouveau-Brunswick.
Pour l’entrainement de ces unités le ministre annonce que la fabrication de chars d’assaut légers sera bientôt
entreprise sur une large échelle au Canada. Les plans sont complétés et simplifiés, de façon n utiliser nombre
de pièces qui sont déjà de fabrica?tion courante dans l’induitrie. Les tanks fabriqués au Canada serviront
aussi bien k l’entrainement qu’aux troupes en service actif.
Le ministre annonce encore que le nombre de soldats canadiens en service actif s’élève actuellement k 152,842 hommes, dont près de 40,000 outre-mer. Ce chiffre se trouvera naturellemcnt augmenté sous peu. Les effectifs de la milice s’élèvent k 100, 731, dont 21,500 hommes sont actuellement aux camps d’entrainement.
L’organisation des vétérans créée sous le nom de Home Guard, s’appelle maintenant : « Véterans Guard of Canada », ce qui est confrome à la politique strictement canadienne de l’administration actuelle ».
La « cinquième colonne »
Quelque part en Ontario, 21 (P.C.) — La police a déclaré ce soir que l’enquête sur l’évasion récente d’un prisonnier allemand, échappé d’un camp de concentration du nord de l’Ontario, mènerait à la découverte des activités de la cinquième colonne dans tout le Canada.
Ces autorités policières ont ajouté que le prisonnier devait avoir été choisi par les agents allemands parmi les autres prisonniers, et que cette évasion si minutieusement préparée n’était pas uniquement le fait d’un prisonnier qui veut reconquérir sa liberté.
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