Les premiers « économistes » français
Les problèmes fiscaux et les obstacles à la libre circulation des marchandises suscitent au XVIIIe siècle le début d’une réflexion économique « libérale ».
Pierre le Pesant, sieur de Boisguillebert (1646-1714). C’est l’un des premiers à avoir réfléchi sur les problèmes concernant l’organisation des échanges, le système fiscal et l’incitation à produire.
Riche marchand de produits agricoles, il est à la foi intendant et lieutenant général, du baillage de Rouen (1690). Il écrit plusieurs ouvrages sur la pauvreté et les difficultés économiques de la fin du règne de Louis XIV : « Le détail de la France » (1699), « Le factum de la France » (1707). Il propose une réforme fiscale plus égalitaire (réduction des impôts indirects, institution d’une taille universelle proportionnelle aux revenus, réforme du système de recouvrement), de façon à relancer la demande intérieure, ainsi qu’une libéralisation du commerce.
François Quesnay (1694-1774). La pensée économique en France est dominée au XVIIIe siècle par la personnalité de Quesnay. Issu d’un milieu peu fortuné. Il peut toutefois étudier la médecine, et devient chirurgien à Mantes. Il écrit plusieurs ouvrages médicaux dont un « Essai physique sur l’économie animale » (1736). Puis il entre à l’Académie de Chirurgie, enseigne l’usage des médicaments, avant de devenir médecin de madame de Pompadour en 1749 et celui du roi en 1752.
Installé à Versailles, Quesnay y rencontre les « économistes » de son époque et s’intéresse vivement à cette discipline. C’est ainsi qu’il écrit pour Diderot les articles « fermier » et « grains » de l’Encyclopédie (1756-1757). Il publie en 1758 le « Tableau économique », et devient le chef de file de l’école dite « physiocratique » regroupant Turgot, le marquis de Mirabeau, Lemercier de La Rivière, Dupont de Nemours, Le Trosne. Inspiré par ses connaissances sur le fonctionnement du corps humain, Quesnay fournit une description du circuit économique, reliant les trois classes de la société : les agriculteurs (seuls créateurs d’un produit net), les propriétaires fonciers (garants d’un ordre social naturel) et les artisans (constituant une classe « stérile). On fait aujourd’hui de lui l’ancêtre des théories de l’équilibre général et de la comptabilité nationale, voire de la vision marxiste de la reproduction du capital.
Mercantilistes et libéraux
Le libéralisme physiocratique rompt au XVIIIe siècle avec le mercantilisme qui préconise le protectionnisme et la réglementation. Selon les libéraux, l’économie comme la société se portent d’autant mieux que l’on supprime les entraves à la liberté du commerce, pour laisser jouer les « lois naturelles ». Dans le contexte de l’Ancien Régime, cela signifie l’abolition des droits pesant sur la circulation des marchandises, une autre répartition de la charge fiscale, et finalement l’abolition des privilèges liés à la naissance.
Les physiocrates
D’une façon générale les physiocrates font l’apologie de l’agriculture, des « lois naturelles », de l’économie et du libre échange, inspirés par la philosophie individualiste et « libérale », ils fondent leur démarche sur l’idée selon laquelle il existe des lois économiques à respecter pour parvenir à l’harmonie sociale.
Lire aussi :