Une invention américaine à Montréal ! Un engin fantastique !
Hier après-midi, la première automobile est passée par nos rues principales et l’expérience a été couronnée de succès. Une nouvelle expérience sera tentée cet après-midi, et les personnes qui se trouveront sur la Place d’Armes, vers quatre heures, pourront voir à l’œuvre le véhicule des temps modernes.
La machine, la seule du genre qui soit à Montréal, n’est pas mue par l’électricité comme on le suppose généralement. C’est une invention américaine qui l’emporte sur l’automobile électrique.
La force motrice est la vapeur générée par la gazoline. À la voiture est attaché un réservoir contenant 6½ gallons de ce liquide, ce qui lui permet de marcher pendant 100 milles.
La machine est aussi facile à conduire qu’une bicyclette, sans que l’on ait à la maintenir en équilibre. Elle peut rouler à 22 allures différentes.
Elle conserve à peu près la même vitesse en gravissant une côte qu’en marchant sur un terrain plat. Les descentes de côtes s’opèrent sans difficulté grâce au frein à air dont elle est munie.
Hier après-midi, on est monté par la côte de la rue Windsor et descendu par celle du Beaver Hall.
La machine poussée à toute vitesse peut atteindre une allure de 2 minutes au mille, mais sur la route, sa vitesse ordinaire est de 15 milles à l’heure.
Avant d’être amenée ici, la machine lors d’un essai a parcouru 116 milles, en faisant la première moitié du trajet en 3 heures 50 minutes et la seconde en 3 heures 42 minutes.
La voiture pèse environ 500 livres, les machines électriques pèsent jusqu’à 2,000 et 3,000 livres.
Une automobile comme celle que l’on exhibe actuellement coûte un sou de gazoline par mille.
Les droits canadiens et les intérêts sont contrôlés par MM. A. J. Corriveau et U. H. Dandurand, et seront exploités par un puissant syndicat de capitalistes canadiens et américains.
La manufacture sera établie sous peu à Montréal ou aux environs. Non seulement les machines à gazoline, mais aussi celles qui sont mues par électricité y seront construites.
Publié par La Patrie, 22 novembre 1899 (déniché par Histoire-du-Québec dans la revue Histoire. Volume 2, numéro 1, juin 1996).
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