Service de l’aqueduc de Montréal
Aqueduc de Montréal : À maintes reprises on avait à déplorer le manque de moyens efficaces pour combattre le fléau dévastateur.
Pour une agglomération urbaine de près de 25,000 habitants, il n’existait encore aucun système d’aqueduc. La ville devait s’approvisionner d’eau directement au fleuve, ou dans les puits de la Place d’Armes, de la place du marché, du jardin des Jésuites et de quelques autres appartenant à des particuliers. On comptait surtout sur la distribution qu’en faisaient les « charieux d’eau )) qui nous ont valu la fâcheuse renommée que l’on sait.
En 1801, quelques citoyens anglais — on ne mentionne pas de Canadiens — prirent l’initiative de doter Montréal d’un aqueduc et formèrent une compagnie à charte appelée « Proprietors of the Montréal Water Works )), au capital de £8,000. (Un siècle plus tard, la Montréal Water Works , une autre entreprise privée était vendue quinze millions à la ville de Montréal). Les promoteurs de l’entreprise étaient Joseph Frobisher, Daniel Sutherland, Thomas Schieffelin, Thomas Sewell et John Gray. Ce premier aqueduc était en bois et devait s’alimenter des sources qui sourdent de la montagne sur le territoire d’Outremont. Mais la compagnie éprouva de grandes difficultés à parachever les travaux. Elle dut céder ses intérêts à une nouvelle organisation, dont les principaux bailleurs de fonds étaient les Messieurs du Séminaire de St-Sulpice. L’entente était signée le 9 septembre 1807. (Archives du Séminaire de Montréal).
Les travaux terminés, l’on constata bientôt que le rendement des sources était insuffisant et il fallut se résoudre à pomper l’eau du fleuve. En 1832, un M. Hayes prit la direction du service.
Il fit construire dans le haut d’une maison de la rue Notre-Dame, un peu à l’est de Bonsecours, deux citernes d’une capacité de 250,000 gallons. Les conduites en bois furent remplacées par des tuyaux en fer. De 1801 à 1838, l’aqueduc avait coûté à ses propriétaires la somme de $340, 000. Mais, étant donnée l’expansion rapide des faubourgs vers les coteaux, les citernes de la rue Notre-Dame, d’une élévation de trente pieds, ne pouvaient fournir l’eau aux nouveaux quartiers résidentiels. La ville fit donc construire un réservoir de 210,000 pieds cubes, en haut de la côte à Barron, où se trouve aujourd’hui le carré St-Louis (1849).
Mais tous ces agrandissements s’avéraient bientôt insuffisants. On se décida enfin de construire pour une longue période à venir. En 1863, d’après les plans de l’ingénieur E.-C. Keefer, on commença le creusage des grands réservoirs McTavish actuels, situés sur l’ancienne propriété de Simon McTavish, l’un des bourgeois du Nord-Ouest. (McTavish y avait fait construire un château qui fut longtemps appelé le « Château hanté des McTavish). Les travaux furent terminés en 1868, et complétés par l’installation des pompes élévatoires en bordure du canal, rue Atwater.
En 1905, l’ingénieur Janin, surintendant de l’aqueduc, commençait la construction d’une immense conduite souterraine en béton armé, d’une capacité de 50 millions de gallons par jour. Grâce à des agrandissements successifs, les réservoirs fournissent aujourd’hui un débit quotidien de plus de 100 millions d’eau filtrée à la ville et les banlieues. Depuis longtemps, l’on songe à utiliser les canaux de l’ancien aqueduc parallèles aux conduites modernes pour actionner des générateurs électriques pour l’éclairage de la ville; l’on a même commencé quelques travaux, mais certaines influences empêchent la réalisation de ce projet.