Système postal : la poste sous le régime français
« …Y avait-il un système postal quelconque au Québec sous le régime français ? Non. Le gouvernement du Roi ne s’occupa jamais de doter sa colonie de l’institution si utile des postes.
Si M. X, qui demeurait à Québec, avait un fils à Paris, ou même à Montréal, pour lui faire parvenir une lettre il devait attendre le bon vouloir d’un capitaine de vaisseau ou d’un voyageur quelconque pour le transport de sa communication.
Avec ce système archaïque, une lettre arrivait à destination souvent un an et même plus après avoir été écrite. Et très souvent, la lettre restait en chemin. Pour être plus sûrs que les envois arriveraient à destination, nos ancêtres transcrivaient leurs lettres deux ou trois fois et envoyaient ces copies par des voies différentes.
Dans un acte notarié des Archives de la province de Québec, on trouve trois lettres absolument semblables écrites par la même personne et envoyées au même destinataire. Par bonheur, la poste a remis les trois lettres à la personne intéressée.
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L’ordonnance de l’intendant Hocquart du 20 juillet 1732 illustre bien les inconvénients de l’absence de système postal sous le régime français. Lorsque les vaisseaux venant d’Europe arrivaient à Québec, ceux qui attendaient des lettres de là-bas se rendaient en chaloupe au devant de ces navires et le capitaine, pour se débarrasser plus vite de ses commissions, leur remettait toutes les lettres dont il s’était chargé.
On comprend qu’avec un pareil système beaucoup de ces lettres se perdaient, quand elles n’étaient pas ouvertes par des gens peu scrupuleux.
Par son ordonnance du 20 juillet 1732, M. Hocquart défendait aux Québécois d’aller à bord des vaisseaux avant que le capitaine fût descendu à terre. Celui-ci devait les remettre à un négociant ou un bourgeois de de Québec. Les intéressés pouvaient lui réclamer leurs lettres. Cette méthode surannée exista jusqu’à la Conquête. »
(Pierre-Georges Roy, Toutes petites choses du régime français, 1944).