Une politique monétaire plus expansionniste

Québec réclamera une politique monétaire plus expansionniste à la Conférence des premier-ministres des provinces canadiennes

QUEBEC, 14 février 1980 — Le Québec se présente aujourd’hui à Régina, à la conférence des premiers ministres sur l’économie, avec l’intention de faire accepter par Ottawa qu’il modifie sa politique monétaire pour la rendre plus expansionniste.

Quelques minutes avant qu’ils ne s’embarquent a destination de la capitale de la Saskatchewan, le premier ministre René Lévesque et son ministre des Finances, M. Yves Duhaime, ont déclaré aux journalistes qu’Ottawa doit cesser de soutenir le dollar canadien à tout prix. Et ainsi éviter que ne reprennent les hausses démesurées des taux d’intérêt avec les conséquences que cela entraînent sur l’économie.

«On en avait parlé en 1082, au plus fort de la crise, et j’ai nettement l’intention de revenir sur la politique monétaire, a expliqué hier M. Lévesque. Si on ne peut pas jouer trop fort sur les déficits budgétaires sans priver les gens de choses auxquelles ils sont habitués, l’autre recours est un virage de la politique monétaire pour la rendre expansionniste. Et le dollar ira chercher son niveau là où il devrait être. »

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Pour le ministre des Finances, les choix qui sont offerts sont simples: ou bien on regarde passer le train ou bien on intervient rapidement. Une chose est sûre, selon lui, il ne faut pas que les taux d’intérêt reviennent à leurs niveaux d’il y a trois ans.

« Notre position est de dire: Cessons d’entamer des devises pour soutenir artificiellement le dollar sur les marchés. Depuis une semaine, le taux d’escompte et les taux d’intérêt ont commencé à monter. Le jour où on va se retrouver avec des taux d’intérêt de 22 à 23 p. cent, comme on a déjà connu pendant la crise, il sera trop tard pour dire nous aurions donc dù. »

Si aucune décision n’est prise rapidement et si la tendance a la hausse devait se poursuivre, les investissements seront ralentis et c’est justement ce que le Québec veut éviter. «Notre position va vers une politique monétaire expansionniste et on va le suggérer bien modestement, a précisé le ministre. On l’a dit il y a trois ans et on le répétera à nouveau en espérant, cette fois, qu’ils nous entenderont. »

Pour le reste de la conférence sur l’économie, le premier ministre Lévesque est optimiste, quoi que conscient qu’il ne faut pas s’attendre au Pérou.

« D’après les échanges qu’il y a eus de gouvernement à gouvernement, j’ai l’impression qu’il va y avoir des efforts de fait pour que ça donne des résultats » , a-t-il dit. Le climat est bon depuis le -i septembre dernier et il pourra le vérifier encore mieux en présence des autres gouvernements provinciaux et fédéral.

Le leadership

Par ailleurs, M. Lévesque a confié que l’on ne pourra éviter la question de son leadership lors du caucus que les députés de son parti tiendront la semaine prochaine au Mont Sainte-Anne.

Il dira alors clairement à ses députés son intention de rester jusqu’à nouvel ordre.

Quant à M. Duhaime, il n’a pas caché son irritation devant l’empressement de certains de ses collègues qui souhaitent le départ de M. Lévesque. « Je commence à en revenir passablement, dit-il. S’il faut que ça se règle une fois pour toutes.

(14 février 1980).

Voir aussi :

Politique monétaire
Parlement du Québec. Photo de GrandQuebec.com.

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