La politique extérieure de Napoléon III

La politique extérieure de Napoléon III (1852-1870)

Napoléon III « Le Petit » cherche vainement à rééditer les exploits de son oncle, mais réussit à rapprocher la France et l’Angleterre, avant d’échouer face à la Prusse.

La politique outre-mer

Durant le Second Empire, la conquête de l’Algérie est poursuivie. Terminée en 1857, elle donne lieu ensuite à une opposition sérieuse entre les autorités militaires qui veulent réglementer strictement l’occupation du pays, et les colons désireux d’étendre leurs possessions au détriment des populations locales.

Parallèlement, la France et l’Angleterre imposent à la Chine l’ouverture de ses frontières au commerce européen (1860), les Français occupent Saïgon et la Cochinchine (1861), et font du Cambodge un protectorat, alors qu’au Sénégal, Faidherbe, gouverneur du 1854 à 1865, fonde Dakar et étend la présence française à l’intérieur des terres.

L’expédition mexicaine

Par ailleurs, si la France s’illustre pacifiquement en Égypte avec le percement du canal de Suez par Ferdinand de Lesseps (1854-1869), son intervention au Mexique est un échec militaire et diplomatique bien inutile : Napoléon III veut en effet soutenir le parti de Maximilien d’Autriche, et y développer les intérêts français; mais après les premiers succès (1861-1864), le général Bazaine doit quitter le pays, et Maximilien est capturé et fusillé par les troupes du Président Juarez.

La politique européenne

Mais l’essentiel de la politique extérieure de Napoléon III se situe en Europe même ; elle consiste à développer l’alliance anglaise contre la Russie, et à faire revivre en Italie et en Allemagne les grandes heures de l’aventure napoléonienne. Mais il ne s’agit que d’une pâle réplique, qui tranche néanmoins avec le « pacifisme » des années de la Restauration.

Le principal ennemi traditionnel de la France est l’Autriche, présente en Italie du Nord. Imitant Bonaparte, Napoléon III décide d’en chasser les Autrichiens. Or, le roi du Piémont, Victor-Emmanuel II, et son ministre Cavour veulent constituer un royaume indépendant en Italie du Nord. Aussi Napoléon III et Cavour poussent-ils l’Autriche à la guerre pour justifier une intervention française : en juin 1859, Napoléon III remporte la bataille de Magenta, puis celle de Solférino (4 et 24 juin), repoussant les Autrichiens en Vénétie. Mais la menace d’une attaque prussienne sur le Rhin, l’agitation républicaine dans les États pontificaux, qui provoque l’hostilité des catholiques français, amènent Napoléon III à arrêter la guerre. Néanmoins, le Piémont gagne des territoires vers l’est, et la France Nice et la Savoie.

Une nouvelle intervention française (bataille de Mentanas, novembre 1867) empêche les troupes de Garibaldi de prendre Rome, retardant aussi l’unification italienne.

La guerre de Crimée

Face aux prétentions du Tsar Nicolas Ier de soumettre l’Empire ottoman et de contrôler les Balkans, une armée franco-anglaise attaque la Russie en Crimée (septembre 1854). Bousculant l’armée russe sur la rivière Alma, elle entreprend le long et pénible siège de Sébastopol, qui résiste un an; mais la prise de la Tour de Malakoff (8 septembre 1855) par les troupes du général de Mac-Mahon décide de la démilitarisation de la Mer Noire et ouvre la voie à la création d’un État roumain réalisé en 1859.

Le danger prussien

La victoire éclair de la Prusse contre l’Autriche affaiblie (Sadowa, 1866), confirme au contraire sa puissance. Affirmant son hégémonie économique sur les États allemands dans le cadre de l’Union douanière (Zollverein), et s’appuyant sur une industrie sidérurgique en expansion rapide, la Prusse devient le grand rival de la France, sur les plans économique, militaire ou politique.

Aussi souhaite-t-on des deux côtés une guerre victorieuse pour raffermir l’unité nationale. Le prétexte en sera la candidature d’un Hohenzollern au trône d’Espagne. Celle-ci est abandonnée, mais Guillaume Ier refuse courtoisement de garantir que ce désistement soit définitif. Bismarck en profite pour présenter ce refus d’une manière provocante. Cette « dépêche d’Ems », ville où séjournait Guillaume Ier, décide les Français à déclarer la guerre à la Prusse (19 juillet 1870).

La guerre de 1870

En quelques semaines, la France, à l’armée mal préparée et inférieure en nombre, a perdu la guerre : le 6 août, l’armée prussienne du général von Moltke bat les Français en Lorraine et en Alsace, à Forbach et à Freschwiller; le général Bazaine est encerclé dans Metz; Napoléon III, malade et incapable d’une initiative, se replie avec Mac Mahon vers Sedan, où il est capturé avec son armée, épuisée et mal commandée (2 septembre). Le seul fait d’armes français de cette désastreuse campagne militaire est la charge suicidaire des cuirassiers, à Reichshoffen, qui a permis le repli inutile de l’armée d’Alsace du général de Mac Mahon.

La paix ne va pas pour autant survenir aussitôt. Le désir de Bismarck d’annexer l’Alsace et une partie de la Lorraine pousse le nouveau gouvernement à continuer la guerre, sans véritable armée. Paris est assiégé au mois d’octobre et Gambetta, ministre de l’Intérieur, réussit à fuir en ballon pour tenter de constituer en province une armée de secours, alors que Thiers essaye d’obtenir sans succès un appui des autres pays européens.

Gambetta forme pourtant une armée de 600 000 hommes qui bat les Prussiens à Coulmiers (9 novembre 1870), prend Orléans et remonte vers le Nord. Mais la capitulation de Bazaine à Metz permet à l’armée allemande de venir au-devant des Français alors qu’une tentative de sortie massive de Paris échoue à Champigny le 2 décembre.

Malgré ces échecs, une « deuxième armée de la Loire » résiste aux Prussiens en Mayenne, Denfert-Rochereau, défend Belfort et Faidherbe tente vainement une attaque à partir du Nord. Mais, à la fin de janvier 1871, les rigueurs conjuguées d’un terrible hiver et du siège renforcé des Prussiens rendent la situation désespérée dans Paris. Le 28 janvier, le gouvernement accepte l’armistice et la capitulation de Paris.

Une note : —Les Mexicains changent, dit-on, plus souvent de président que de chemise. C’est pourtant en ce pays que s’est vu le plus long gouvernement d’un président, Quel est l’homme qui réussit cet exploit?

C’est le général Porfirio Diaz président pendant trente ans sans interruption. Je sais que vous allez sourire de ce grade de général qui se donne là-bas à la vole, quand les aspirants ne vont pas jusqu’à l’usurper et s’en parer sans aucune grâce.

Précisément, la différence est dans ce point que Diaz était un général « pas pour rire ». Son dur mais fécond gouvernement le fit bien voir. Il avait gagné ses galons pendant la longue lutte de Juarez contre l’empereur Maximilien, imposé par les Français. À la tête des armées, il chassa ces derniers de partout.

Mais les militaires et les Juristes se sont toujours mal entendus et, bientôt Diaz devint l’adversaire de Juarez. Président à son tour en 1877, il rentra ensuite dans la vie privée. Il ne consentit à se présenter de nouveau qu’en 1884 mais, cette fois, c’était pour longtemps. Militaire, il gouverna le Mexique militairement. Grâce à lui, son pays devint un peu de temps le plus progressif de toute l’Amérique Latine et reçut un tel élan que l’anarchie qui suivit sa disparition ne put réussir à le supprimer entièrement. Après Diaz, l’homme le plus souvent réélu président d’un État fut le vieux Paul Kruger, l’Oncle Paul des Boers, chef des siens pendant dix-huit ans, de 1883 à 1901.

À compléter la lecture :

Paris, centre-ville. Place devant le musée d'Orsay. Photo - Megan Jorgensen.
Paris, centre-ville. Place et esplanade devant le musée d’Orsay. Photo – Megan Jorgensen.

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