Peinture et sculpture en France après 1870
Dès le milieu du XIXe siècle l’inspiration artistique rompt avec l’art figuratif, les thèmes antiques et le classicisme.
Les impressionnistes
Au début des années 1860, apparaît la peinture des paysages naturels et des bords de mer, dont les précurseurs sont le néerlandais Jongkind (1819 – 1891) peignant le port de Honfleur et les canaux hollandais, et Eugène Boudin (1824 – 1898), laissant des tableaux de la plage et du port de Trouville.
C’est lui qui fait connaître à Monet la côte normande et qui l’initie à cette peinture de plein air, faite d’impressions colorées, que Louis Leroy qualifiera en 1874 d’impressionniste à l’occasion d’une exposition organisée par la Société anonyme des peintres, sculpteurs et graveurs: Monet, Sisley, Courbet, auxquels s’étaient joints Renoir, Pissarro, Degas, Cézanne.
Camille Pissarro (1830 1903), le plus ancien, est l’un des initiateurs de la peinture des paysages (« Les Champs ») puis de la région parisienne (« Bords de la Marne ») et de Paris (« Avenue de l’Opéra).
Édouard Manet (1832 – 1883). Il rompt avec la peinture officielle et trouve chez Goya ou les Vénitiens une violence de la couleur et un renouvellement des formes («Le Balcon », « La Blonde aux seins nus »). Le refus de son « Déjeuner sur l’herbe ») au Salon de 1862, et du « Fifre » en 1866, est l’occasion pour la nouvelle génération de prendre la défense de Manet, ay style jugé scandaleux.
Edgar Degas (1834 – 1917 ), influencé par Ingres et la Renaissance italienne, rencontre les impressionnistes au début des années 1870, qu’il suit surtout pour échapper aux conventions; il devient célèbre pour ses scènes de danse ou de cirque, mettant en valeur la grâce féminine (« La classe de danse », « Miss Lola au cirque Fernando »).
Alfred Sisley (1839 – 1899), d’abord élève de Coroto, est le peintre des bords de la Seine, de l’Yonne ou du Loing (« L’inondation du port de Marley »), exprimant la lumière et la poésie de l’Île-de-France).
Claude Monet (1840 – 1926). Il est peut-être le plus représentatif de l’impressionnisme, par l’usage qu’il fait de la couleur et par l’impression d’inachevé suggestif qui se dégage de ses toiles (« Impression, soleil levant », « La gare Saint-Lazare », « Les Nymphéas »).
Auguste Renoir (1841 – 1919). Il révèle lui aussi une maîtrise exceptionnelle du jeu des lumières, avec des touches de couleurs harmonieuses estompant légèrement les formes, où dans des compositions qui associent à une teinte dominante un subtil dégradé de coloris (« Le Moulin de la Galette », « Les Baigneuses »).
Georges Seurat (1859 – 1891), cofondateur du « Salon des artistes indépendants », prolonge la recherche impressionniste en privilégiant les contrastes d’intensité lumineuse qu’il pousse jusqu’au « pointillisme », sans pour autant abandonner dans sa peinture tout respect du réalisme des formes.
Paul Signac (1863 – 1935) symbolise le néo-impressionnisme qui allie au divisionnisme de Seurat l’usage de tons très vifs dans ses peintures de la côte méditerranéenne.
En marge de l’impressionnisme
Camille Corot (1796 – 1875), dont la peinture de paysages urbains (« La Cathédrale de Chartres », « Le Effroi de Douai ») et champêtres annonce l’impressionnisme, est aussi attaché à la tradition italienne et au réalisme de l’ancienne école (« Le Baptême du Christ).
Gustave Courbet (1819 – 1977), bien que opposé aux thèmes historiques, religieux ou mythologiques, auxquels il substitue des scènes de la vie quotidienne ou campagnarde, reste le défenseur de la peinture réaliste (« Les Rémouleurs », « Un Enterrement à Ornans »). Membre de la Commune, il est condamné à six mois de prison en 1871.
Frédéric Bazille (1841 – 1870), qui est tué durant la guerre, participe à la même évolution; ses œuvres, profondément influencées par Delacroix, Courbet et Boudin, représentent dans un style respectant la précision des formes, des scènes de plein air, où apparaissent déjà des impressions colorées nouvelles (« Forêt de Fontainebleau », « Réunion de famille »).
Paul Cézanne (1839 – 1906). Originaire de Provence et ami de Zola, il compose de nombreux paysages et natures mortes; c’est vers la fin du siècle qu’il réalise en solitaire ses œuvres les plus célèbres (« Les Joueurs de cartes », « L’Homme à la pipe »), qui s’éloignent de l’impressionnisme proprement dit par la recherche d’une nouvelle construction picturale.
Les derniers classiques
Le classicisme des formes et l’académisme des thèmes sont cependant perpétués durant la même période par Léon Bonnat (1833 – 1922), qui d’abord attiré par la peinture religieuse, est ensuite le spécialiste des portraits clair-obscurs, recherchant la ressemblance du sujet (« Victor Hugo », « Thiers », « Pasteur », « Jules Ferry »). Il participe également à la fresque intérieure du Panthéon avec Pierre Puvis de Chavannes (1824 – 1898). Ce dernier est aussi le continuateur du réalisme par ses peintures murales historiques ornant l’intérieur de divers monuments publics. Mais il s’en éloigne dans ses tableaux champêtres et nostalgiques exaltant les paradis perdus de l’ère préindustrielle.
Le fauvisme
Paul Gauguin (1848 – 1903). On retrouve chez lui cette nostalgie, mais dans un style bien différent rompant avec le classicisme mais aussi avec l’impressionnisme dont il a d’abord subi l’influence. Son symbolisme et ses couleurs vives et tranchées doivent beaucoup à ses nombreux voyages à Tahiti ou en Martinique, en Bretagne où il fonde l’École de Pont-Aven, ou encore en Provence où il fréquente Van Gogh. Avec ses peintures tahitiennes il ouvre la voie à une nouvelle école, celle des Fauves.
Vincent Van Gogh (1853 – 1890). Hollandais arrivé à Paris en 1886, et installé à Arles deux ans plus tard, lié à Toulouse-Lautrec et à Gauguin il peint de nombreuses toiles tourmentées et aux contrastes violents, dont les plus célèbres sont ses paysages de Provence et ses autoportraits. Il a également inspiré le fauvisme.
Le nom même de Fauvisme est donné par le critique Louis Vauxcelles à l’occasion du Salon d’Automne de 1905 à ceux qui avaient exposé dans une salle qu’il qualifia de « cage aux fauves ». Le « transformé imaginaire de la couleur », selon le mot de Gustave Moreau, s’exprime encore chez Matisse (1869 – 1954), Marquet (1875 – 1947), Dufy (1877 – 1953) ou Rouault (1871 – 1958), qui sont ses élèves et dont les œuvres principales sont postérieures à 1914.
Gustave Moreau (1826 – 1898) n’appartient à aucun courant bien spécifique. Son style reste académique (« Œdipe et le Sphinx »), bien qu’il cherche à exprimer symboliquement des sentiments intérieurs.
Les dessinateurs
Honoré Doumier (1808 – 1897). Il est surtout célèbre pour ses dessins et ses caricatures (environ quatre mille) représentant les « types parisiens » ou les « gens de justice », et où il fait preuve d’un sens exceptionnel de la satire. Mais il est aussi sculpteur, graveur et peintre.
Henri de Toulouse-Lautrec (1864 – 1901) peint d’une façon tantôt réaliste, tantôt caricaturale, à la fois tendrement et cruellement les milieux du théâtre, du cabaret et du spectacle qu’il côtoie dans le quartier Montmartre. Il fait le portrait des vedettes de l’époque (Yvette Guilbert, Jane Avril, la Goulue) et compose de nombreuses affiches qui témoignent de la vie parisienne de la fin du XIXe siècle.
Les Nabis
Les Nabis ou Inspirés, privilégient les couleurs sombres en aplats et négligent la perspective. C’est le cas de Maurice Denis (1870 – 1943), théoricien du groupe, influencé à la fois par les estampes japonaises, le symbolisme et les thèmes religieux; d’Édouard Vuillard (1868 – 1940) aux toiles intimistes; de Paul Sérusier (1865 – 1927) qui illustre le primitivisme que l’on retrouve chez Henri Rousseau (dit « Le Douanier », 1844 – 1910), bien que celui-ci ait inauguré le genre « naïf » au dessin net et aux tons chatoyants.
Pierre Bonnard (1867 – 1947). Il participe également au groupe des Nabis. Il côtoie Toulouse-Lautrec, compose comme lui des affiches lithographiques (« France-Champagne », « La Revue blanche ») et fréquente les milieux nocturnes parisiens (« Moulin-Rouge »). Dans sa peinture aux thèmes très variés (« Le Fiacre », « Enfants mangeant des cerises »), il recherche le contraste des couleurs en opposant le blanc et le noir et laisse s’estomper la précision des formes.
Maurice Utrillo (1883 – 1955). Son œuvre est surtout postérieure à 1914. Mais il a connu, dès avant la guerre, une intense « période blanche » : durant celle-ci il révèle un style semi-naïf d’une grande harmonie de ton dans ses peintures de Montmartre et de la région parisienne (« Le Lapin Agile », 1910).
La sculpture
Jean-Baptiste Carpeaux (1827 – 1875), sculpte pour l’Opéra (« La Danse, 1869); il orne la fontaine de l’Observatoire et exécute de très nombreux bustes et effigies (« Napoléon III », « Jules Grévy »).
Auguste Rodin (1840 – 1917), produit une œuvre d’une grande diversité : « Le Penseur », 1880, « Les Bourgeois de Calais », le buste de Clemenceau, la statue de Balzac. Inspiré par Michel-Ange et par l’Antiquité, il fait preuve d’une originalité alliant le réalisme et la sensualité.
Camille Claudel (1864 – 1943), sœur de Paul Claudel, travailla avec Rodin puis produisit une œuvre originale.
Aristide Maillol (1861 – 1944), est surtout connu pour ses sculptures de nus féminins aux formes lourdes (« La Méditerranée »).
Antoine Bourdelle (1861 – 1929), travaille avec Rodin mais reste influencé par le style gréco-romain. Son œuvre se compose de 900 sculptures dont les bas-reliefs du Théâtre des Champs-Élysées, 1912.
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