Le Parti ouvrier : On parle de ressusciter cette organisation
Les grévistes de Sydney, Nouvelle-Écosse, se sont constitués en parti ouvrier et cherchent à stimuler la formation de groupes politiques ouvriers dans d’autres parties du Canada, en particulier, à Montréal.
Nous avons à Montréal un certain élément qui a essayé aussi de fonder ii un parti ouvrier, indépendant et distinct des autres parties. Ces efforts n’ont pas eu beaucoup de succès et nous craignons que ceux du parti ouvrier de Sydney n’aient le même résultat.
Nous n’avons pas besoin de rappeler à nos lecteurs que la première reconnaissance des intérêts spéciaux de la classe ouvrière est venue du parti libéral qui a fondé, à Ottawa, un département du travail, qui publie une Gazette du Travail, qui a établi un mécanisme par lequel les difficultés entre patrons ouvrier peuvent être soumises à un arbitrage impartial.
Il pourrait paraître que la simple gratitude pour ce qui a été fait devrait porter les ouvriers en général à se rallier au parti libéral. Cette considération n’est pas, sans doute, sans avoir un peu influencé la masse des ouvriers libéraux. Mais il se trouve parmi les ouvriers un certain groupe qui ne tient pas compte de la justice rendue et qui ne vise que les faveurs à obtenir. Aux membres de ce groupe, nous demandons si, en leur âme et conscience, ils espèrent obtenir une plus large mesure de justice des conservateurs que des libéraux? Car il est bien évident pour eux comme pour tout le monde que, seuls, ils ne peuvent arriver à rien – du moins pour le moment – il faudrait donc que leurs députés, s’ils réussissent à en élire, fassent alliance soit avec le parti conservateur, soit avec le parti libéral. Or en tenant compte de ce que le parti libéral a déjà fait pour la classe ouvrière, et dont nous n’avons tout à l’heure cité, qu’une ou deux mesures seulement, n’est-il pas évident que le parti libéral sera toujours mieux disposé que le parti conservateur à l’égard des intérêts ouvriers?
Alors pourquoi faire bande à part, pourquoi se donner inutilement l’air de vouloir vendre leur influence électorale au plus haut offrant et dernier enchérisseur? La place des ouvriers est dans les rangs du parti libéral auquel ils doivent toutes les mesures de réforme ouvrière dont ils jouissent et qui, seul, pourra rendre justice à leurs revendications légitimes dans l’avenir.
16 juillet 1904, le quotidien Le Canada.
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