Les ordres monastiques et leur histoire
Les ordres monastiques. Le développement considérable du monachisme touche aussi bien l’architecture que la vie intellectuelle et sociale.
Se retirer du monde pour se consacrer collectivement à une vie de prière ou de travail n’est pas chose nouvelle autour de l’an mille. Plusieurs siècles auparavant, Saint Benoît de Nurcie avait jeté les bases d’un monachisme nouveau en fondant vers 529 un monastère au Mont Cassin, et en rédigeant les principes de sa règle : elle vise, en s’inspirant de Saint Basile, à procurer la gloire de Dieu sur terre par la sanctification du moine, qui doit tendre à l’humilité par la discipline intérieure, l’abnégation et l’obéissance.
La vie monacale
Le couvent forme une famille dont l’abbé est le père, communauté dont les membres ne possèdent rien en propre, isolée du monde par la clôture, conservant avec lui le lien de l’hospitalité. Les moines doivent prier à des heures déterminées du jour et de la nuit, et se livrer au travail manuel et intellectuel.
Cluny
L’origine de Cluny remonte à 910, quand le duc Guillaume d’Aquitaine donne aux moines bénédictins, de la réforme de Saint Benoît d’Aniane, sa villa de Cluny, ses dépendances (bois, champs, vignes, moulins) et ses serfs. Il demande qui soit construit un monastère à la mémoire de Saint-Pierre et de Saint-Paul, sous la direction de l’abbé Bernon. Par le privilège d’exemption, Cluny ne dépend que du pape, et d’aucun seigneur féodal, ni d’évêque.
En 931 l’abbé Odon reçoit du Pape le droit de commander aux autres abbayes soumises à la réforme du nouvel ordre, qui réduit le travail manuel au maximum au profit de la prière, et qui prévoit la collation du sacerdoce au plus grand nombre de ses moines. Les monastères placés sous le contrôle de Cluny sont étroitement surveillés par son abbé, qui nomme leur prieur. Cluny participe activement des pèlerinages et à la préparation des croisades; l’ordre cherche à défendre l’idée d’un monde chrétien avec à sa tête un pape et un empereur; recrutant beaucoup dans la noblesse, l’ordre devient très riche et est le siège d’un grand mouvement artistique. A la fin du XIIe siècle, Cluny compte plus de mille monastères, surtout en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre, en Lombardie, en Espagne.
Les cisterciens
La fondation de l’ordre cistercien, par Robert de Molese en 1098, qui se retire dans la forêt de Cîteaux, en Bourgogne, s’explique par le désir de réaction contre l’enrichissement et le relâchement des mœurs des clunisiens. Il s’agit de redevenir à l’austérité des principes bénédictins originels. En 1119, l’abbé Étienne écrivit la Charte de Charité qui impose la pauvreté complète, interdit les études profanes et recommande la soumission aux évêques. Mais le renom de l’ordre de Cîteaux doit beaucoup à Saint Bernard, fils du Seigneur de Fontaine qui entre en 1112 à Cîteaux, avec trente autres nobles.
En 1153, il devient le premier abbé de Clairvaux, qui compte vite 700 moines et s’agrégea 160 monastères. Il se mêle des affaires publiques, se heurte au roi Louis le Gros, aide à la création de l’Ordre du Temple, condamne les propositions d’Abélard, et prêche en 1146 la deuxième croisade (à Vézelay et Spire). Saint-Bernard est un grand conducteur d’hommes, très conservateur et attaché à la féodalité (il condamne la commune de Reims). Il voue un culte fervent à la Vierge, et développe l’idée de trois degrés pour s’élever vers Dieu : la vie pratique, la vie contemplative, la vie extatique.
Les cisterciens se signalent par leurs qualités de bâtisseurs et d’organisateurs de la production. Si leurs abbayes sont considérées aujourd’hui comme les chefs-d’œuvre architecturaux, par la pureté et la beauté simple de leurs formes, elles se veulent fonctionnelles. Ces constructions sont en effet destinées à n’être pas des simples lieux de prière, mais aussi le centre d’une intense activité économique. Suivant les régions où ils se trouvent, et les donations dont ils bénéficient, ils sont défricheurs, éleveurs de moutons et exportateurs de laine, vignerons et promoteurs des techniques viticoles, métallurgistes et utilisateurs de l’énergie hydraulique : grâce à leurs forges ils produisent une quantité considérable de fer, dont ils vendent une partie hors du domaine.
Une simple visite des abbayes de Fontfroide (près de Narbonne) de Sénanque (dans le Lubéron), du Thoronet (en Province), de Noirlac (près de Bourges) laisse une impression saisissante de leur rayonnement. L’ordre compta d’ailleurs près de 750 maisons.
Les autres ordres
En 1804, Saint-Bruno et six compagnons fondent dans le massif de la Grande Chartreuse, non loin de Grenoble, l’ordre des Chartreux. Cette règle est celle des Bénédictins, avec des coutumes propres : vie en cellules distinctes, mais offices en commun, abstinence et silence perpétuels, travaux des champs. Comme d’autres ordres, es Chartreux fabriquent une liqueur réputée.
On peut également citer la création de l’ordre des Antonins, à la fin du XIe siècle, qui se consacre au soin des malades atteints du « feu de Saint-Antoine », ainsi que l’ordre des Feuillants et des Trappistes, cherchant toujours plus de pureté dans des règles très strictes. D’autre part, les Franciscains et les Dominicains refusant la vie conventuelle, se consacrent à la prédication pour les premiers et à la lutte contre l’hérésie pour les seconds, non sans excès.
L’attrait pour la vie monacale décline dès le XIVe siècle, mais l’on compte encore plus de 200 maisons pendant la Renaissance, éparpillées en France, en Italie, en Angleterre et en Espagne.
Saint Benoît d’Aniane
Fils du comte de Maguelonne, il fonde l’abbaye d’Aniane, en Languedoc (780). S’inspirant de la règle bénédictine, de Saint-Benoît de Nurcie (480-547), qui fonda le monastère du Mont Cassini, il insiste sur la séparation complète d’avec le monde. Il est ainsi le restaurateur de la discipline monastique dans l’Empire Carolingien.
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