Oui à la chef, non à la matelote
Y aura-t-il encore beaucoup de comédiens qui oseront monter sur les planches lorsqu’ils apprendront que souffleur, malade, a été remplacé par une souffleuse ? De sportifs qui résisteront à l’appel de l’exercice physique en voyant leur entraîneur remplacé, à pied levé, par une entraîneuse?
Voici sans doute deux exemples : pompier (pompière) de l’exercice auquel l’Office de la langue française s’est livré en 1986, avant d’accoucher (docteur – docteure) d’un recueil de 70 pages intitulé Titres et fonctions au féminin : essai d’orientation de l’usage.
Le but de cet ouvrage est pourtant très sérieux : isoler et étudier près de 200 termes encore considérés comme masculins ou qui ne comportent pas de forme féminine reconnue. Et cela non seulement parce que les femmes ont désormais accès à l’ensemble des métiers et professions, mais aussi qu’elles souhaitent de plus en plus qu’on emploie des dénominations féminines pour les désigner.
Il s’agit du troisième document de politique linguistique publié par l’office. Le premier, en 1980 se penchait sur les emprunts linguistiques, et le second sur les québécismes (1985). On se souviendra que, dans un cas comme dans l’autre, les termes suggérés n’étaient pas tous passés (facteur – factrice) comme lettre à la poste.
Si on en juge d’après les explications fournies dans le recueil de l’office, le choix des termes «féminisés» ne s’est pas toujours fait sans difficultés. Dans plusieurs cas, on a par exemple préféré s’en tenir à ce qui existait déjà – marin, médecin, matelot, non sans y avoir longuement réfléchi.
Un cas type : pour le féminin de chef, on a d’abord pensé à chève! Puis, à cheffe! Et à chèfe! À cheffesse aussi, de même qu’à chéfesse. On a finalement opté pour l’originalité : un chef au féminin deviendra UNE CHEF!
(Cela se passait en juin 1986).
Voir aussi :
- L’OLF dit NON à la police de la langue
- Langue au Québec