La Nouvelle-France entre 1689 et 1713

Le Canada (la Nouvelle-France entre 1689 et 1713)

Demande : Quel fâcheux événement arriva-t-il le 25 août 1689 ?

Réponse : 1500 Iroquois descendirent de nuit dans l’Île de Montréal, à l’endroit appelé Lachine ; trouvant tout le monde endormi, ils se mirent d’abord à enfoncer les portes et ensuite à brûler les maisons, et massacrèrent impitoyablement les hommes, les femmes et les enfants. En moins d’une heure, ils firent périr dans les plus horribles supplices 200 personnes de tout sexe et de tout âge, et, après cette horrible boucherie, ils s’avancèrent jusqu’à une lieue de Montréal, faisant partout les mêmes ravages, et exerçant les mêmes cruautés, et quand ils furent las de ces horreurs, ils firent 200 prisonniers, qu’ils emmenèrent dans leurs villages, où ils les brûlèrent.

D. Quel mal les Iroquois firent-ils encore vers le même temps ?

R. Pendant l’été de 1690, ils firent plusieurs incursions dans la colonie, et tuèrent un grand nombre d’habitants et de soldats avec plusieurs officiers de mérite. Le comte de Frontenac fit tout ce qu’il put pour arrêter leurs courses ; mais la faiblesse de ses ressources ne lui permit pas d’exterminer ces ennemis irréconciliables des Français.

D. Que fit le comte de Frontenac pour se conformer aux intentions de Louis XIV ?

R. Il porta la guerre dans la Nouvelle-York et dans la Nouvelle-Angleterre. Les Français eurent d’abord plusieurs avantages sur les Anglais et s’emparèrent de plusieurs forts ; mais ces succès, loin d’intimider les habitants de la Nouvelle-York et de la Nouvelle-Angleterre, les portèrent à faire des efforts vigoureux pour chasser les Français du Canada. Ils mirent quatre vaisseaux en mer sous le commandement du chevalier Phipps, et s’emparèrent de Port-Royal, de La Hève, de Chédabouctou et de presque tous les postes que les Français possédaient en Acadie.

D. Que firent les Anglais, la même année, 1690 ?

R. Ils mirent en mer une flotte de trente voiles pour s’emparer de Québec. La ville fut bombardée pendant quatre jours ; mais les assiégés firent une si vigoureuse résistance, que les assiégeants furent obligés de se rembarquer, après avoir perdu 600 hommes, 10 vaisseaux, plusieurs canons et beaucoup de munitions de guerre.

D. Comment se passa l’année 1691 et les suivantes ?

R. Les Iroquois continuèrent leur guerre d’incursions et se mirent en campagne au nombre de mille. Ils établirent leur camp à l’entrée de la rivière des Outaouais, et de l à envoyèrent des détachements de différents côtés. Ces détachements exercèrent des cruautés inouïes sur les Français qui tomberont dans leurs mains ; mais, en 1095, ils furent complètement défaits dans un combat près de Boucherville, par M. de la Durantaye.

D. Que fit M. de Frontenac en 1696 ?

R. Il rassembla toutes les troupes et les milices de la colonie, et porta la guerre chez les Iroquois. Ceux-ci, ayant appris l’arrivée des Français, se retirèrent dans les bois. Les Français pour s’en venger brûlèrent le fort et les villages du canton d’Onneyouth et délivrèrent une trentaine de prisonniers. Après cette expédition, l’armée reprit le chemin du Canada.

D. Qu’arriva-t-il pendant que M. de Frontenac ravageait le pays des Iroquois ?

R. M. d’Iberville enlevait aux Anglais un vaisseau de 24 canons, sans perdre un seul homme, et leur prenait par capitulation le fort de Pemkuuit. De l’Acadie, d’Iberville se rendit en Terre-Neuve, où il enleva aux Anglais le fort et la ville de Saint-Jean, avec plusieurs postes qu’ils avaient dans l’île. De là il se rendit à la baie d’Hudson, où, sur un vaisseau de 50 canons, il eut à se battre contre trois vaisseaux anglais, dans un était plus fort que le sien, et les autres étaient des frégates de 32 canons. Il coula à fond le premier, s’empara d’une des frégates, et obligea l’autre de prendre la fuite.

D. Quelle perte la colonie fit-elle en l’année 1698 ?

R. Elle perdit le comte de Frontenac, qui mourut âgé de 78 ans. Il fut remplacé dans le gouvernement général du Canada par le chevalier de Callières, gouverneur de Montréal. Le nouveau gouverneur possédait les qualités nécessaires dans les circonstances où il se trouvait : par sa fermeté, sa prudence et sa sagacité, il sut tenir les Iroquois en échec et les réconcilier enfin avec les Français et avec les autres tribus sauvages.

D. Qu’arriva-t-il en l’année 1701 ?

R. La paix générale fut signée à Montréal avec toutes les tribus, qui y envoyèrent des députés. L’assemblée se tint dans une grande plaine hors de la ville, on y fit une enceinte de 120 pieds de long, sur 72 de large ; les soldats furent placés tout autour ; les Sauvages, au nombre de 1300, étaient rangés dans l’enceinte, en très bel ordre. Les principaux officiers entouraient le gouverneur général, qui était placé de manière à pouvoir être vu et entendu de tous. Mais cette paix tant désirée ne fut point de longue durée, car, en 1703, l’Angleterre ayant déclaré la guerre à la France, les colonies américaines soumises aux deux puissances se brouillèrent de même.

D. Quelle perte la colonie fit-elle en l’année 1703 ?

R. Elle perdit M. de Callières, qui mourut à Québec, autant regretté que le méritait le général le plus accompli qu’eut encore eu la colonie, et l’homme dont elle avait reçu les plus grands services. Il fut remplacé par le marquis de Vaudreuil, gouverneur de Montréal. Le premier geste du nouveau gouverneur fut de maintenir la paix arec les cantons iroquois, qui se trouvait menacée par la guerre déclarée entre l’Angleterre et la France.

D. Quelle tentative les Aillais firent-ils en 1704?

R. Ce fut de s’emparer l’Acadie. Ils firent partir dix bâtiments de Boston, dont le plu gros portait 60 canons, et le plus petit 12, la flotte mouilla dans le bassin de Port Royal, à deux lieues de la ville et débarqua 1560 hommes. Il y eu quelques combats ou quelques escarmouches assez vives, dans l’une desquelles les Anglais perdirent leur principal officier. Enfin, ayant trouvé partout où ils se présentèrent des Français qui les arrêtèrent, l’amiral fit rembarquer ses troupes, et la flotte sortit, le 22 juillet, du bassin.

D. Quelle perte les Français firont-ils dans le même temps ?

R. Les Anglais prirent un vaisseau qui portait à Québec M. de Saint-Vallier, successeur de M. de Laval, dans le siège épiscopal, un grand nombre d’ecclésiastiques, plusieurs riches particuliers, et une cargaison estimée à un million de livres. La perte de ce navire fut néanmoins compensée par un rentable avantage pour le Canada ; on ne s’était pas encore avisé, dit Charlevoix, d’y faire de la toile, la nécessité y fit ouvrir les yeux, sur cette négligence : on sema, du chanvre et du lin, qui y réussirent au-delà de de ce qu’on avait espéré, et l’on en fit usage.

D. Que firent les Anglais en l’année 1705 ?

R. Ils résolurent de surprendre Port-Royal et de s’en rendre maîtres. Ils mirent en mer 20 bâtiments portant 3008 nommes de troupes. Après plusieurs combats partiels livrés aux environs de la place, les Anglais se débarquèrent. Les Canadiens, qui se trouvèrent à Port-Royal pendant l’attaque, se distinguèrent à leur ordinaire, et ne contribuèrent que peu à la conservation de la place.

D. Qu’arriva-t-il en l’année 1703 ?

R. Il fut arrêté dans un grand conseil, tenu à Montréal, qu’on ferait une nouvelle incursion sur te territoire anglais. Les Français se mirent en route au nombre de 200, et arrivèrent à un village nommé Haverhili, défendu par un fort. Ils y trouvèrent beaucoup de résistance, mais enfin ils y entrèrent, l’épée et la hache à la main, et y mitent le feu, Toutes les maisons du village eurent le même sort. Il y eut environ 100 Anglais de tués, en combattant, d’autres périrent dans L’embrasement des maisons, et le nombre des prisonniers fut considérable.

D. Quelle résolution les Anglais prirent-ils après cet échec ?

R. De chasser les Français de l’Acadie. Ils armèrent 50 bâtiments, et entrèrent dans le bassin de Port-Royal, le 10 octobre 1710 ; ils jetèrent les ancres vis-à-vis du fort, dans le dessein de s’en emparer. Les troupes, commandées parle général Nicholson, se montaient à 3,500 hommes, sans compter les matelots. M. de Subercase, qui commandait ce poste, n’avait que 300 hommes à opposer aux Anglais ; il se défendit néanmoins pendant quelques jours avec assez de vigueur pour tuer beaucoup de monde aux assiégeants ; mais, ne pouvant plus tenir, il demanda à capituler, et sortit avec sa garnison, qui ne consistait plus qu’en 150 hommes tous délabrés, avec armes et bagages.

D. Qu’arriva-t-il à une flotte anglaise qui voulait s’emparer de Québec en 1711 ?

R. Elle fit naufrage dans le fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis les Sept-Îles. Huit gros vaisseaux furent submergés, et 3,000 hommes périrent.

D. Quels ordres les gouverneurs généraux du Canada et des colonies anglaises reçurent-ils de leurs souverains, en l’année 1712 ?

R. Ils reçurent des ordres précis de faire cesser tout acte d’hostilité entre les sujets des deux nations et leurs alliés. Par le traité conclu entre Louis X IV et la reine Anne, l’année 1713, la France cédait à l’Angleterre l’Acadie avec la ville de Port-Royal, appelée depuis Annapolis, et tout ce que les Français avaient possédé jus qu’alors dans l’île de Terre-Neuve et à la baie d’Hudson, se réservant seulement l’île Royale ou du Cap-Breton, et celle de Saint-Jean.

Voir aussi :

Le Canada (la Nouvelle-France entre 1689 et 1713)
Le fleuve en hiver. Photo de Histoire du Québec.ca.

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