New Deal aux États-Unis
Les politiques du président Hoover n’arrivant pas à venir à bout d’une crise qui s’aggrave, les électeurs envoient en 1932 à la présidence un homme nouveau, le démocrate Franklin Delano Roosevelt qui est élu avec 57,3% des soufrages. Curieusement, celui-ci n’a pas de programme clair ou novateur.
La plate-forme démocrate n’est pas originale et est plutôt déflationniste. Mais Roosevelt va tenter des pratiques nouvelles. Ces pratiques pragmatiques vont se modifier selon les périodes, elles traduisent influence des différentes personnalités du Brain trust qui l’entraîne.
D’ailleurs, elles ne sont pas toujours cohérentes entre elles. Selon l’avis de plusieurs économistes, on peut distinguer deux New Deal et tenter d’en dégager les axes essentiels, ce qui permet de voir que, par-delà des résultats immédiats souvent décevants, cette politique apparaît comme l’ébauche de nouvelles formes d’organisation du système économique. Le premier New Deal repose sur les mesures prises entre mai et juin 1933. En cent jours, quinze lois ont été votées. Ces lois réorganisent le secteur bancaire, agricole et industriel des États-Unis.
Dans le secteur bancaire, il s’agit tout d’abord de mesures de sauvegarde pour faire face à la crise et rétablir la confiance, ainsi que de mesures ayant pour but de renforcer le contrôle du système fédéral de réserves sur le système bancaire. Quant au domaine agricole, c’est le vote de l’Agricultural Adjustement Act qui a pour but de restreindre la production agricole pour lutter contre la chute des cours : les agriculteurs qui baissaient leur production recevaient en contrepartie des aides de l’État. Dans le domaine industriel c’est le vote du National Industrial Recovery Act qui définit la situation.
Cet acte a pour but de favoriser la relance en donnant de nouvelles bases à la concurrence. Il s’inspire des idées d’un courant « planiste » qui croit que le capitalisme de concurrence est dépassé, que les grandes entreprises sont plus efficaces et deviennent l’élément dominant dont le pouvoir doit être contrebalancé par une organisation planifiée de la production («planifiée» dans le sens des formes d’organisation beaucoup plus souples). Cet acte suspendait les lois antitrust et prévoyait que les différentes industries établiraient des codes de concurrences loyales dans lesquelles elles pourraient fixer des prix minimum, la durée du travail étant limitée et le travail des enfants étant interdit. L’article 7A du acte affirmait le principe de la négociation collective.
Ces codes devaient casser la spirale déflationnistes, en relançant la hausse des prix, en faisant augmenter les salaires, en favorisant l’embauche par la réduction du temps de travail. L’adhésion à ces codes n’était pas obligatoire, mais une campagne de publicité y incitait et ceux qui y adhéraient bénéficiaient d’un label. Au total, 96% des industries ont signé des codes mais il y eut des exceptions notables, par exemple, Ford. En pratique, les résultats furent décevants. La hausse des salaires ne compensa qu’à peine la hausse des prix et il n’y eut pas de véritable relance de la demande.
Au fait, la baisse du temps de travail se traduisit par des embauches de 1,5 million à 2 millions, mais c’était moins que ce qu’on avait espéré. Pour lutter contre le chômage, d’autres mesures ont été prises : des mesures d’aide aux chômeurs, mais surtout le début de politique de grand travaux avec la création de la Civil Word Administration ou CWA, chargé de faire des travaux en embauchant des chômeurs et la mis en route de l’aménagement de la vallée du Tennessee (Tennessy Valley Authority).
En 1934, le CWA emploie déjà 4 millions de personnes. Dans le domaine monétaire la politique est plutôt inflationniste. En effet, le président Roosevelt au départ est plutôt pour la déflation et une monnaie stable. Des mesures en ce sens sont prises (Economy act du 20 mars 1933), mais de multiples pressions, en particulier celle des fermiers endettés, vont le pousser à une politique plus inflationniste. Le tournant a lieu avec la dévaluation de plus de 40% du dollar.
Le premier New Deal se traduit par une reprise limitée et elle a surtout lieu pendant l’été 1933. L’indice de la production industrielle passe de 56 en mars 1933 à 99 en juin, mais il retombe à 75 en octobre. L’année 1934 est plutôt marquée par la stagnation industrielle. Le chômage pourtant reste élevé. Il est temps du second New Deal qui se met en place à partir du printemps 1935.
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