Réjouissances en Nouvelle-France à l’occasion de la naissance du Dauphin
Dauphin fut le titre porté par le fils aîné du roi de France. Il désignait alors l’héritier présomptif de la couronne, jusqu’à son sacre.
Né le 6 août 1682, Louis de France (1682 – 1712), duc de Bourgogne, était le fils de Louis de France, le grand dauphin et de Marie Anne Victoire de Bavière. Il était l’héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV mais est mort avant ce dernier. Son plus jeune fils devint le roi Louis XV en 1715.
Le 8 septembre 1682, M. le gouverneur général donne des ordres « pour que tous bourgeois et artisans eussent à ne point tenir boutique ouverte pendant le temps de la réjouissance et à illuminer leurs maisons »
Toutes choses étant préparées, cette fête fut amorcée la veille au soir par une décharge de toute l’artillerie de la place, et les troupes de la marine et de milice furent commandées pour prendre les armes.
Le lendemain 11 du mois au lever du soleil, les mêmes décharges se firent, le Chapitre de l’Église cathédrale s’assembla pour chanter une grande messe en musique, pendant l’Élévation se fit une décharge de l’artillerie pareille à celle du matin, M. le gouverneur général, intendant, de l’Étenduère Capitaine du vaisseau du roi, le Conseil supérieur, les officiers de la Juridiction, la n noblesse et tous les corps y assistèrent en Cérémonie.
Sur les trois heures après-midi cette même assemblée se rendit au Château Saint-Louis et de là en l’Église Cathédrale, on fit une procession à laquelle M. le coadjuteur assista, elle fut chez les R.P. Récollets, lorsqu’elle passa le château tira du Canon, sortant de cette Église pour aller à celle des R.P. Jésuites, elle eut un pareil salut, et qui fut également observé lorsqu’elle rentra.
M. le coadjuteur entonna le Te Deum qui fut chanté en musique avec le psaume Exaudial pendant lesquels se fit une décharge de plus de cent Boëttes et de canons du château et de la citadelle.
Après cette cérémonie, Ms. le gouverneur général, Intendant et lieutenant de Roi se rendirent au feu de joie toutes les troupes, les milices en bataille, ils allumèrent le feu qui avait été préparé et crièrent à haute voix Vive le Roi, on y répondit généralement et d’une manière si naturelle, qu’il était aisé de voir que le cœur avait la première part aux acclamations, elles ne finirent que par le bruit des Boëttes et de toute l’artillerie de la place et des vaisseaux de la rade.
Aussitôt toute la ville parut illuminée. M. le gouverneur général étant rendu au château avec M. l’Intendant et tous les officiers il donna le signal pour tirer le feu d’artifice qu’on avait dressé de l’autre côté de la rivière, il faisait face au château, il parut de son centre une flèche de laquelle partit nombre de fusées de différents goûts, avec un soleil qui monta du bas en haut, et d’autres à tous les coins ; dans les flancs il y avait un Vive le Roi, formé par des lumières artificielles, qu’on distinguait d’une demie lieue.
Un souper fut servi au château à dix heures du soir et un bal se poursuivit toute la nuit. L’intendant et le capitaine du vaisseau du roi ont aussi offert des réceptions en l’honneur de l’héritier du trône.
(Relations des Récollets. Naissance du Dauphin).
Pour en apprendre plus :