Mouvement nationaliste avant l’insurrection

Mouvement nationaliste franco-canadien à l’aube des l’insurrection de 1837

À partir de 1834, des comités constitutionnels anglais se formèrent à Montréal pour faire échec à l’action politique des Fils de la Liberté et neutraliser leur influence grandissante. L’élection de cette année-là, dans le quartier Ouest, fut si turbulente que le greffier du scrutin, Charles-A. Lusignan dut mettre fin à la votation avant l’heure réglementaire et déclara dument élus Louis-Joseph Papineau et Robert Nelson. Au dire d’Aylmer « la haine des partis s’était alors manifestée au point de mettre en danger la propriété et la vie des citoyens. La maison de Papineau lui-même, dit-il, a été préservée de destruction par l’intervention militaire, contre laquelle il avait le plus crié en 1832.»

Il ne faudrait pas croire cependant que toute la population de langue anglaise partageait les sentiments des bureaucrates et du gouvernement. Tracey et quelques amis s’étaient faits les défenseurs de la liberté politique, dans le journal le Vindicator (le Défenseur). Le docteur O’Callaghan, rédacteur au même journal, s’était fait élire à la chambre des députés sur le programme nationaliste de Papineau. Pour ceux-là l’histoire de l’Irlande rappelait toujours le « Beware of the Sassinah » du temps de Castlereagh. Tant d’autres l’ont oublié depuis.

Ces précieuses adhésions au mouvement nationaliste était une compensation pour les quelques défections qui se produisirent alors, par suite de la tournure révolutionnaire que prenaient les événements. Ainsi, dans une adresse de loyauté, envoyée au ministère de Londres, apparait un certain nombre de Canadiens, la plupart bien en place, parmi les 7,708 noms de la liste. L’Écossais John Neilson, se sépara aussi de Papineau en 1834 et accepta même d’être l’un des délégués du parti anglais à Londres en 1835. Il méritait bien être l’un des membres du Conseil Spécial, imposé au Canada après la rébellion.

En 1835, il se forma à Montréal un comité central d’action politique en dehors des chambres, pour appuyer par des manifestations populaires les revendications de la chambre des députés. Au mois de juillet, MM. O’Callaghan et Perreault envoyèrent au secrétaire des colonies à Londres copie des résolutions adoptées par le comité au nom des Canadiens. Cette démarche, on s’en doute bien, resta sans résultat. En décembre suivant, au cours d’une assemblée populaire, on décida de former un corps de volontaires de 300 hommes. On feignit de se scandaliser d’une aussi audacieuse initiative. Mais dans le même temps les associations loyales avaient déjà leurs affidés du Doric Club, tout prêts à défendre le gouvernement par des moyens moins inoffensifs et courtois que la parole et les écrits.

Dans le langage officiel de la bureaucratie du temps, les premiers sont qualifiés de rebelles, les seconds de sujets loyaux. Mais pour les uns comme pour les autres le discours de lord Gosford et le témoignage du chevalier de Lorimier resteront la règle de l’histoire, écrite sur le « Monument des Patriotes » érigé sur la place même des exécutions.

Pour en apprendre plus :

Mouvement nationaliste à l'aube des l'insurrection de 1837
Ancienne douane de Montréal. Photo de Histoire-du-Québec.ca.

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