Montréalais en Louisiane

Montréalais en Louisiane

Le commerce extérieur de Montréal, que les découvreurs et explorateurs avaient porté sur les territoires occidentaux, avait gagné à leur suite la Louisiane, trois millions de kilomètres carrés, que deux illustres Montréalais, d’Iberville et de Bienville, avaient soudés à l’empire français d’Amérique. Là aussi les Anglais avaient des tribus à leur solde, travaillant à miner les établissements français et à détourner le commerce au bénéfice des colonies de l’Atlantique. Iroquois à l’Est, Renards à l’Ouest, Chicachas au midi, seule et même puissance trilingue, mise de l’avant pour faire échec à l’expansion française.

De Bienville résolut d’en finir avec les Chicachas, les plus turbulents de tous. Il fit appel à M. d’Artaguette, commandant aux Illinois, pour les combattre. Arrivé le premier sur le territoire des ennemis, d’Artaguette prit facilement un petit village qu’il détruisit, et se jeta imprudemment sur un second beaucoup plus considérable. Ses alliés, les Illinois, pris de peur à la vue du grand nombre de cabanes, s’enfuirent, entraînant avec eux quelques Français. Abandonné par la plupart de ses guerriers, d’Artaguette fut vite entouré et fait prisonnier avec quelques compagnons (mai 1736).

Vingt furent livrés au supplice du feu, et torturés, de trois heures de l’après midi jusqu’à la nuit avancée. Au nombre des malheureuses victimes de ces barbares étaient MM. de Vincennes, de Tonty, de Coulonge, de Montréal, M. de Tisné de Québec, M. d’Esgly, le jésuite Sénat et M. de Saint-Ange, qui avait vaincu les Renards en 1729. (Lettre de M. de Beauharnois au ministre, 10 juin 1739. — Archives de la Marine: «Collection Moreau St-Méry.», vol. 10 F. 12, folio 353).

Le baron de Longueuil, major de Montréal, fils de l’ancien gouverneur, fut envoyé au secours de son oncle, M. de Bienville, avec 400 Canadiens et sauvages, recrutés dans la ville et les environs. (Le détachement se composait d’officiers canadiens, de 45 habitants miliciens, de 186 Iroquois du Sault-St-Louis, de 51 du Lac des Deux-Montagnes et de 82 autres sauvages. — Edouard Richard: « Rapport sur les Archives de France», 1899, page 31.

Les Canadiens furent chargés de porter une première attaque contre les villages des Chicachas, (février 1740). Un détachement de 200 miliciens, flanqués d’autant d’Iroquois et d’Abénaquis, sous les ordres de MM. de Céloron et de Saint-Laurent, prirent les devants et tuèrent une trentaine d’ennemis dans un premier engagement. Cette offensive, aussi soudaine qu’inattendue, jeta les sauvages ennemis dans la consternation.

Les Chicachas, se sentant maintenant les moins forts, se rapprochèrent des Français. M. de Saint-Laurent, trompé par les bonnes dispositions apparentes des ennemis, se rendit sans escorte dans un de leurs villages, pour rencontrer les chefs et traiter de la paix. Il fut bientôt entouré des filles et des femmes sauvages qui demandèrent sa mort. La prudence des chefs évita ce malheur.

À la suite d’un grand conseil, on résolut plutôt de se servir du prisonnier pour obtenir, à de bonnes conditions, la paix avec les Français. Prenant alors leurs habits de cérémonie, les Chicachas vinrent en chantant et dansant présenter à Saint-Laurent le calumet de paix. Tous ensemble ils allèrent offrir le calumet au capitaine, M. de Céloron, qui le reçut volontiers et promit de s’occuper de la paix. Ainsi prirent fin les difficultés et disputes entre les Français de la Louisiane et la tribu des Chicachas au mois d’avril 1740.» (J.-B.-A. Ferland: «Histoire du Canada», vol. Il, p. 472).

Pour en apprendre plus :

Monument à Maisonneuve sur la place d'Armes dans le Vieux-Montréal. Photo de Histoire du Québec.ca.
Monument à Maisonneuve sur la place d’Armes dans le Vieux-Montréal. Photo de Histoire du Québec.ca.

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