La mode québécoise en août 1940

La beauté, le regard sur la mode en août 1940

Ces textes témoignent de la psychologie du public québécois, canadien et, naturellement de tout le monde à l’époque. Ainsi l’on voyait la mode, la vie, le rôle des femmes dans la société des hommes :

Regard sur la mode : L’opinion de monsieur

La mode évolue sans cesse. De saison en saison elle nous apporte mille détails souvent très jolis parfois assez inattendus, mais auxquels on finit par s’habituer. Chacune de nous aime bien suivre la mode mais rares sont les femmes qui de nos jours prennent au pied de la lettre les décrets de cette souveraine.

Il est vrai que nos contemporains ne s’offusquent pas de certaines extravagances. Et pourtant il n’y a pas si longtemps une femme fut huée et même frappée parce qu’elle avait voulu faire un peu à part des autres en portant une robe « ne tombant que jusqu’aux genoux ». Pensez donc! Quel crime abominable. Voici le fait que j’ai trouvé récemment en relisant une revue datant de 1929.

Une jeune fille de la haute société polonaise s’était rendue à l’un des grands services catholiques de Varsovie. Sa mise était particulièrement soignée; ses vêtements étaient du plus grand couturier mais… sa robe était beaucoup plus courte que ne le voulait la mode d’alors. Ce dernier détail scandalisa les fidèles et provoqua un drame.

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Comme le rapporte l’article, « sur un signal donné la jeune fille fut assaillie, renversée sur les dalles de l’église et violemment piétinée. » Terrifiée, elle parvint à s’enfuir à la sacristie. Un prêtre qui était là, après avoir été mis au courant de ce qui se passait réussit à arrêter la foule qui voulait faire irruption dans la sacristie. Calmés, ces gens exaltés qui avaient failli blesser gravement une innocente jeune fille s’en retournèrent s’agenouiller à leurs prie-Dieu. Vous vous imaginez bien que la jeune fille était plus morte que vive !

Faut-il penser que les hommes d’aujourd’hui ont les idées plus larges, sont plus tolérants ? Sans doute. Car s’il fallait que la gent masculine se mit à la poursuite d’une femme qui passe dans la rue vêtue d’une robe aux genoux, franchement les hommes auraient alors beaucoup à faire…

Mais peut-être qu’à force de réflexion, ces messieurs ont pensé :  « Il vaut sans doute mieux ne pas nous occuper de ce qui ne nous regarde pas. » Bien qu’il y a encore certains hommes qui se mêlent de discuter des toilettes féminines au point de vue esthétique.

Mais nous pourrions peut-être leur répondre ce qu’eux mêmes disent lorsque nous nous mêlons de politique et d’affaires : « À chacun son domaine. »

La beauté : Une bonne recette

Le soin de sa personne est un devoir pour toute femme qui veut plaire aux gens qu’elle côtoie chaque jour. Qu’il s’agisse de votre mari, madame, de vos fils et de vos filles, vous leur devez d’être impeccable à tous points de vue. Un homme ne voit pas uniquement en sa femme une maîtresse de maison qui sait bien tenir le logis et préparer des petits plats délicieux. Un homme, et vous le savez aussi bien que moi, aime que sa femme , après cinq, dix, et même quinze ans de mariage, soit aussi soignée sur elle-même qu’aux jours de ses fiançailles.

Pauvre ou riche, il vous est toujours possible d’être d’une propreté à toute épreuve. Soyez fraîche et belle pour les vôtres. Ils vous en sauront gré, croyez-m’en.

Je connais une femme qui a six enfants, de dix a trois ans, et qui a toujours une robe fraîche, un visage bien propre légèrement maquillé. Son intérieur est à l’ordre. Ses enfants sont proprement vêtus. Les repas sont toujours servis à l’heure dans cette maison. Et cependant, madame n’a pas de bonne. Quelques-uns diront peut-être que c’est incroyable. Mais, voyez-vous, cette femme a de l’ordre.

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Elle pense à toute la maisonnée, sans oublier que, elle aussi, compte au foyer. En conséquence, elle fait . tout son travail domestique d’une façon bien réglée, sans trop se fatiguer. Et vous savez qu’une mine reposée est a la base de la beauté féminine. Une personne qui a toujours les traits tirés, les sourcils froncés, la bouche grimaçante, ne peut pas être belle, ferait-elle usage des meilleurs cosmétiques.

Soignez donc votre personne, ayez une mine gaie, accueillante, souriante pour ceux avec qui vous vivez. Je dis bien pour ceux avec qui vous vivez, car il y a de par le monde beaucoup de femmes qui savent sourire seulement à leurs amis ou bien aux étrangers qu’elles rencontrent de temps à autre. En dehors de la maison, elles sont pleines de vie, souriantes, ont toujours ]e mot aimable. Mais une fois à l’intérieur, allez-y donc voir ! Tout les fatigues, les ennuies, leur tombe sur les nerfs. Alors, ce sont des cris, des rebuffades, des mots déplaisants.

Ce ne sont pas là des conseils immédiats de beauté, mais ils y contribuent grandement, car le sourire confère une certaine beauté au visage même disgracieux. Soyez de bonne humeur, souriez, prenez le soin de votre personne et le monde est à vous.

La couture chez soi. Pour une taille forte. Service des Patrons du « Canada ». Patron #9510

Voici un modèle pratique pour la femme de taille assez forte. Boutonnée sur le devant, cette robe de genre chemisier a des lignes amincissantes à la taille. Le corsage est monté sur empiècement en avant et en arrière. Les manches bouffantes peuvent être resserrées par une bande étroite ou tout simplement être droites. Le petit col et les bandes des manches peuvent se tailler dans un tissu contrastant avec la robe. Le même modèle peut être taillé dans un lainage ou dans un simple guingan ou autre cotonnade. Le premier tissu fera une robe pratique et confortable pour les premiers jours d’automne. Dans l’autre cas, vous aurez une robe d’intérieur d’aspect soigné. Le patron # 9510 se fait dans les grandeurs 34, 36, 38, 40, 42, 44. 46 et 48. La grandeur 36 demande 4 verges de tissu de 35 pouces de largeur.

Voue pouvez vous procurer ce patron en en faisant la demandé au: Service des Patrons, Le CANADA, 33 ouest, rue Saint-Jacques. Envoyez la somme de vingt sous en timbres poste canadiens ou par bon de poste. Ayez soin d’indiquer exactement le numéro du patron choisi et la grandeur désirée. Les patrons ne sont pas en lente aux bureaux du CANADA.

Pour en apprendre plus :

mode psychologie du public québécois
Quatre femmes vêtues à la mode. Illustration de Dalle-E.

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