Menace de la flotte française

Menace de la flotte française

La proclamation révolutionnaire ne parvient pas jusqu’aux Canadiens, grâce au travail efficace des services secrets anglais, mais la France ne renonce pas. Au cours de l’été 1793, une trentaine de navires militaires français sont à l’ancre dans la baie de Chesapeake. Ils sont commandés par des officiers membres de la noblesse. Le ministre plénipotentiaire Genêt commence alors à recruter un grand nombre de matelots. Il complète ainsi les équipages et ordonne à la flotte de se rendre à Terre Neuve afin de «détruire la pèche des Anglais, reprendre Saint-Pierre, brûler Halifax et sonder en remontant à Québec les dispositions des Canadiens envers l’insurrection ».

Mais les autorités des colonies ont déjà pris des mesures contre d’éventuelles attaques françaises. Le lieutenant-gouverneur du Cap Breton, M. William Macarmick, fait état de la situation qui prévaut sur son île «… les émigrants des îles françaises, qui rôdent encore dans nos parages, et les Acadiens qui ne montrent aucune disposition à obéir aux ordonnances de milice, m’empêchent cependant de confier aux habitants les armes en ma possession; ce que je ne ferai que quand je serai pleinement convaincu de leur fidélité et de leur ferme attachement au gouvernement britannique ». Il semblerait que les Acadiens n’aient toujours pas digéré la décision prise en 1755 de les chasser de leurs terres…

À Québec, les autorités se préparent à l’invasion. Le Conseil exécutif organise une escorte militaire pour protéger les navires marchands qui doivent se rendre en Grande-Bretagne. Cependant, aucun signe de la flotte révolutionnaire à l’horizon. Et pour cause…

Plutôt que de mettre le cap sur le Canada, la flotte française, commandée par le contre-amiral Sercey, retourne en France. Cette décision fut prise par un conseil tenu en haute mer. Mézières rapporte dans un mémoire officiel qu’il n’était pas possible, sans exposer les vaisseaux et les marins de la République, d’effectuer la partie essentielle des instructions du ministre. La seule chose que l’on pouvait envisager, c’était d’intercepter un convoi de pelleterie venant du Canada, et de rester dans les parages pendant une quinzaine de jours.

Encore un coup dans l’eau pour le ministre Genêt, dont les plans d’invasion ont décidément tendance à échouer…

Pour en apprendre plus :

Menace de la flotte française
Le port de Bordeaux au XVIIIe siècle, gravure de l’époque (pour le texte de Menace de la flotte française).

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