Maladies et médecine chez les Amérindiens

Maladies et médecine chez les Amérindiens

Les exercices violents que font les Sauvages, leurs voyages, et la simplicité des viandes dont ils se nourrissent, les exemptent de beaucoup de maladies, qui sont les suites nécessaires d’une vie molle, oisive, et peu agissante; de la délicatesse des tables, de l’excès et de la variété des vins; de l’assaisonnement de sels et des épices; des ragoûts, et enfin de tous ces raffinements de délicatesse que la gourmandise a fait inventer, et qui servent plutôt à contenter le goût, à irriter l’appétit, qu’à entretenir la santé, et à former un bon tempérament.

Mal nourris, et endurcis par les fatigues de leurs voyages, par le peu de précaution qu’ils prennent contre les injures d’un air que l’excès du chaud et du froid rend très rigoureuses, ils sont presque tous d’une constitution forte et robuste, d’une bonne charnure et d’un sang plus doux, moins salin, et plus balsamiqueque que le nôtre. On voit parmi eux peu de gens contrefaits de naissance; ils ne sont sujets ni aux gouttes, ni aux gravelles, ni aux apoplexies, ni aux morts subites, et ils ne connaîtraient peut-être pas les petites véroles, le scorbut, le pourpre, la rougeole, et la plupart des autres maladies épidémiques, sans le commerce des Européens.

Maladies

Hommes cependant comme les autres, et par conséquent sujets aux infirmités, ils en ont quelques-unes, qui leur sont plus particulières. Telles sont les maladies scrofuleuses causées par la crudité des eaux, par les eaux de neige, qu’ils sont obligés de faire fondre dans les pays de chasse, pour boire et pour faire cuire leur sagamité.

C’est peut-être du même principe, et de ce qu’ils ont toujours l’estomac et la poitrine découverts, qu’ils contractent une espèce de phtisie, qui les minant peu à peu en conduit la plus grande partie au tombeau, et à laquelle ils n’ont pu encore trouver de remède.

S’ils peuvent éviter ces sortes d’infirmités, qui les prennent d’ordinaire à la fleur de l’âge, et les accidents qu’on ne put pas toujours parer, ils parviennent à une vieillesse extrême dans laquelle il faut les assommer, ou s’attendre à les voir mourir par une pure défaillance de la nature, semblables à une lumière qui s’éteint, faute de matière propre à l’entretenir.

J’ai vu, dans la mission où j’étais, une Sauvagesse, qui avait devant ses yeux les enfants de ses enfants jusqu’à la cinquième génération.

Celle-là n’était cependant qu’un enfant par comparaison à deux ou trois autres; mais surtout à une en particulier, dont l’âge était si avancé, qu’on n’en avait point d’époque, si ce n’est que les plus anciens ne se souvenaient pas de l’avoir vue autrement que vieille. Elle avait été d’une taille assez raisonnable; mais, quelques mois avant que de mourir, son corps sembla rentrer en lui-même, il se rapetissa, et se recoquilla tellement que je fus de la dernière surprise lorsque je fis ses obsèques, en voyant son cercueil, qui avait à peine deux pieds et demi de long.

(Tiré du Mœurs des Sauvages Américains, comparés aux mœurs des premiers temps, par Joseph-François Lafitau).

médecine chez les Amérindiens
Paysage bucolique. Photo: Histoire du Québec.ca.

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