Choléra à Québec
Pendant longtemps le choléra semait la mort partout dans le monde. (Cette maladie portait l’épithète asiatique parce qu’on pensait que l’Asie en était le berceau. Ainsi qu’elle avait gagné l’Europe pour ensuite émigrer en Amérique). Par exemple, en 1848 à Paris, environ 18 mille personnes sont mortes du choléra.
Il semble qu’au Québec c’est en 1832 que cette maladie apparait pour la première fois, ou au moins qu’elle se présente à l’état épidémique. Elle se manifeste d’abord à Québec, unique grand port maritime du Canada où tous les vaisseaux arrivant d’Europe et d’autres régions du monde faisaient escale. Les passagers et les matelots apportent la maladie. Cela explique que le choléra ait sévi durant la saison de navigation, c’est-à-dire du printemps à l’automne.
L’épidémie de choléra de 1832, la première et la plus terrible, a causé la mort de 3292 personnes à Québec. Sur ce nombre, 2208 étaient des résidents de la ville, les autres victimes étaient des membres d’équipages des bateaux et des habitants des localités avoisinantes.
On comptait environ 20 mille habitants à Québec en 1832. C’est donc un dixième de la population de Québec qui sera victime du choléra de juin à septembre de cette année-là. Mais ce n’était pas la dernière offensive du choléra. En 1834, une autre épidémie cause la mort d’environ 2 mille citoyens de la ville. D’autres épidémies de choléra s’ensuivent, la plus terrible étant celle de 1854 (3846 décès, dont 803 à Québec).
Voici un petit tableau sur les épidémies du choléra au XIXe siècle, que nous reproduisons d’après le livre «Histoire de Québec» d’Albert Jobin, publié en 1948.
Morts du choléra à Québec :
En 1832: 3292 (dont 2208 à Québec)
« 1834: 2519
« 1849: 1185
« 1851: 280
« 1852: 145
« 1854: 3846 (dont 803 à Québec)
D’après le règlement municipal, on ne pouvait pas garder les cadavres durant l’épidémie plus d’une nuit. Aussi, pour éviter la contagion, la cérémonie d’enterrement était réduite à sa plus simple expression.
À Québec, on inhumait les victimes du choléra dans les cimetières de leur paroisse. Mais les étrangers étaient enterrés au cimetière protestant de Gros-Pin, au cimetière des cholériques du Chemin Saint-Louis, appelé The Cholera Burying Ground, ou dans l’un des deux cimetières situés autour de l’Hôpital de la Marine. Le premier se trouvait en face de l’hôpital et était destiné aux protestants, le second, réservé aux catholiques, était situé derrière l’hôpital (en 1860, ce cimetière fut fermé et les corps furent transférés au cimetière du Gros-Pin, acheté par le gouvernement et remis à la direction de l’Hôpital de la Marine).
En 1890, on exhuma les corps ensevelis dans le cimetière en face de l’Hôpital de la Marine et on les transporta au cimetière Mont-Herman.
Voir aussi :
- Le choléra, les morts vivants à Montréal
- Juin au Québec, ligne du temps
- Cimetières et hôpitaux de Montréal