Louis XV – Un roi sous influences
Le long règne de Louis XV (1715 – 1774) voit s’affirmer des oppositions internes et il se termine par la fin de la présence française en Amérique et aux Indes.
Les débuts du règne
Roi en 1715, et installé aux Tuileries en 1716, Louis XV gagne Versailles en 1722. Il devient majeur en 1723, l’année de la mort du duc d’Orléans, mais il abandonne longtemps la responsabilité des affaires au Cardinal Fleury.
(Fleury (1653-1443). Aumônier de Louis XIV en 1698, André Hercule de Fleury devient précepteur de Louis XV en 1714. A la mort du Régent, en 1723, il devient ministre d’État, puis Cardinal en 1726. Il s’efforce de restaurer l’équilibre des finances publiques et de maintenir le rapprochement franco-anglais, mais engage la France dans les guerres de succession de Pologne et d’Autriche).
Fleury combat à l’intérieur de Paris, les Jansénistes et les Protestants, et mène une politique de paix à l’extérieur. Pourtant, il se laisse entraîner dans la guerre de succession de Pologne (1723 – 1738) pour soutenir le beau-père du roi Stanislas Leszczynski. Le traité de Vienne (1738) met fin au conflit et la Lorraine est léguée à la France à la mort de Stanislas.
Puis, en 1740, éclate la guerre de succession d’Autriche, qui est marquée par l’inutile victoire de Fontenoy (1745) et qui se termine en 1748 par la paix sans vainqueur d’Aix-la-Chapelle.
La mort de Fleury en 1743 amène Louis XV à s’intéresser davantage à la conduite du royaume; mais, personnalité fragile et effacée, il subit l’influence de ses nombreuses favorites, en particulier celle de la duchesse de Chateauroux et de la marquise de Pompadour, d’origine bourgeoise.
La France connaît alors une période de divisions internes causée par l’opposition du Parlement à la politique fiscale du roi qui veut faire payer les privilèges pour procurer de nouveaux revenus à l’État et à sa politique religieuse. De lus, plusieurs de ses ministres veulent éloigner Madame de Pompadour et éviter à la France de s’engager trop loin aux côtés de l’Autriche dans une nouvelle guerre européenne. Le roi est même l’objet d’une attentat sans conséquence, en 1757.
La guerre de Sept Ans (1756 – 1763)
Mais les rivalités coloniales entre la France et l’Angleterre sont telles qu’en 1755 les Anglais arraisonnent plusieurs centaines de bateaux de commerce français et s’allient en 1756 à la Prusse de Frédéric II, alors que Louis XV signe la même année avec Marie-Thérèse d’Autriche le traité de Versailles. C’est le début de la guerre de Sept Ans (1756 – 1763), qui va se dérouler sur deux fronts: en Allemagne et outre-mer.
En Allemagne, après l’invasion de la Saxe par Frédéric II, et l’alliance de la France et de l’Autriche avec la Russie et la Suède, les Prussiens sont chassés de Bohême, battus à Kloster Zevin, puis victorieux à Rossbach et Leuthen (1757). Puis en 1759, les Russes écrasent l’armée prussienne à Kunersdorf et occupent Berlin en 1760. Mais l’avènement du Tsar Pierre III amène la signature en 1762 d’une paix séparée entre la Russie et la Prusse.
La France s’enlise alors dans un conflit qui se déroule fort mal, d’autant plus que, sur le deuxième théâtre d’opérations, les troupes françaises essuient défaite sur défaite : après avoir repris Minorque envahie par les Français, la flotte anglaise coupe la France de ses colonies. Au Canada, Montcalm, qui perd la vallée du Saint-Laurent, puis Québec, est tué à la bataille des Plaines d’Abraham (1759); Montréal capitule en 1760. Aux Indes, Dupleix, gouverneur de Chandernagor, a consolidé auparavant les positions françaises auprès des princes locaux en échangeant une protection militaire contre des privilèges commerciaux accordés à la Compagnie des Indes. Il combat d’abord efficacement les Anglais, la flotte de La Bourdonnais prenant Madras en 1746; mais Dupleix est rappelé en 1754, et les troupes françaises en difficulté capitulent à Pondichéry (1762). Enfin, alors que la France tente de s’appuyer sur l’Espagne, l’Angleterre occupe la Floride et Cuba.
Il faut se résigner à traiter. Par le traité de Paris (février 1763), la France laisse à l’Angleterre le Canada, une partie de la Louisiane et des Antilles, ses possessions au Sénégal, et dédommage l’Espagne en lui cédant le reste de la Louisiane. La France garde la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Domingue, mais ne conserve aux Indes que cinq comptoirs sans défense (Pondichéry, Chandernagor, Karikal, Mahé et Yanaon). Les Anglais ont désormais les mains libres.
Une fin difficile
Après les morts successives de la marquise de Pompadour (1764), qui sera remplacée par la comtesse de Barry, du Dauphin (1765) et de la reine (1768), Louis XV, isolé doit faire face à une double opposition : celle des classes privilégiées hostiles aux réformes fiscales, et celle des jansénistes luttant contre le parti romain et alliés aux parlementaires gallicans dénonçant l’absolutisme royal.
Le roi durcit sa position, appelant Maupéou, Terray et d’Aiguillon pour imposer une remise en état des finances, et mettre au pas les Parlements (suppression de celui de Paris en 1771); parallèlement, les idées libérales en matière économique conduisent à la liberté du commerce des blés (1763-1764), à l’abolition du monopole de la Compagnie des Indes (créé par Law), et aux édits de Triage et de Clôture (1767 – 1771), favorisant la propriété agricole individuelle.
Quand il meurt, le 10 mai 1774, Louis XV n’a pas réussi à réduire l’opposition intérieure, ni à réformer en profondeur les structures économiques se heurtant à trop de privilèges et de situations acquises.
Les favorites de Louis XV
Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), fille d’un financier et épouse du Fermier général Le Normand d’Étioles, est devenue une femme du monde, habituée des salons parisiens. En 1745, elle devient la favorite du roi, qui la fait Marquise de Pompadour et l’installe officiellement à Versailles. Amie de Voltaire et des Encyclopédistes, elle contribue à introduire l’esprit bourgeois parmi la haute noblesse éclairée.
Jeanne Bécu (1743 – 1793) mène une existence légère avant d’épouser le comte Guillaume du Berry en 1768, afin d’être introduite à la Cour. D’une grande beauté et cherchant à séduire, elle devient la maîtresse de Louis XV qui fait construire pour elle le château de Louveciennes. Émigrée en 1792, elle revient en France en 1793 et est guillotinée.
L’attentat de Damiens
Le 5 février 1757, le fils d’une famille de fermiers ruinés, Robert Français Damiens, voulant rappeler au roi des devoirs envers ses sujets,, donne un coup de canif à Louis XV. Condamné comme régicide, il subit un dur supplice : la main brûlée au plomb fondu et écartelé place de Grève. Cet événement illustre le fonctionnement de l’appareil judiciaire de l’Ancien Régime, utilisant la torture, ne permettant pas la défense des accusés,, et impitoyable envers les ennemis de la couronne ou de la religion. C’est contre la torture que s’élèveront Voltaire ou Condorcet, à l’occasion des condamnations de Calas et du Chevalier de La Barre.
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