Lac Témiscamingue
Frontière naturelle entre le Québec et l’Ontario, cet imposant élargissement de la rivière des Outaouais, véritable mer intérieure à 180 m d’altitude, possède une superficie de 306 km2, une largeur maximale de 9 kilomètres et une longueur de 108 km. Délimité au nord par les rapides des Quinze et, au sud, par le chemin d’Opimica, il se trouve à 20 km et à 50 km à l’ouest du lac des Quinze et du lac Simard, tous deux sur le cours de la rivière des Outaouais. Il reçoit aussi les eaux du lac Kipawa, de la rivière à la Loutre et de nombreux autres cours d’eau. Sur sa rive est, au fond de la baie des Pères, s’élève Ville-Marie qui fut, à la fin du XIXe siècle, le centre du mouvement de colonisation de la région.
Vraisemblablement connu dès le début du XVIIe siècle – Champlain ou certains membres de son expédition se seraient rendu près de ses rives en 1613, – il devient assez rapidement une des routes empruntées par les Français pour se rendre à la baie James. Le sieur de Saint-Lusson prend possession du lac, au nom du roi de France, en 1671. La Compagnie du Nord, regroupement de marchands de Montréal intéressés au commerce des fourrures, établit en 1679, un poste de traite de sur une île, à l’embouchure de la rivière Montréal, aujourd’hui un territoire ontarien. En 1686, le chevalier de Troyes, allait déloger les Anglais de la baie d’Hudson, y fait une halte. Détruit par les Iroquois en 1688, le poste rouvre en 1720, mais sur la rive est du lac. Successivement dirigé par des commerçants, la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d’Hudson, le poste devient, au XIXe siècle, le principal centre commercial de la région.
Les autres comptoirs de la Compagnie de la Baie d’Hudson dépendent de lui jusqu’en 1888. À cette époque, le mouvement de colonisation avait débuté. Depuis 1882, les bateaux à vapeur transportaient sur le lac les nouveaux habitants du Témiscamingue ainsi que diverses marchandises.
L’industrie forestière, elle, exploitait les berges du plan d’eau, l’utilisant comme un vaste bassin de flottage.
Témiscamingue dérive de l’algonquin « timiscaming », de timi, creux, profond, kami, lac, étendue d’eau, et ing, « au », et signifie « au lac profond ».
On a également traduit ce mot par « étendue d’eau plus ou moins courante », le lac Témiscamingue étant l’élargissement d’une rivière, et par à l’endroit d’eau profonde qui s’assèche, allusion, sans doute, aux bas-fonds d’argile de la partie nord-ouest, qui se retrouvent à découvert en période d’étiage.
Ce terme amérindien apparaît relativement tôt sur les documents cartographiques. Ainsi, le père Vimont, appelle, sur la carte de 1640, Timiscime, le peuple qui vit sur le territoire environnant le lac. Louis Jolliet utilise Timiscaming, en 1679, et, l’année suivante, François de Crespieul, indique le Grand Témiscamingue sur sa carte. En 1757, dans son Mémoire sur l’état de la Nouvelle-France, Bougainville parle de « Témiscamingue, poste situé sur le bord du lac de même nom… ». C’est cette forme qui sera retenue en 1922 par la Commission de géographie. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on désignait sous le nom de Pays des Témiscamings, le territoire environnant le lac et habité par des Algonquins. C’est pourquoi les deux éléments de ce toponyme étaient très souvent reliés par la particule « des ». La carte de Jaillot, en 1685, indique Lac des Témiscaming. Celle de Franquelin, datant de 1686, fait mention du Lac des Témiscamingues. L’Ontario a préféré la variante Timiscaming pour désigner ce lac.
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