La région du lac Saint-Jean et ses environs
Sur le plan géographique, le lac Saint-Jean est l’héritier d’un golfe de la mer Champlain qui a pénétré par le Saguenay. Il occupe une dépression limitée par des failles correspondant grossièrement à son bassin-versant et est lui-même installé dans un ombilic d’origine glaciaire barré à l’aval par la barre rocheuse d’Alma. Cette évolution morphologique explique les terrasses marines et l’étendue de ses basses-terres fertiles.
Ces caractéristiques expliquent aussi la colonisation, l’aménagement des cours d’eau et le développement de l’industrie dans cette région, et, plus anciennement, celui des voies fluviales vers l’intérieur nordique du pays.
Une des nappes d’eau les plus connues du Québec, le lac Saint-Jean est situé à quelque 250 km au nord de Québec. D’une superficie excédant les 1040 km carrés, ce bassin, de forme plutôt ovale, possède une longueur de près de 49 kilomètres et une largeur de 29 kilomètres.
Ce lac récolte, entre autres, les eaux des rivières Ashuapmushuan, Mistassini, Péribonka et Métabetchouane, tout en constituant la source de la rivière Saguenay. Une bonne quinzaine de municipalités rurales et de villes, dont Alma et Roberval, se sont établies sur son pourtour depuis le début de la colonisation de la région vers le milieu du XIXe siècle.
Le navigateur Jean Fonteneau, dit Alfonse, dans « La Cosmographie » de 1544, appelle cette vaste entité hydrographique Mer du Saguenay. En 1603, Samuel de Champlain apprend de ses informateur amérindiens que le lac représente une étape pour se rendre du Saguenay à la baie d’Hudson, connue alors sous le nom de Mer du Nord.
Le jésuite Jean de Quen est le premier Européen à atteindre les rives du lac ; dans la « Relation » de 1647, ce dernier est désigné sous la dénomination de Lac Piouagamil. La tribu montagnaise des Kakouahaks ou Porcs-Épics occupait alors les environs de ce plan d’eau, baptisé Piekouagami, ce qui signifie « lac plat ou peu profond », en raison de sa profondeur relativement faible, – 63 mètres tout au plus – et du peu de relief de son rivage ; certains ont traduit ce nom amérindien par « lac dont les rives sont formées par de longues grèves » ou « lac dont les bords sont longs ». Plus tard, en 1652, le père Jean de Quen, fondateur des missions du Saguenay, ajoute : « Le lac que les Sauvages appellent Piagouagami, et que nous avons nommé le Lac de Sainct Jean ».
Sans doute, utilise-t-on le prénom Jean pour honorer son saint patron. Lieu de rassemblement et d’échanges pour les nations amérindiennes, le lac devient rapidement un endroit privilégié par les marchands et les trappeurs désireux d’acheter ou de vendre des fourrures. D’ailleurs, dès 1767, débute l’établissement de postes de traite avoisinant le plan d’eau.
Le XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle voient le peuplement de la région, et par le fait même, le développement des activités agricoles et industrielles. Le lac facilite alors le transport des colons et des marchandises d’une rive à l’autre. Des barrages sont construits afin de régulariser ses eaux (1857) et d’alimenter, principalement, l’industrie de l’aluminium en énergie hydroélectrique (1922). Il s’ensuivra quelques inondations, dont une très importante en 1926.
Depuis 1955, le lac Saint-Jean est célèbre pour sa traversée internationale. Les nageurs devaient, à l’origine, parcourir la distance séparant Péribonka de Roberval. De nos jours, le trajet suivi par les participants consiste à effectuer un aller et retour entre ces deux villes, à partir de Roberval.
Le mythe habite aussi le lac Saint-Jean. Un monstre serpentiforme, Ashuaps, y aurait été observé depuis au moins les années 1950. Souvent signalé dans la rivière Ashuapmushuan, il n’aurait pourtant fait que peu d’apparitions en public. L’écrivain Jacques Godbout fait d’ailleurs allusion à cette créature dans son roman « Isle au Dragon ». La vaste demeure d’Ashuaps est aussi celle de la ouananiche, espèce de saumon d’eau douce qui se retrouve en grande concentration dans le lac, et, en période de frai, dans la rivière Ashuapmushuan.
Une région et une circonscription électorale portent aussi le nom de Lac-Saint-Jean.
Canton de Pontbriand
Le canton de Pontbirand est localisé immédiatement au sud du lac Manouane, à 225 km au nord de Chicoutimi. La Petite rivière Manouane traverse presque en entier cet espace géographique complètement isolé des autres cantons pendant très longtemps. D’une vieille famille bretonne, monseigneur Henri-Marie Dubreil de Pontbriand (1708-1760), né à Vannes, en France, a été nommé évêque de Québec en 1741. Après la bataille des Plaines d’Abraham (1759), il s’est retiré chez les Sulpiciens à Montréal. Proclamation : 1890.
Lire aussi :