Lac-Frontière

Municipalité de Lac-Frontière dans Chaudière-Appalaches

Le Klondike de l’est

Située dans la région administrative de Chaudière-Appalaches, la municipalité de Lac-Frontière fait partie de la municipalité régionale de comté de Montmagny. Elle compte une population de 200 Frontiéroises et Frontiérois et occupe une superficie de plus de 51 kilomètres carrés.

Cette petite municipalité accueillante et calme est un endroit de repos et de détente assuré. Un fait scientifique confirmé : que ce soit pour s’y installer ou pour des vacances ; tous ceux qui passent y reviennent.

Lac-Frontière est une municipalité regroupant environ deux cent personnes, mais cette municipalité a connu des heures de gloire durant le premier quart du XXe siècle à l’époque où l’industrie forestière était à son apogée. Le village, localisé aux abords de la frontière canado-américaine, a été à l’époque, un endroit de prédilection pour les travailleurs de la forêt. La rue principale de la paroisse forestière où était située la gare fourmillait de voyageurs venus pour amasser un butin et les commerçants remplissaient leurs étagères de denrées et de produits de toutes sortes, pendant que les hôteliers s’activaient à préparer des chambres pour les travailleurs de passage.

C’est au lac Frontière, un élargissement de la Rivière-Noire que le village a emprunté son nom. Entouré par les forêts appalachiennes, ce plan d’eau est long de 2,4 sur 1,2 kilomètre de large. La décharge du lac offre une dénivellation de 4 km avant de franchir la frontière américaine. Ses eaux sont abondantes en maskinongé.  Ce lac et le village ont anciennement porté le nom de Lac-des-Anglais, puis le nom de St-Léonidas-du-Lac-de-la-Frontière qui a été transformé en Lac-Frontière.

Entre 1842 et 1849, le Lac des Anglais ou English Lake sert de siège du quartier général britannique pour délimiter la frontière canado-américaine, de là son nom.

La municipalité naît en plein cœur de la forêt appalachienne au XIXe siècle, au moment que le canton Talon a été ouvert pour l’exploitation forestière. En effet, le gouvernement de la province cède des concessions à des compagnies forestières et distribue des terrains aux colons afin qu’ils puissent défricher le sol. Les premiers chemins sont alors tracés dans le rang IX, il s’agit du chemin des Anglais, construit entre 1840 et 1850 pour relier la frontière à Saint-Paul-de-Montminy, et du chemin appelé Route de la montagne. Mais le processus de la colonisation est très lent et le premier colon ne s’y établit qu’en  1914. Il s’agit de M. Odias Roberge, originaire de Saint-Samuel-de-Frontenac.

La même année, 1914, la compagnie forestière B.C. Howard ouvre une scierie et un bureau près du lac appelé alors le Lac des Anglais. L’année suivante, le premier hôtel de Lac-Frontière est construit pour accueillir les bûcherons. La gare de la Québec Central Railway sera construite en 1916 et le village devient une tête de ligne.

L’entreprise B.C. Howard Company bénéficie d’un moyen de transport pour acheminer son bois de sciage à Sherbrooke. En 1917, cette compagnie installe un premier système d’aqueduc et d’égout et la Quebec Central Railway procure les services de télégraphe à la gare. Déjà en 1918, l’électricité est fournie par les génératrices de la scierie et acheminée dans les maisons de Lac-Frontière. Le premier poste de téléphone date de la même époque.

L’hôtellerie devient le type de commerce le plus rentable, car les gens venus dans l’espoir d’être amenés dans les chantiers américains, ont besoin d’être logée. On voit apparaitre un cinéma, une bijouterie, deux banques et des magasins généraux qui desservent les bûcherons, les draveurs, les cuisiniers de chantier, les employés des bureaux… tous ceux à la recherche d’un travail en forêt ainsi que la plupart de ceux qui reviennent de la forêt tout heureux de dépenser leur petite fortune amassée dans les chantiers.

Le chemin de fer et les chantiers forestiers ouverts aux États-Unis, tout juste de l’autre côté de la frontière, ces deux symboles de réussite économique contribuent à donner à Lac-Frontière, pendant deux décennies, la réputation d’être le Klondike de Montmagny-Sud.

La construction de l’église en 1919 amène la reconnaissance canonique de la paroisse de Saint-Léonidas-de-Lac-Frontière.

En 1921, la mission de Saint-Léonidas est fondée dont l’ouverture des registres se fait dans la même année. En 1924, la municipalité de canton de Talon-Partie-Sud-Est change de nom en Lac-Frontière et le 9 juin 1924, la paroisse Saint-Léonidas-de-Lac-Frontière est érigée canoniquement.

Les années de prospérité atteignent leur apogée vers 1926 alors que l’entrepreneur forestier Édouard Lacroix construit dans le village un « office » pour les chantiers localisés près de Greenville et de Jackman, dans le Maine. Il y fait également construire un chemin de fer pour transporter le bois coupé. En tout, Lacroix engage plus de 6500 hommes pour son entreprise géante. Un flot de « jobbers » se présente à Lac-Frontière pour aller travailler sur les coupes. Les hommes embauchés proviennent surtout de la Beauce et de Montmagny-Sud. La grande masse est formée de ruraux qui, voyant leur existence d’agriculteur incertaine, sont prêts à travailler fort pour avoir de l’argent sonnant.

L’incendie de 1922 rase une bonne partie de la rue de la Gare (aujourd’hui la Route 204). En 1928, on décide alors de construire un poste de pompiers qui sert aussi de prison et, plus tard, de salle municipale. Aujourd’hui, ce bâtiment patrimonial est toujours conservé dans sa forme d’il y a 60 ans et que la cellule de la prison y est toujours présente.

Vers la fin des années 1920, la population de Lac-Frontière est plutôt flottante, c’est-à-dire des gens y demeurant pour travailler mais ils ne sont pas des résidants. Au total, on y compte environ 1800 habitants. Dans ces années de prospérité, le train passait par la municipalité trois fois par jour et avec les spéciaux, on s’est même rendu à six en une journée !

En 1938, le magasin général de Lac-Frontière compte à lui seul 18 employés. Pas moins de quatre hôtels desservent les nouveaux venus jusqu’en 1965, où la plupart brûle. Une bijouterie, un théâtre présentant des films, une boulangerie, une société coopérative de beurrerie, une boucherie, barbier, deux banques, un poste de police municipale.

Malheureusement, en 1938, le magasin général, fut détruit lui aussi par les flammes. En 1965, un autre incendie vint détruire la même partie du village qui avait été incendiée en 1922. Le magasin général Bossé, l’hôtel de Mme Alyre Lapierre (cette dernière périt dans l’incendie), la maison de madame Breton, l’hôtel de Jean-Paul Lajoie et l’entrepôt de la gare y passèrent.

C’est le 8 août 1953 que les rues sont éclairées et, le 13 décembre 1974, les anciennes lumières sont remplacées par l’éclairage au mercure.

Le déclin de Lac-Frontière s’amorce avec les destructions causées par le feu. Une grande partie de la paroisse brûle en juillet 1922. Une dizaine de maisons ont été détruites, dont la bijouterie, la maison de E.N. Bossé, le cine-théâtre, où l’incendie aurait débuté, la propriété de J.W. Lessard & Frères, la maison de Thomas Gagné où était situé la Banque Nationale et l’hôtel P.E. Veilleux.

Une partie des berges du lac Frontière est occupée par un terrain de camping municipal et une autre partie appartient à un hôtelier qui accueille les pêcheurs et des chasseurs, de même que VTT et Ski doo, en saison. Le camping municipal Lac-Frontière est situé au 282, route 204, G0R 1T0. Ce camping est un lieu privilégié pour la détente. Les amateurs de pêche seront comblés par les nombreux attraits et services offerts sur le site et à proximité.

Dans la municipalité, on retrouve le Rang de La Société, le Rang de la Prusse, les Rues Principales, du Lac Sud, du Lac Nord, de l’Église, du Cimetière et des Douanes, le 9e Rang et la Route du Lac.

À noter que Lac-Frontière constitue la fin du parcours de canot camping, le kilomètre 32 de 32. De plus, le camping est une halte pour les promeneurs en ponton en provenance de la rivière Noire Nord-Ouest. Il y est possible de réserver un refuge en bois rond, aménagé sur les vestiges de l’ancien moulin à scie de la B.C. Howard.

Municipalité de Lac-Frontière

Au milieu du XIXe siècle, la nécessité de délimiter la frontière entre le Québec et les États-Unis (Maine) a donné naissance à ce village. En effet, il a été le situe du quartier général britannique responsable, pour le compte de la Grande-Bretagne, du tracé de la frontière canado-étatsunienne entre les bassins versants des fleuves Saint-Laurent et Saint-Jean, de 1842 à 1849. Par suite du traité d’Ashburton ou de Washington (1842), les États-Unis, représentés par le secrétaire d’État Daniel Webster (1782-1852) et l’Angleterre, par Alexander Baring, lord Ashburton (1774-1848), réussirent à procéder à la démarcation finale de la frontière en 1847. Or, le lac des Anglais, sur les bords duquel une municipalité devait être érigée ultérieurement, à 45 km au sud-est de Montmagny, a par la suite été identifié sous l’appellation de Lac de la Frontière, puis de Lac Frontière, probablement sous l’influence de la syntaxe anglaise.

Cependant, à l’origine, il était connu sous la dénomination anglaise d’English Lake, ainsi nommé populairement par les gens de Bellechasse et de Montmagny parce que l’on y retrouvait de nombreux anglophones. Avant d’être baptisé Lac-Frontière en 1931, nom que portait déjà un bureau de poste en 1912, et forme souche du gentilé Frontiérois, la localité avait porté, à compter de 1916, le nom de municipalité du canton de Talon-Partie-Sud-Est en raison de sa position géographique dans les limites du canton qui porte le nom de Jean Talon (1626-1694), intendant de la Nouvelle-France de 1665 à 1668, puis de 1670 à 1672. L’agglomération s’est d’abord formée autour de la station de chemin de fer du Québec Central (1915), baptisée Lac-Frontière, laquelle constituait le terme d’un embranchement du circuit principal Québec-Lévis-Sherbrooke via Vallée-Jonction et Saint-Georges, situé à environ 10 km de Sainte-Lucie-de-Beauregard.

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Camping municipale de Lac-Frontière. Source de la photo : Lac-Frontière.

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