La Grande Paix de Montréal

La Grande Paix de Montréal et les travaux entre 1700-1725

Grande Paix de Montréal : Sessions de paix. — Le comte de Frontenac mourut à Québec le 28 novembre 1698. On le remplaça par le chevalier de Callières au mois d’avril suivant. Le roi nomma au gouvernement de Montréal Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil, troisième successeur de M. de Maisonneuve (28 mai 1699). (Le même jour, le sieur de Califet était nommé lieutenant de roi. Aussi le sieur de La Vallière, major de la garnison. Archives de la Marine : Série B, vol. 20, folio 2271/2 et 2281/2).

Ère de paix, hommes nouveaux: le siècle commence un tournant de l’histoire. Le traité de Ryswick avait mis fin aux hostilités anglo-françaises en Amérique. Mais les nations sauvages ne se croyaient pas liées par la convention européenne, faite sans leur participation. Chacune gardait ses préférences d’amitiés, sa liberté d’action, le choix de ses alliances futures.

M. de Callières crut l’occasion opportune de les rapprocher des intérêts français sur tout le continent nord-américain. Dans ce but, il projeta d’en réunir le plus grand nombre possible par un traité de paix universel. Il confia à MM. de Maricourt et de Joncaire et au père Bruyas la mission de voir les principaux chefs des grandes tribus et de les amener à envoyer des délégués à Montréal pour prendre part aux grandes assises de la paix.

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Les démarches des envoyés français eurent tout le succès qu’on en attendait. De mars à novembre 1699, des ambassadeurs iroquois, outaouais, kikapous, pouatamis et autres vinrent tour à tour à Montréal rencontrer le gouverneur. M. de Callières leur fit à tous bon accueil. Après échange de « paroles » avec eux, il leur demanda de revenir au printemps, alors qu’il aurait « présents les chefs alliés pour conclure la paix tous ensemble. » Au mois de mars suivant, des envoyés iroquois viennent dire au gouverneur que leurs gens sont encore à la chasse et « qu’ils ne pourront descendre parler de la paix qu’au temps des fraises. »

Au mois de juillet les ambassadeurs se réunissent à Montréal, ayant pleins pouvoirs de leurs nations respectives pour discuter des accords définitifs et engager par leurs signatures l’honneur de leurs races. Parmi les diplomates indiens se trouvaient dix-neuf délégués des nations iroquoises.

La Grande Paix de Montréal

Enfin le 8 septembre 1700, au milieu d’un camp militaire de grand apparat, le gouverneur général, les hauts officiers civils et personnages ecclésiastiques de Montréal, les ambassadeurs sauvages, en costumes officiels, sont réunis sur la place publique. Les signatures françaises se mêlent aux signes symboliques des tribus sur le parchemin, qui doit mettre fin pour toujours à l’affreuse guerre iroquoise de soixante ans, et dont Ville-Marie avait tant souffert depuis sa fondation.

La « Grande paix de Montréal » est unique dans l’histoire de la ville de Montréal. C’est peut-être aussi le seul traité qui n’ait jamais été violé par les parties contractantes. ( (Seuls les Renards, 25 ans plus tard, inquiétèrent les établissements français en dehors du Canada).

Ce document historique porte les signatures de MM. de Callières, de Champigny, de Vaudreuil, de Ramezay, Dollier de Casson, de La Colombière, de Maricourt, de Joncaire, des pères Guillaume, gardien des Récollets, Cholence, supérieur des Jésuites, Jean Anjalran, missionnaire, et Vachon de Belmont, sulpicien. Du côté des sauvages, cinq chefs des Iroquois, et huit ambassadeurs des Hurons, des Outaouais, des Abénaquis, des Kikapous, des indigènes chrétiens du Saut-St-Louis et de la mission de la montagne apposèrent sur le document les signes distinctifs de leurs nations. (Archives de la Marine: «Collection Moreau St-Méry», vol. 6, folio 186.)

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L’année suivante (29 juillet 1701), une autre grande assemblée s’ouvrait à Montréal. Une vingtaine de tribus de l’Ouest avaient envoyé des ambassadeurs pour ratifier le traité du 8 septembre précédent. L’un des articles de la convention stipulait la libération de part et d’autre des prisonniers de guerre. Quatre des cinq nations iroquoises avaient déjà rendu à la liberté les captifs français. Elles durent promettre de libérer également tous leurs prisonniers des autres tribus.

Au cours de l’imposante réunion des délégués, la discussion sur ce point devint violente et menaçait de tourner à la chicane, quand le grand chef huron, Gaspard Soiaga Kondiaronk, surnommé le « Rat », se fit porter, malade, au milieu de l’assemblée. (En 1778, William Pitt lui aussi se faisait porter au parlement de Westminster, pour dénoncer l’indépendance américaine; mais un sauvage du Canada avait avant lui accompli ce geste en faveur de la liberté). Il réussit à convaincre ses congénères de cesser enfin leurs luttes présidées par l’évêque de Québec, en présence du gouverneur général et de sa suite.

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Jusqu’ici les Agniers, les plus farouches ennemis des Français, s’étaient abstenus de toute participation aux conférences de la paix. L’adhésion de tous les autres amena enfin la leur. Ils envoyèrent (2 juillet 1702) trois chefs auprès de M. de Callières, expliquer leur tardif acquiescement au pacte général des Indiens du Canada. On apprit d’eux — on s’en doutait déjà — qu’ils n’étaient pas descendus avec les autres nations, parce qu’ils en avaient été empêchés par le gouverneur d’Orange. Cette fois, ils étaient venus sans lui en parler. Les Agniers mirent le dernier paraphe au grand traité de Montréal. (Archives de la Marine: «Collection Moreau St-Méry», vol. 6, folio 308. fratricides entre les diverses races et de faire tous la paix avec les Français. Rentré à l’hôpital, il mourut la nuit suivante. On l’a inhumé le 2 août dans la crypte de l’église Notre-Dame, après des funérailles imposantes.

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C’était la fin de soixante années d’alarmes, d’angoisses et d’horribles massacres. On n’exagère peut-être pas de dire que le dixième au moins de la population de Ville-Marie avait versé son sang pour la défense de la Nouvelle-France. En amenant les sauvages à signer la paix universelle, M. de Callières eut le mérite de réussir une grande entreprise, où tant d’autres avant lui avaient échoué, nous devrions plutôt dire que tant d’autres avaient rendue possible par le sacrifice de leur vie.

Le traité de Montréal, n’est-ce pas la reconnaissance tardive de la victoire du Long-Sault ?

Ce fut le dernier acte important du gouverneur Hector, chevalier de Callières. La mort l’enleva au Canada le 26 mai 1703. Les quatre années de son active administration firent regretter cet habile artisan de la victoire pacifique. Le temps et les circonstances avaient sans doute favorisé son œuvre. Mais il avait saisi à point l’occasion opportune de gagner pour toujours l’ennemi séculaire à l’amitié française. (Les Iroquois restèrent toujours fidèles à la France. « Les Iroquois sont les plus cruels en temps de guerre. Cependant les plus humains, les plus hospitaliers et les plus sociables en temps de paix. Ils ont de l’esprit dans leurs conseils et leur conduite approche beaucoup de celle des républiques de l’Europe.» — Archives de la Marine: « Collection Moreau St-Méry », Mémoires, folio 1).

Voir aussi :

Le peintre anglais White a pris pour sujets cette squaw et son enfant et ce guerrier indien. Bon observateur, White ne fut pas un grand peintre ; les Indiens ont plutôt l’air d’Anglais musclés, portant arc en flèche.
Le peintre anglais White a pris pour sujets cette squaw et son enfant et ce guerrier indien. Bon observateur, White ne fut pas un grand peintre ; les Indiens ont plutôt l’air d’Anglais musclés, portant arc en flèche.

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