La crise va vers la fin?

La débâcle est-elle enfin terminée?

(Texte publié dans Le Petit journal, l’édition du 20 avril 1930).

La position technique de la Bourse de New-York a été tellement affaiblie, qu’une régression violente est à craindre d’un moment à l’autre.

Le marché a été tour à tour actif ou inerte, sous le coup d’un enthousiasme spéculatif suivi de périodes de dépression et de prises de profit. Il ne faudrait pas croire trop facilement que les stocks s’acheminent vers les hauts niveaux de juillet dernier, sous prétexte que la facilité d’obtenir de l’argent a rendu la spéculation aisée récemment.

Les prises de profit et un nombre considérable de ventes à découvert ont cependant été facilement absorbées jusqu’à ce jour en ce qui concerne les stocks en vedette. C’est là un signe indéniable d’une assez grande solidité du marché.

Il est probable qu’une dégringolade à New-York ne ferait qu’un tort momentané aux stocks canadiens.

Mais que fera le marché de New-York dans un avenir prochain? La prédiction plutôt pessimiste des experts se réalisera-t-elle?

En fait, la prédiction des experts s’est réalisée, du moins, en partie. On peut dire que pour certaines valeurs, la régression prit la vitesse d’une dégringolade. Si l’ont peut se fier aux traditions du marché, nous sommes destinés à voir des reprises suivies de régressions pendant un certain temps encore. Il y a certainement encore de grosses ventes qui surplombent le marché, car de nombreux appels de marge ont été envoyés ou le seront prochainement, et dont une bonne partie resteront sans réponse, d’où les liquidations de comptes mal protégés.

Heureusement, le marché actuel semble avant tout être entre les mains des professionnels, ce qui restreindra énormément une chute exagérée. Du reste, s’il est vrai que la débâcle de la semaine dernière est due à la constatation faite par Wall Street que les affaires vont mal, la Bourse devrait bientôt reprendre son équilibre, puisque l’industrie semble avoir terminée sa crise la plus difficile, d’après les statistiques de Washington, qui sont les plus complètes qui existent.

Il paraît que certaines grosses banques américaines ont retiré les fonds qu’elles avaient placés dans le marché. Cela est possible à cause du prochain emprunt des réparations. Un marché à la baisse attirera l’attention du public vers les obligations, ce qui rendra plus facile le lancement d’un gros emprunt pour l’Europe. Si cette rumeur est vraie, on peut se demander si le calcul de ces banques a été juste? Car le meilleur remède pour une vie économique affaiblie n’est-il pas un marché prospère? A-on-déjà vu un pays relever son commerce lorsque la Bourse était faible?

Malgré son apparence insignifiante en comparaison du crach de novembre, il ne faut as oublier que les spéculateurs ont perdu la semaine dernière dix milliards de dollars et que des milliers de comptes ont disparu des livres des courtiers en deux heures.

Comme c’était surtout un marché de professionnels, on peut voir plusieurs millionnaires d’il y a un mois sans un sous aujourd’hui.

Vingt-deux des plus gros stocks de Wall Street, ayant un capital-actions total de 220,800,000 de parts, ont perdu samedi dernier plus de cinq milliards de dollars. Ceci représente le quart des actions! Si l’on calcule que les titres privilégiés n’ont pas baissé énormément, on se rend compte que la perte sur les actions ordinaires a été beaucoup plus grande en proportion.

Décidément, le marché est encore malade et a besoin d’être soigné. La vérité, c’est qu’il n’est pas encore remis de son attaque de novembre dernier. La débâcle de la semaine dernière ne fut qu’une rechute. Il est probable que l’alerte récente n’aura pas d’autres suites fâcheuses, mais nous aurons incontestablement un marché très irrégulier d’ici à plusieurs semaines. Les ventes et les attaques des baissiers ne sont probablement pas terminées.

L’on s’attend à une nouvelle régression en ce qui concerne l’indice des prix du mois de mars. La compilation des prix pour le mois d’avril révèle un niveau aussi bas qu’en 1916. Les aciéries et les grandes compagnies métallurgiques sont satisfaites des nouvelles mesures tarifaires. Les opérations des compagnies américaines ont augmenté considérablement, mais les experts n’y voient pas une grande signification. L’exportation du grain est active. La semaine du 25 avril à été la meilleure depuis le début de 1930.

Malgré beaucoup de prédictions optimistes, la condition du chômage ne s’améliore pas beaucoup. La Colombie anglaise seule à indiqué un progrès durant le mois d’avril. La construction des routes est très active aux États- Unis. Nous ne tarderons pas à suivre cet exemple.

Les chargements ferroviaires sont maintenant 16.6 p.c. inférieurs à la moyenne de 1929 pour la même période. Le niveau de ces chargements aux États-Unis est de 11.3 p.c. moindre que l’année dernière.

Le premier rapport de C.N.R, concernant les récoltes est très optimiste.

La Bourse est instable. It n’y a pas eu de régression violente depuis la semaine dernière, mais on n’a pas remarqué beaucoup de progrès non plus. Certains financiers américains trouvent que cette dégringolade de samedi dernier était justifiée, car le marché, qui manifestait une tendance à la hausse trop brusque était “malsain”.

Les débits bancaires ont décliné de 22.3 p.c. au mois de mars. Les emprunts commerciaux semblent stabilisés, après un déclin rapide.

En résumé, la réaction générale, lorsque les nouvelles du budget sont parvenues au public, a été très favorable, malgré des changements importants. Quant à la Finance, les économistes de Wall Street sont satisfaits de la dégringolade récente de la Bourse. Il y a peu d’encouragement pouvant indiquer une reprise favorable des affaires.

Potins de Bourse

Canadian Canners

Le rapport de cette compagnie, qui couvre quatorze mois d’opérations, vient de paraître et révèle des progrès énormes dans les profits aussi bien que dans la position liquide de l’entreprise. L’amélioration a été considérable dans toutes les secteurs du bilan. C’est un résultat remarquable, si l’on considérée que cette période a été considérée comme difficile pour l’industrie canadienne. Les profits de Canadian Canners, pour ces quatorze mois se terminant en février dernier, furent de $1.909.633. en comparaison de $1.501.230 pour l’année précédente. L’on s’attend à ce que la compagnie augmente son dividende, comme se elle l’a déjà fait au début de chaque année. Elle peut placer son dividende sur le 2ième privilégié à 90 sous par action et sur les titres ordinaires à 75 sous, mais certains actionnaires espèrent voir les deux dividendes sur la même base de $1. Ce nouveau dividende sera payé le premier juillet prochain.

Pétroles de Wainwright

Les terrains pétrolifères n’ont pas encore donné les résultats qu’on en attendait. Opinions des experts sont très partagées à ce sujet. Peut-être l’été prochain nous apportera-t-il des preuves de l’excellence de ces terrains comme producteurs de pétrole. En attendant, l’achat d’actions des compagnies engagées dans ce district est une spéculation pure et simple. Vous ne pouvez certainement pas considérer cela comme placement dans le moment.

Canadian Industriel Alcool

Il est évident que la valeur de cette compagnie est bien supérieure à ce qu’indique la cote des actions à la Bourse. Cependant, je ne suis pas d’avis que vous deviez acheter de nouveaux titres sous prétexte de vous faire une moyenne. Le procès qui se poursuit, à propos de la succession de Sir Mortimer Davis est loin d’aider, la compagnie, et ce procès peut très bien durer encore plusieurs mots. D’autre part, il paraît que jusqu’à date, 1a somme nécessaire pour payer les dividendes n’a pas encore été gagnée cette année. Vous ferez bien d’attendre que ce procès soit terminé avent de vous risquer à acheter d’autres actions. Il sera possible alors de voir plus clairement dans les affaires de le compagnie.

Famous Players

Les directeurs de Famous Players ont accepté l’échange des actions de leur compagnie pour celle de La Paramount Lasky Corporation sur la base proposée. I serait sage, à mon avis, de suivre l’avis des directeurs, ne serait-ce que pour la bonne raison qu’ils sont les plus forts et qu’ils ne seront peut-être pas très disposés plus tard à avantager les quelques détenteurs d’actions Famous Players qui seront restés réfractaires. II est à remarquer aussi que le dividende de Paramount est plus élevé que celui de Famous Players. La compagnie Paramount est aussi destinée à prendre de l’expansion. La lutte acharnée de compétition que les directeurs de Famous Players entrevoient semble leur faire cour vers leur entreprise.

International Petroleum

Votre courtier se trompe certainement et son erreur est étonnante pour un homme qui prétend connaître son métier. Le dernier dividende d’International Petroleum fut payé le 15 mars, aux actionnaires inscrits le le premier mars. Si vous n’avez vendu vos actions que le 11 mers, vous avez incontestablement droit à votre dividende. Une compagnie qui paye un dividende ne s’occupe pas le moins du monde de la longueur de la période dans laquelle vous ave été actionnaire. Elle se contente de payer son dividende aux actionnaires inscrits sur ses livres à la date spécifiée pour « l’ex dividende ». Vous devez donc réclamer immédiatement le dividende à votre courtier.

Home Oil

Home Oil est une des plus grosses entreprises de pétrole de l’Alberta. Ses directeurs sont des experts et ses terrains ont une grande valeur. Comme on peut le voir par les dividendes que la compagnie à payés l’an passé, le rendement de ses actions est élevé et comme la production de ses puits augmente, ses dividendes seront maintenant certainement et même augmentés.

McColl-Frontenac

Je crois que les possibilités d’avenir de McColl-Frontenac sont grandes et que vous feriez un bon achat dans moment. Cette entreprise a fait des progrès rapides et sa clientèle augmente continuellement. L’avenir immédiat de l’entreprise est plus indécis, à cause d’une dépression générale dans les affaires et d’une lutte acharnée qui serait fort possible entre les grosses compagnies de pétrole dans le cours de l’été prochain. Vous devriez considérer McColl-Frontenac surtout comme placement à longue haleine.

Voir aussi :

Banque
L’horloge de la banque. Photo de Histoire-du-Québec.ca.

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